Toute la poussière du chemin
de Wander Antunes (Scénario), Jaime Martín (Dessin)

critiqué par Shelton, le 24 janvier 2011
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un grand livre !!!
Ouvrir une bande dessinée de Jaime Martin c’est accepter de partir pour l’inconnu, d’être bouleversé, d’être déstabilisé et de revenir différent. Cela a été le cas avec « Ce que le vent apporte » et c’est de nouveau vrai avec « Toute la poussière du chemin » !

Tout d’abord, le sujet proposé par le scénariste brésilien Wander Antunes est d’actualité. Nous sommes en pleine crise économique, celle de 1929, aux Etats-Unis, au moment où ils sont des milliers à chercher du boulot, y compris en prenant la route, en quittant chez eux, en abandonnant tout pour tenter leur chance ailleurs.

On est donc alors plongé dans un monde cruel et violent. Personne ne se fait de cadeau, ceux qui possèdent, même peu, font tout pour le garder ; ceux qui n’ont rien, prennent des risques énormes pour conquérir le minimum vital. Jeunes, vieux, hommes et femmes… tous veulent survivre ! Même les enfants sont en quête des miettes qui pourraient les nourrir !

C’est là que nous faisons la connaissance d’un homme, Tom, notre héros en quelque sorte. Il est sur la route après avoir tout perdu. Il croise un enfant. Il n’en veut surtout pas mais n’a pas le courage de le garder à ses côtés. Il croise un père, mourant, plus tard, qui aurait voulu avoir son fils à ses côtés. Est-ce le même garçon ? Probablement ! Il part à sa recherche…

Pour Tom, c’est la quête du sens d’une vie. Ce qu’il trouvera au bout du chemin, c’est lui, c’est son avenir. Il s’ouvre de nouvelles espérances : « Je sais que je ne suis plus seul, Et que c’est bon de ne plus être seul. »

Il y a aussi dans cette histoire une force apportée par le dessinateur. Ce ne sont pas que des mots, des situations, des circonstances et des repères puisés dans Jack London, auteur très présent à travers une passion littéraire d’enfant. Il y a l’intensité du dessin, des visages, des corps, la violence de certaines scènes, les injustices trahies par un regard… Oui, cette bande dessinée illustre parfaitement la bonne complémentarité entre texte et dessin.

C’est aussi le moment de redire le bien que je pense, en tant que lecteur, de la collection Aire Libre. Tout d’abord, il s’agit de récits en un ou deux albums et donc jamais de processus long et interminable. Ici, les histoires sont à découvrir vite et en peu de volumes. Deuxièmement, les auteurs sont triés sur le volet et chaque parution est de qualité, dans le texte, dans le dessin, dans la finition de l’objet livre… Que du bonheur ! Il s’agit de ces espaces de qualité que la bande dessinée a fini par s’offrir : Aire libre, Signé, Mirage, Ecriture… sans vouloir être exhaustif !

Osez ouvrir cet album, cette histoire, ce témoignage profondément humain, signé Jaime Martin pour le dessin et Wander Antunes pour le scénario et vous devriez conquérir un profond bonheur de lecteur… Bonne chance !
Une demi-réussite 5 étoiles

Cette BD évoque incontestablement l’univers de Steinbeck. Dans la droite ligne de romans comme «Les Raisins de la colère » ou « Des Souris et des hommes », les auteurs nous plongent dans la période suivant le krach boursier de 1929 qui avait précipité des millions d’Américains dans la misère. L’histoire fait ressortir de façon saisissante toute la violence contenue dans les gênes de ce pays où il n’a jamais fait bon être pauvre, a fortiori en temps de crise. On y voit comment les hommes qui cherchaient par tous les moyens à survivre étaient harcelés par les institutions d’un pouvoir fascisant (police et chemins de fer notamment) et traités comme des animaux.

Du reste, je suis plus mitigé vis-à vis d’un scénario que je trouve assez ennuyeux. Si la mission du personnage principal, Tom, consistant à partir à la recherche d’un enfant à l’aide d’une photo peut constituer un bon pitch, le résultat n’est pas à la hauteur. J’ai trouvé que le récit manquait de relief, et certaines scènes m’ont paru peu vraisemblables (notamment celle de l’assaut final par les flics de la cabane où est réfugié le braqueur). Je n’ai pas été touché non plus par les personnages, assez peu nuancés. Il faut dire que le style graphique n’arrange rien : le trait est assez grossier, pas très agréable à regarder, la couleur insipide et le découpage digne d’un amateur, parfois même complètement raté (l’accident p.14).

Si je peux reconnaître la sincérité dans la démarche, je n’ai pas vraiment été emballé par cette histoire qui pour moi frise l’improvisation dans la forme. Cela n’en est que plus dommage, car le sujet mérite qu’on s’y attarde étant donné la résonance particulière qu’il trouve dans notre époque.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 29 mars 2013


Notre futur ? 9 étoiles

Le décor de cette BD est d’une grande rudesse. L’extrême pauvreté est omniprésente et s’exprime de manière crue dans les visages squelettiques troublants des personnages. Le climat est marqué par la méfiance et la violence. L’histoire est dure, avec des accents d’innocence bafouée. Mais malgré cette imagerie sombre, le fond demeure humaniste.

J’ai beaucoup aimé cette incursion dans une période de déchéance sociale – peut-être exagérée – mais néanmoins valable. Qui sait si cela ne se reproduira pas ?

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 janvier 2013


Pas un monument de subtilité 3 étoiles

« Écoutez, je ne sais ce dont cette crise vous a délesté... votre argent peut-être... votre amour-propre... mais je suis sûr d’une chose : elle ne vous a pas ôté un gramme d’humanité ! »

Je vais faire tâche avec ma critique. Si j’ai trouvé que cette bande dessinée a été un moment de lecture passable, ça ne m’a pas touché.

Le sud des Etats-Unis dans les années 30. La Grande Dépression. 1/4 de la population au chômage. On suit un anti-héro (de façade seulement) au grand coeur dans un monde cruel.

Conte humaniste, les personnages étaient trop gros, trop clichés pour toucher une corde sensible. Pour moi, ça prend vraiment plus qu’un contexte social. On a de la cruauté, de la violence, de l’espoir et du désespoir, sans vraiment travailler la matière. Pas vraiment du Steinbeck. Ce n’est pas la pire bande dessinée que j’ai lue, mais je n’ai pas entré dedans du tout.

Nance - - - ans - 20 décembre 2012


Un moment de lecture qui ne s'oublie pas 9 étoiles

1929, aux Etats Unis, des milliers de personnes se retrouvent sans travail, sans maison, sur la route à la recherche d'une solution.
Notre héros Tom va croiser un enfant qu'il repousse d'abord puis après avoir fait la connaissance de son père mourant, le recherche.
Cet homme est-il si froid et si détaché?
Bonnes descriptions d'un pays où règne la violence, le racisme et le désespoir, tant à travers le scénario qu'à travers les dessins.
Il est impossible de fermer ce livre sans se sentir "changé" soi même.
Un super moment de lecture!

Koudoux - SART - 60 ans - 16 décembre 2012


Un petit bijou 9 étoiles

"Ces messieurs de Wall Street ont fait du bon boulot. Tout le pays est à genoux. Jusqu'à cette banque qui a pris mes terres et fait faillite." Ce constat amer résume la condition de milliers d'américains suite à la crise de 1929.

Tom est sur les routes, il marche, il fuit, il doit trouver du travail. Il ne veut s'attacher à personne et pourtant il est régulièrement sollicité par des adultes et des enfants qui demandant son aide. Mais il continue son chemin, seul. Par humanité, il se doit de retrouver un enfant qu'un père voudrait voir avant de mourir.

Chômage, errance, racisme, suicide, violence sont le quotidien des ces américains du Sud. Enfants, femmes, hommes, jeunes, vieillards, tous luttent pour survivre dans un pays où l'injustice et la corruption règnent.

Une bande dessinée excellente, un scénario correctement mené malgré certaines facilités ( quelques coïncidences un peu étranges ), des personnages marqués et un contexte social peint avec justesse.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 7 juillet 2012