Tibet : Voyage en terre intérieure
de Sylvain Labeste, Nathalie Labeste

critiqué par Patmos, le 6 décembre 2010
( - - ans)


La note:  étoiles
Superbe OVNI
En effet, des livres sur le Tibet, ce n'est pas cela qui manque.
Mais un livre dans lequel souffle l'esprit, c'est à dire autre chose que du géographique, du nombrilisme voyageur, du descriptif simplet et récurrent, ou bien encore de l'Alexandra David Neel moult fois réchauffée, cela devient beaucoup plus rare. Il n'est question ici que de puissance. Visuelle tout d'abord. Les photographies, principalement des portraits, sont magnifiques. Elles sont présentées sous forme de pages scénarisées, l'une répondant à l'autre, animées par des chants de Milarépa, quelque peu ésotériques certes, mais "sacrément" décapants. Ces clichés traduisent un abandon réel dans un rythme de voyage véritable. Il aura fallu être très proche de ces gens pour leur faire ainsi honneur. Ce peuple est grand. Intellectuelle ensuite, car les auteurs ne se contentent pas de faire de belles images: ils assurent côté spiritualité. Introduction sur le voyage extérieur et intérieur qui chez eux ne font qu'un, présentation de Milarépa qui prend appui sur Les Cent Mille Chants, et cinq réflexions très très fouillées à la fin du livre. Si l'on rajoute une bibliographie pointue et des notes qui sont autant de "pistes", tout cela est d'une affolante densité.
Surprenant de voir qu'une telle réalisation soit hébergée chez un éditeur dont la ligne éditoriale est d'ordinaire plus axée sur le documentaire généraliste.
je n'ai pas fini de digérer la chose, et tant mieux, car je crois que j'en ai pour un moment. Formidable donc.
Photographie et Spiritualité 10 étoiles

La grande photographie oblige toujours à s'interroger sur ce qui la distingue de la photographie ordinaire et banale. Sachant qu'à la différence du musicien ou du sculpteur, le photographe ne modifie aucune substance, il ne façonne pas, il ne crée pas et pourtant, il peut être un véritable artiste. Où donc réside son art? Sans doute dans l'aptitude qui est la sienne à montrer ce que les autres ne voient pas, à révéler ce que le monde regorge de beauté et de mystère. Son regard, c'est-à-dire sa conscience ne glisse pas, indifférente, sur le réel, qu'il saisit dans l'instant, unique et irréversible. Sa vision embrasse, fusionne avec l'harmonie secrète des choses. Parce qu'il scrute, ou dans le meilleur des cas contemple, son art, pourtant dépendant d'un mécanisme, est peut-être paradoxalement le plus métaphysique, car il donne à voir l'intérieur du monde dans ce qu'il à de plus extérieur, ce que le Grand Peintre de l'Univers produit à chaque seconde de nouveau, il le capte sans rien y ajouter ou retrancher. Mais ce que nous voyons dans l'oeuvre du photographe, c'est aussi, assez étrangement, le degré de perception spirituel qui est le sien: comment il voit ce qu'il faut voir! En dignes successeurs des Michaud, nos voyageurs, auteurs de ce magnifique ouvrage ont gravé l'empreinte du Tibet éternel. Sorte de Moyen Âge vivant, du moins à l'époque ou ils l'ont traversé, il manifeste ce que fut, malgré sa rudesse, une communauté humaine que soutient la seule force de l'Esprit. La beauté fulgurante des sites naturels comme des architectures montre ce que pouvait être une société harmonieuse qui indique le chemin du Ciel sans négliger les équilibres de la Terre. Il y a donc beaucoup à espérer des futures publications de Sylvain et Nathalie Labeste qui portent déjà un ouvrage très prometteur sur la Chine.

P. Geay*

* Patrick Geay est Docteur en Philosophie de l'Université de Bourgogne, auteur d'Hermès Trahi aux éditions L'Harmattan, directeur de la revue "La Règle d'Abraham".

Patrick Geay - - - ans - 18 août 2011


Ce livre m'a transportée. 10 étoiles

C'est vrai, c'est tout et c'est beaucoup.

Sybille - - 49 ans - 4 janvier 2011