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Le Toit de tôle rouge
de Nirmal Verma
critiqué par Elya, le 22 décembre 2010
(Savoie - 35 ans)
La note:
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Que la montagne est ... dure |
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D'après Acte sud, Nirmal Verma serait une des plus grands écrivains de la langue hindi. Ces derniers temps j'ai lu quelques romans d'auteurs indiens, mais de langue toujours anglophone. La littérature hindi ne me semble pas très répandue en France, mais peut-être que je me trompe. En tout cas, ce livre est très différent de tous ceux que j'ai pu lire se passant au moins en partie en Inde.
Premièrement, il se déroule dans les montagnes indiennes, en bordure de l'Himalaya ; une région à laquelle on ne pense pas tout de suite lorsque l'on évoque l'Inde. La description de ces paysages aurait pu être un point très fort du récit. Elles sont bien loin d'être urbanisées et la vie y est plutôt rustique. Pourtant, ce n'est pas trop ce qui ressort ici. Peut-être parce que Kaya, une jeune fille dont on suivra la paisible vie, est issue d'une famille plutôt aisée. L'immense maison dans laquelle elle habite est entretenue par de nombreux serviteurs, mais cela n'enlève rien à son austérité.
On partagera donc, le temps d'un été et d'un hiver, le quotidien de Kaya, ainsi que de ceux qui l'entoure : Tchoté son petit frère, sa mère, ses domestiques, son oncle, ses voisins. Toutes les relations qu'elle entretient avec ces différentes personnes sont étranges, relativement confuses.
C'est un quotidien plein de froideur et de lassitude qui nous est dévoilé peu à peu, tant sur le plan des sentiments que des (in)activités. Ce qui permet à Nirmal Verma de nous livrer de très belles pensées sur des thèmes pas très gai, avec beaucoup de subtilité : l'espoir, la solitude, la distance d'un père.
"Nourrir des illusions -y chercher le bonheur - et ensuite ramener dans sa chambre cette chose, qui n'est ni illusion, ni bonheur, comme on ramènerait une souris morte, en la traînant derrière soi - y a-t-il de quoi être fier ?" ou, plus loin, "Mais pour Tchoté, le temps était sans limites. Tout ce qui existait existait pour toujours, ce qui s'en allait s'en allait pour toujours : tout au revoir était un adieu. Il était au-delà de la consolation... Il ignorait l'espérance."
J'ai donc été un peu déçue par l'évocation très légère de ces paysages que je devine sublimes, même si sur la fin on les découvre un peu plus. Mais j'ai toujours en tête L'équilibre du monde de Rohinton Mistry, où l'un des personnages a grandi dans ce genre de région. Et j'ai l'impression d'avoir involontairement implanté ce décor.
Il ne faut surtout pas faire la comparaison avec cette sublime lecture pour parler de ce roman, qui a pourtant son charme.
La montagne, qui en fait rêver plus d'un, moi la première, ce n'est pas seulement la neige éternelle, les vert pâturages et les vertigineux sentiers de randonnée avec des vues (et des dénivelés) à couper le souffle... et ce sont peut-être ses aspects moins réjouissants qui ont fait que cette lecture ne m'a pas subjuguée. |
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