Un enfant
de Thomas Bernhard

critiqué par Tistou, le 7 décembre 2010
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Un de ses cinq romans autobiographiques
« Un enfant ». C’est lui l’enfant. « Un enfant » est l’un de ses cinq romans autobiographiques. A ce titre ( ?), il m’a paru beaucoup plus aisé à lire que ses romans. On y est moins confronté aux répétitions, aux ressassements incessants. Et au fil de ce qu’il nous confie, on accède à certaines clés qui peuvent nous donner l’impression de mieux comprendre l’être Thomas Bernhard. Pas le plus simple des êtres !
Par contre, la construction m’a paru du coup bâclée. Comme s’il avait eu la matière pour raconter des faits saillants – oh, pas des dizaines ! – et qu’à la fin, il avait eu envie de finir là. Comme ça. Comme ça venait. Et ça vient bizarrement, une fin abrupte. On me dirait qu’il a été pris par le temps et qu’il a dû rendre rapidement le manuscrit que je n’en serais pas davantage surpris.
Il y a, très présent, l’amour pour son grand-père, l’attitude ambigüe de sa mère, et déjà ses attitudes tranchées, cette absence de confiance en lui qui le fait en permanence se torturer les méninges pour la moindre chose et balancer d’une option à l’autre, pour finir pour décréter détestable telle chose ou telle ville ou telle personne ou … S’il fallait dresser la liste des détestations de Thomas Bernhard … Pour paraphraser Georges Brassens, je dirais : « quand même, Thomas Bernhard est un écrivain bien singulier ! » Bien singulier, oui.
Mais « un enfant », donc, est accessible. Et c’est l’occasion de toucher un peu du doigt, et sans complaisances, la réalité de l’atmosphère en Autriche et dans le sud de l’Allemagne à l’orée de la seconde guerre mondiale. Il a neuf ans au début de la guerre.

« En été je me vois avec ma mère poussant à travers la ville un petit chariot à ridelles. Je ressentais cela comme une honte énorme. Nous étions en route pour les forêts avoisinantes et nous allions chercher les écorces d’arbres laissées par les bûcherons. Avec ces écorces nous nous chauffions en hiver. La moitié du grenier était pleine d’écorces qui là-haut étaient sèches en peu de temps. Le plus souvent je devais aller seul dans la forêt avec le chariot à ridelles. Je bourrais la charrette d’autant d’écorces que possible, il me fallait peiner pour la tirer. A partir de la hauteur de la caserne, je m’y étais assis et j’étais allé en ville en dirigeant le timon avec les jambes. »

Indéniablement son grand-père –singulier le grand-père aussi ! – aura eu une grande influence sur Thomas Bernhard.