Le mystère de Listerdale
de Agatha Christie

critiqué par Shelton, le 29 décembre 2010
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Douze nouvelles à découvrir...
Ce recueil de nouvelles a été publié une première fois en Grande-Bretagne sous le nom de « Le mystère de Listerdale et autres histoires » en 1934 avant de paraître en France en 1963 sous le nom de « Douze nouvelles » avant, enfin, en 1968, de retrouver son titre original de « Le mystère de Listerdale ».

Agatha Christie, dans cet ouvrage, nous démontre qu’elle n’a pas besoin systématiquement d’un crime pour créer des personnages, pour nous plonger dans une ambiance, pour nous émouvoir, nous faire rêver et nous tenir en haleine… Une histoire, même la plus banale et nous sombrons dans l’angoisse et le vertige le plus dangereux, celui du suspense sur papier. Oui, Agatha n’est pas seulement la reine du meurtre et de l’empoisonnement, elle excelle dans le jeu des mots, celui terrible qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes, ou, plus simplement, des assassins pour des innocents et réciproquement…

La première nouvelle, celle qui offre son nom au recueil, voit une brave dame, pauvre et angoissée par l’avenir, trouver une demeure, avec personnel, pour trois fois rien. Sa fille peut ainsi assurer son mariage sans apeurer son fiancé et trouver le bonheur, tandis qu’elle-même se réhabitue à une vie paisible et heureuse… mais que cache cette proposition d’un logement avec maître d’hôtel ? Qu’est devenu, d’ailleurs, le propriétaire, ce fameux Lord Listerdale ?

Chaque nouvelle aurait pu être un roman policier… Enfin, presque, puisque les crimes ne sont pas automatiques… Certaines sont presque belles, enfin au sens de beaux contes et pas des tableaux noircissant l’humanité. Parfois, on y croise des êtres peu sympathiques, pire franchement désagréables ; tandis que certaines personnes, fruits de l’imagination d’Agatha Christie, mériteraient de figurer au Panthéon de l’humanité ou de la littérature.

On peut regretter, dans ce genre d’ouvrage, la taille des histoires. Oui, pour en faire tenir douze dans un espace généralement consacré à un roman policier, l’auteur doit aller à l’essentiel, faire au plus vite… On peut en souffrir, se sentir frustré… Oui, j’aurais aimé, par exemple, que la dernière nouvelle, « Le chant du cygne », soit développée en un roman à part entière. Les personnages l’auraient mérité, sans aucun doute, en particulier cette cantatrice, La Nazorkoff…

Il est à noter que plusieurs nouvelles se terminent par une happy end. C’est un aspect fleur bleue de la romancière que l’on ne perçoit pas toujours dans ses romans. En effet, bien souvent quand on arrive aux dernières pages, il est plus question d’arrêter un coupable que de se préoccuper d’un mariage, d’un amour naissant, d’un avenir à construire… Pourtant, Agatha Christie a écrit six romans, sous le nom de Mary Westmacott où on trouve des sentiments comme amour et jalousie hors d’un contexte criminel… une sorte de littérature plus sentimentale. Mais ces livres eurent beaucoup moins de succès et je ne connais pas beaucoup de lecteurs qui les aient dévorés !

Ce recueil est donc un ensemble cohérent, plaisant à lire, qui saura réconcilier certains lecteurs avec Agatha Christie car, ici, il y a du concis, du précis, de l’efficace… Certains préfèrent cela à des romans plus construits et psychologiques… A vous de choisir !
Sans plus 5 étoiles

Le mystère de Listerdale est un recueil de 12 nouvelles policières écrites par la grande et incomparable Agathe Christie.
Ce fut un réel plaisir pour moi de retrouver l'univers de cet auteur au travers de ces 12 nouvelles.

Grâce à elles, on se replonge dans l'environnement "vieille Angleterre" avec ses personnages et sa hiérarchie sociale mais j'ai tout de même peiné à accrocher à ces nouvelles qui outre leur fond policier se veulent - ou se voudraient - humoristiques ou tout du moins farfelues.

C'était sûrement le cas en 1930 (date de publication) mais il me semble que cela a mal vieilli.
Par ailleurs, les nouvelles sont assez courtes et laissent peu de marge et de temps au lecteur pour s'imprégner des situations et s'attacher aux personnages.

Il est toujours toutefois intéressant de découvrir Agathe Christie dans un exercice différent de son oeuvre habituelle.

Vinmont - - 50 ans - 1 octobre 2014


De surprenants faits divers 7 étoiles

Agatha Christie nous offre ici un petit recueil de nouvelles qui tiennent plus du fait divers que de l'enquête policière. Mais cela n'enlève en rien le talent de l'auteur, ni le plaisir à suivre ces histoires jusqu'au rebondissement final. Bien au contraire, cela permet de sortir du carcan traditionnel du détective remontant la piste de l'assassin.

En exemple, je citerai la nouvelle "Un accident" qui amène un homme à douter de l'innocence d'une femme lorsque plusieurs hommes ayant croisé son chemin finissent leurs jours dans de malencontreux accidents. Mais il apprendra qu'on ne peut pas toujours prévenir un accident ... avec un final pour le moins renversant.

"Mr Eastwood cherche une histoire", qu'Agatha Christie aurait pu appeler "Le mystère du deuxième concombre" (sic), est une nouvelle surprenante, que l'on pourrait rapprocher du film "After hours". On commence avec un titre accrocheur (le fameux concombre), on se retrouve pris dans une spirale d'évènements inattendus (un coup de téléphone, un mot de passe dans une boutique d'antiquaire, une espagnole esseulée, de mystérieux brigands, ... ), jusqu'au retour au titre de l'histoire (sans concombre cette fois-ci).

Au final, un bon recueil à lire pour se distraire, tout en gardant éveillées quelques cellules grises afin de profiter des chutes, dont Agatha Christie a le secret, et qui nous attendent souvent au détour de la dernière page.

Bleizmor - Bretagne - 54 ans - 24 juin 2011