Le Aye-aye et moi
de Gerald Durrell

critiqué par Nymphette, le 14 janvier 2011
(Paris - 43 ans)


La note:  étoiles
Exotisme et écologie
Madagascar est une île peu connue. La biodiversité y est très riche, considérée comme unique dans le monde. Pourtant, l'île est étouffée par son histoire et les investisseurs qui exploitent ses ressources exceptionnelles. Sa nature se voit dégradée à grande vitesse.

L'auteur de ce récit de voyage était un chercheur passionné par les espèces en voie de disparition, notamment celles qui n'ont rien de mignon ou d'attirant. Il a ainsi inclus serpents et autres reptiles, pigeons mauriciens quelconques et drôles de bestioles aux pattes crochues dans un programme de réhabilitation situé dans une île de Jersey. Il nous relate ici ses séjours à Madagascar pendant lesquels il a recherché des spécimens d'espèces en danger pour les ramener à Jersey, dont le fameux Aye aye, un lémurien agile particulièrement rare.

Ce récit est un vrai passeport pour les tropiques, pas au sens éculé du terme mais il vous conduira dans les forêts humides, dans les déserts à baobab et le long du canal des Pangalanes. Ce sera aussi l'occasion de découvrir quelques caractéristiques de ce peuple généreux mais aussi très fier. Et bien sûr, vous pourrez apprendre beaucoup sur les spécificités de la nature malgache et les dangers qui la guettent.

Avec une grande intelligence et beaucoup d'humour, DURRELL lance un magnifique plaidoyer pour la préservation de la nature sans jamais mépriser les populations qui en vivent!


Un extrait:
« Ici, sous les innombrables parasols blancs qui, de loin, font ressembler le marché à une immense forêt de champignons, s’étale le ventre de la ville. Au pied des pyramides de gousses, rouges, vertes, rousses, des torsades d’herbes de toutes les nuances de vert laissent échapper des feuilles découpées de si étrange façon qu’on les dirait destinées au râtelier d’un étalon de sorcier. Des montagnes de laitues et de cresson ruisselantes d’eau luisent comme de la porcelaine fraîchement vernie au milieu de la profusion des épices, ces poudres sorties tout droit de la palette d’un Titien ou d’un Rembrandt malgache, où voisinent l’ocre, la garance, les verts, les bleus, les rouges les plus intenses, des jaunes aussi délicats qu’un bouton de crocus, le tout n’attendant qu’un filet d’huile pour se mélanger et exploser en une symphonie de saveurs dans votre bouche. »