Un livre de Jésus
de William Goyen

critiqué par Jlc, le 12 janvier 2011
( - 81 ans)


La note:  étoiles
La bonne nouvelle
William Goyen, auteur de la magnifique « Maison d’haleine », traversa un désert d’écriture de dix ans, « paralysant tout élan ». Une petite Bible de poche, achetée un dollar, allait bouleverser sa vie et se révéler une inépuisable « source de vitalité ». « J’avais l’impression de recevoir une bonne nouvelle toute fraîche et toute simple ». Cette rencontre inattendue est à l’origine de ce petit « livre de Jésus » dans lequel Goyen décrit un homme, très éloigné de la version « saint-sulpicienne », très actuel, charnel, totalement humain tout en étant divin.

« Le monde d’alors était tel qu’il a toujours été : détérioré par l’homme ». Un monde où « quelques uns avaient beaucoup et beaucoup avaient peu ». Le décor est planté et c’est parce que le monde est ainsi que Jésus commence sa vie publique par un besoin de désert. « Il fallait qu’il fût seul ». Expérience éprouvante pour un homme presque comme les autres, avec aussi de vrais désirs, des besoins, des faims, des faiblesses mais expérience réussie. Le Jésus de Goyen (on voudra bien me pardonner cette expression) va vite être perçu comme un perturbateur par les doctes « à la foi asséchante » qui n’auront de cesse de l’éliminer. S’il reste aimable et sans apprêt, si sa "caresse est enveloppante, son discours n’en est pas moins révolutionnaire et par là hérétique pour les gens de son temps. Homme de la route, il va croiser des destins qu’il va magnifier, déçu cependant par une foule qui le suit mais demeure « plus avide de son pouvoir de consolation et de guérison que de la nouveauté de ses idées. »

Entre les rameaux et la couronne d’épines, Jésus lutte contre les marchands du temple avec une telle violence que les « presque » (ceux qui sont séduits par ses idées mais pas au point de tout abandonner pour le suivre) se détournent de lui et font que le destin s’accomplisse devant des apôtres qui ne peuvent pas comprendre.

Ce livre est dominé par la parole de Jésus. Voilà quelqu’un qui parle à la foule comme on ne lui a jamais parlé, « montrant des chemins là où il n’en existait pas ». Voilà un homme-Dieu qui restitue aux hommes leur dignité, leur intégrité. Pour traduire tout à la fois le respect de Jésus pour ceux qui le suivent et une certaine distance divine, William Goyen et son traducteur imaginent des dialogues où Jésus vouvoie ses interlocuteurs qu’il appelle « Monsieur ». Le résultat est étonnant.

Ce livre est très lumineux, ouvrant à la réflexion, transmettant la bonne nouvelle offerte par cette toute petite bible à un dollar. Un livre tout de ferveur et d’espérance. Une vie de Jésus « pour ceux qui n’en savent rien ou en ont une connaissance approximative. Pour ceux qui la connaissent cette vie est toujours nouvelle ».