Sentiments inavouables
de Françoise Lalande

critiqué par Ddh, le 9 décembre 2010
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
une vie écorchée
Vivre une vie apparemment normale mais avoir en son cœur une tristesse infinie, telle est la destinée de Liza Keil.
L’auteure Françoise Lalande, philologue romane, a enseigné le Français au Zaïre, puis on la retrouve en Amérique latine et aux Etats-Unis. Actuellement, elle est chargée de cours de littérature comparée à Bruxelles. Elle utilise une large palette de création littéraire : romans, poésie, nouvelles, théâtre, essai, biographie…
Liza Keil a quatre-vingt-seize ans. Quatre-vingt-seize ans qui comblent une vie mais pas nécessairement de joies. Une vie plutôt austère, emprunte de sacrifices, de malheurs, de bonheurs aussi mais aux lendemains jamais chantants. Son cœur est rempli d’amour pour Jacob, son époux, Lou et Dina, ses filles et son fils Rô qui, au fil des années devient terriblement cassant, hostile vis-à-vis de ses sœurs, sa mère et aussi sa nièce Lila. Une épée de Damoclès la hante, celle de ses origines juives, elle, rescapée de la Shoah mais qui fut fatale à son cousin René. L’esprit de famille qu’elle voudrait faire régner se lézarde… Rien que des écorchés vifs qui s’aiment et pourtant qui se font mal.
Un style tout à fait original ! Rien que de courts chapitres avec une première ligne en caractères gras qui introduit la suite. La ponctuation fait l’économie du point en fin de phrase. Cela donne un rythme particulier au roman, un rythme poétique où les idées vagabondent avec légèreté.
Dans chaque chapitre, des bouts de phrases en italique donnent un ton particulier également. Ce sont autant de réflexions tantôt personnelles, tantôt de style de proverbe ou dicton.