Ellis group, Tome 1 : Deep O'Neil
de Sébastien Latour (Scénario), Griffo (Dessin)

critiqué par Shelton, le 23 janvier 2011
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Solide, passionnant et agréable à lire !
Sébastien Latour est un jeune scénariste que beaucoup d’amateurs de bandes dessinées n’ont pas encore repéré, découvert, suivi. Pourtant, cet ancien professeur d’anglais nous propose des histoires assez étonnantes basées sur un fantastique moderne, urbain et gorgé d’humanisme. « Le fantastique ne fait plus rêver » diront certains, pourtant, loin de la fantaisie moyenâgeuse, il existe bien des univers où rien ne semble se conformer aux lois habituelles de la physique et de la biologie, un monde fantastique qui nous fait regarder le nôtre avec esprit critique, avec envie de le changer, de ne pas s’enfermer dans les pièges cruels et sanguinaires de la vie, de ne pas se faire abuser par nos rêves et cauchemars… D’ailleurs, les rêves existent-ils, sont-ils un aspect de la vie, influencent-ils nos vies ? C’est là une piste qu’a voulu explorer Sébastien Latour dans la série Ellis group, série dessinée par Griffo.

Griffo est un dessinateur belge de bandes dessinées que j’admire depuis longtemps, plus exactement depuis que j’ai lu, que dis-je, dévoré, Monsieur Noir, une histoire en deux tomes signée avec Dufaux. Il s’agissait là d’une fantaisie humaine et architecturale, un conte qui reste dans la mémoire des lecteurs comme un havre de paix fantastique. Même impression pour ceux qui lurent un peu plus tard « Petit miracle », histoire de l’homme qui naquît avec la tête détachée du corps comme était mort son père le Chevalier de la Barre, sauvagement exécuté… Griffo est ensuite entré dans des histoires plus contemporaines… En 2006, il commence cette série Ellis group, chef d’œuvre de ce que certains commencent à nommer l’Urban Fantasy… Le fantastique qui s’installe en ville et quand il s’agit d’une des plus grandes villes du monde, ça ne peut que surprendre le lecteur et lui donner satisfaction…

La ville de New York est secouée profondément par la matérialisation de ses rêves et cauchemars. L’homme ne peut plus vivre en paix, encore moins dormir puisque tous les esprits qui hantent ses nuits peuvent se matérialiser instantanément. La police est démunie, il ne reste plus qu’une seule solution, faire confiance au groupe dirigée par une certaine Lady Crown. Il s’agit du fameux Ellis group, installé sur l’Ellis island. Cette unité sans existence légale est constituée d’agents spéciaux ayant chacun des qualités spécifiques et prêts à tout pour offrir un peu de paix et sérénité aux habitants de la ville.

D’ailleurs, il se pourrait bien que certains des membres d’Ellis ne soit pas des humains comme les autres, une sorte d’émanation de rêves ou cauchemars d’autres membres, d’autres agents ou d’autres êtres nuisibles de la ville… Comment s’y retrouver ?

Ce premier tome nous fait rencontrer Deep O’Neil, un agent de la police de New York mais qui est déjà mort depuis longtemps. Son père était membre d’Ellis group, mais il est, lui aussi décédé en service. Pourtant, il vit encore dans le coma et c’est peut-être bien son cerveau qui a engendré le prolongement en vie de son fils… Pourquoi ? Ellis group peut-il faire confiance à cet ersatz d’agent ? Dans quelles conditions ?

Cette aventure est passionnante et ceux qui aiment le fantastique vont être servis et ne devraient avoir plus qu’une seule envie, celle de lire le tome 2, puis les suivants… Les autres risquent d’être un peu déstabilisés au départ, mais je vous conseille de persister car franchement cette série ne mérite pas d’être enfermée dans des noms, dans des clichés, dans un genre littéraire… C’est tout simplement une histoire humaine avec de nombreuses questions existentielles… Oui, la bande dessinée est une œuvre littéraire comme les autres, il faudra vous y faire !