Courage et patience
de Akli Tadjer

critiqué par Rosenblum Petit, le 28 mars 2002
(Marcinelle - 50 ans)


La note:  étoiles
La confession d'un nègre
Lorsque, il y a quelques jours déjà, j'ai terminé ce roman, j'ai retourné notre site dans tous les sens pour en trouver la critique. Bardaf! (c'est l'embardée, aurait dit le regretté Manu Thoreau). Rien: ni sur le livre, ni sur l'auteur. J'ai d'abord été très étonnée car beaucoup d'entre vous semblent lire trois ou quatre livres par jour ;-) et celui-ci n'est certes pas nouveau mais pas non plus assez vieux pour l'avoir oublié! Ne connaissant pas l'auteur, Akli Tadjer, j'ai voulu ensuite rechercher des informations sur lui. Celles-ci se sont avérées aussi rares que les cheveux sur la tête de mon fils il y a un an! Parmi elles, un article assez bien écrit résumait globalement ma pensée. Mais il émanait d'un quotidien algérien ("Liberté") dont je ne connais pas la tendance. Il ne me semblait pas très objectif, Tadjer étant d'origine Kabyle et faisant partie -du moins on le suppose- de cette fameuse "deuxième génération" d'émigrés qui a fait et fait encore couler beaucoup d'encre que ce soit en Belgique ou en France.
L'histoire d'Omar Boulawane commence en Kabylie. Cet homme d'une trentaine d'années y enterre son père, Vava Ali, qu'il aimait et admirait beaucoup. Quelques années auparavant, ce dernier était retourné "au Pays" pour profiter d'une retraite bien méritée après avoir passé sa vie à écharner des peaux de bêtes à la Garenne-Colombes. Omar, vivant en France, n'avait "pas le temps" (fléau du siècle avec le mal de dos) d'aller le voir et à peine de téléphoner. Les "courage et patience" prononcés par tout le monde lors de l'enterrement ne le consolent pas plus que les "Sincères Condoléances" plus courantes dans nos contrées. De retour chez lui, Omar est rattrappé par son vieux démon: son enfance passée dans la misérable cité des Meskines. Il retrouve Mokrane, un cousin dont l'originalité est d'être un perpétuel cocu et Œil de Poiscail, un petit truand, frère de misère devenu racaille professionnelle. Ah oui, Omar est nègre. De profession et doit écrire la biographie de Robert Santucci, un vieux gangster corse et acariâtre… Comment alors réussir à faire le deuil de Vava Ali?.
Le sujet est délicat. Très délicat. Et la critique est difficile et risquée. Au point d'être cataloguée de raciste ou de gauchiste, tout extrême étant à déplorer puisque je ne suis ni l'un ni l'autre.
Ce livre est drôle par moments et émouvant à d'autres. On le lit avec plaisir et facilité. Une histoire parmi tant d'autres qui n'est pas sans rappeler celle de ce jeune homme qui "n'a rien à gagner et rien à perdre, même pas le vie" décrite par Renaud dans sa chanson intitulée "Deuxième Génération".
Et si le roman avait une part d'autobiographie? Mon côté voyeuriste se plaît à le croire.
Difficile à trouver 7 étoiles

Dur, dur de trouver des infos sur Akli Tadjer. Ce livre est son deuxième roman, le premier, dont j'ai oublié le titre, a obtenu le prix Georges Brassens. Il est né à Paris (ou il vit toujours) en 1954. Je l'ai rencontré à Bruxelles il y quelques mois, un gars fort sympathique et cultivé.

Patman - Paris - 62 ans - 29 mars 2002