Regardez la neige qui tombe (impressions de Tchékhov)
de Roger Grenier

critiqué par Béatrice, le 3 décembre 2010
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Un portrait
Roger Grenier puise dans l’œuvre de Tchekhov, dans sa correspondance et dans les souvenirs de ses contemporains et dresse son portrait, en procédant par petites touches. Au sujet de sa conception sur l’art et l’écriture on n’apprend quasiment rien, car Tchekhov évitait de s’exprimer sur ce thème. « La Mouette, grâce à une tirade de l’écrivain Trigorine, explique fort bien que, si l’on écrit, c’est simplement parce qu’on ne peut pas s’en empêcher. »

R. Grenier revient sur les thèmes de Tchekhov et son regard me semble très pertinent.
« La moindre de ses créatures se débat entre l’impossible, l’à quoi bon, le trop tard. »
« Savoir qu’il n’y a rien à comprendre [au sens de l’existence] ne vous laisse pas intact. »
« Le sens ? … Tenez, regardez la neige qui tombe, quel sens ça a-t-il ? » (Les Trois Sœurs)

Un mot sur la technique – il conseillait à Bounine : « A mon avis, après avoir écrit un récit, il faut en supprimer le début et la fin. »
Un autre extrait où il est question de cette frontière floue entre le comique et le tragique.
« Un de ses recours pour supporter l’absurde est l’humour []. Tchekhov est tellement sensible à l’absurde qu’il distingue mal le comique du tragique. Dans son idée, La Mouette et La Cerisaie sont des comédies. Quand un auteur regarde ainsi la vie en face et en perçoit le non-sens un peu plus lucidement que le commun des mortels, un malentendu peut s’établir entre lui et son public. Il trouve burlesque ce qui va terrifier le lecteur, moins habitué à cette façon décapante de regarder la réalité. L’auteur : Vous ne trouvez pas que je suis drôle ? Le lecteur horrifié : Sinistre à se flinguer. »