Grandir
de Sophie Fontanel

critiqué par Marvic, le 8 janvier 2011
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Mère et fille jusqu'au bout
ou quand les rôles peuvent s'inverser...

Sophie Fontanel nous décrit quelques années de la vieillesse de sa mère.
Âgée de 86 ans, elle tombe souvent, n'arrivant pas à se relever, perd un peu la mémoire.
Mais sa fille refusant "l'abandon" de sa mère, va tout faire pour qu'elle reste sa mère le plus longtemps possible.
« On croit que les personnes âgées n'aiment pas la nouveauté, mais c'est le changement qu'elles n'aiment pas. Qui aurait envie de bouger encore plus au bord d'une falaise? »

Célibataire de 46 ans, sa fille va donc être confrontée aux exigences, à la nouvelle personnalité de cette femme pour qui elle va avoir les gestes que sa mère avait envers elle, quelques dizaines d'années auparavant.
« Oui, elle a fait de mon enfance une vraie enfance. Je peux bien lui rendre à présent. » 

Et pendant cette période de la vie où on voit s'approcher le départ d'un être si cher, où va se produire « la suppression d'un insuppressible » comme le dit Jankelevitch, l'auteure n'a plus envie, n'a plus la force de vivre autre chose que cette lente descente.
« Hiberner pendant le long hiver de l'autre, est-ce si aberrant? »

Mais sa mère dans ses moments de lucidité va reprendre ses conseils de maman:
« Tu ne vas pas te désintéresser de la vie quand ta mère en voit juste la valeur? »

Un roman (pourquoi roman?) plein de sensibilité, de justesse, forcément touchant, même si de nombreux récits nous relatent ces douloureuses expériences...
ou serait -ce moi qui lirait « par hasard » beaucoup de ces livres?