Notre mère la guerre, tome 2 : Deuxième complainte
de Kris (Scénario), Maël (Dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 7 janvier 2011
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
L'enquête se poursuit
Deuxième tome de cette excellente série qui en comportera un troisième et dernier. Nous retrouvons le lieutenant Vialatte racontant son histoire sur son lit de mort. Dès les premières pages, le lecteur est plongé au cœur de la guerre de tranchées de 14-18. D’ailleurs, l’album accorde une place primordiale à cette guerre sanglante et meurtrière qui tourne à une véritable boucherie. Dans cet enfer, le lieutenant Vialatte poursuit son enquête sur la mort de trois femmes mais malheureusement, une quatrième vient s’ajouter au nombre des victimes. L’enquête avance peu dans ce tome mais quelques faits troublants viennent mettre en lumière le lien existant entre les différentes victimes. Vialatte est assisté dans son enquête par le capitaine Janvier dont la douce Mathilde, la quatrième victime, était la maîtresse depuis peu. Janvier est dévasté par cette mort horrible et redouble d’effort afin de venir en aide à Vialatte et découvrir l’identité du ou des assassins. Mais l’enquête est difficile car la guerre fait rage et le danger est omniprésent. Les Boches se rapprochent de plus en plus et l’affrontement physique entre les deux camps est imminent.

Tout comme dans le premier tome, les dessins de Maël sont fort bien réussis. Le souci du détail fait plaisir à voir de même que le réalisme des situations. Les textes de Kris sont parfois d’une belle poésie et d’un lyrisme étonnant. Le rythme est haletant et le lecteur est happé par le tourbillon de la guerre. Certaines scènes sont admirables entre autres ce ciel étoilé et aussi cette neige qui tombe doucement sur ce monde cauchemardesque. Les personnages sont toujours aussi bien caractérisés et ce deuxième tome est à la hauteur du premier donc une autre note parfaite pour ce travail de première classe.

« Camarades, oui. C’est le mot juste. La camaraderie suppose une loyauté et peut atteindre à une éphémère intensité de sentiments que ne connaîtra jamais l’amitié. Celle-ci demande des conditions plus normales, plus longues pour pouvoir s’épanouir. Un homme n’est rien pour vous et la minute suivante vous êtes prêt à braver l’enfer pour lui, dans un élan spontané, instinctif… J’ai compris cette nuit-là à quel point l’héroïsme était chose si commune. »
Au coeur de l'enfer. 10 étoiles

L'enfer doit ressembler à ça, des bombardements, des assauts sanglants, de la peur, du sang, des larmes au bout des armes. Et tout ces hommes destinés à n'être que de la chair à canon.
Pendant ce temps l'enquête se poursuit mais apparait au second plan, c'est l'horreur de la guerre qu'ont voulu transmettre dans cet album les auteurs avant toute chose.
Un dessin d'une grande maîtrise qui traduit le climat de tension qui devait régner sur la ligne de front.
Une bédé indispensable, sans doute un classique dans son genre.

Hexagone - - 53 ans - 4 novembre 2012


La complainte se poursuit 9 étoiles

"Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire. Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau..". Non, ce chant, on ne le doit pas au célèbre titi Gavroche qui le lance du haut des barricades parisiennes, mais plutôt au soldat jolicoeur, un jeune adolescent tout comme lui, qui est en train d'agoniser sur le nomansland, entre Poilus et Boches. Il chante et attend la mort. Les premières pages de cette deuxième complainte - fort bien nommée je trouve- sont particulièrement émouvantes. Dans les tranchées, ses camarades chantent également pour lui rendre la mort plus douce. C'était ça aussi la guerre des tranchées. Et au milieu des ces petites histoires clairsemées, l'Histoire, la grande se poursuit. Tout comme l'enquête du lieutenant Vialatte. Une enquête qui progresse lentement au fil des alertes et des raids adverses. Il faut avant tout sauver sa peau. Tout comme dans le premier volume, les atmosphères sont particulièrement bien rendues. le dessin est splendide. Une série que l'on peut d'ores et déjà placer aux côtés des oeuvres de Tardi sur le sujet, pour ceux qui voudraient ressentir au mieux ce que fut l'enfer des tranchées.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 24 février 2011