Le palais du désir
de Naguib Mahfouz

critiqué par Jfp, le 27 novembre 2010
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
ah les femmes...
Le Caire, à l'aube de l'indépendance. Encore anglaise, mais pour peu de temps, l'Egypte du début des années 20 hésite entre le repli identitaire et l'ouverture vers le monde occidental. Au travers du conflit des générations au sein de la famille d'Ahmed Abd-el-Gawwad c'est toute la classe moyenne égyptienne qui est décrite, vue du côté des hommes. Ahmed mène une double-vie, autoritaire et respectueuse des préceptes coraniques lorsqu'il est en famille, débridée et oublieuse de ces même préceptes lorsqu'il est avec ses amis à la "villa". De ses deux fils encore en vie, l'ainé va choisir de vivre ses désirs au jour le jour, comme son père mais sans le savoir, l'autre va refuser de se conformer aux volontés paternelles et se détournera de la religion pour poursuivre sa quête du savoir. Le destin des femmes (soeurs, épouses, almées) est brossé en filigrane, mais le vrai sujet du roman est le désir masculin, qui est analysé sous toutes ses coutures à travers les relations (charnelles ou non) que nouent nos trois héros avec l'autre versant de l'humanité. Loin d'une vision narcissique de l'amour "Le palais du désir" réussit à capter l'attention du lecteur à travers des dialogues et des monologues intérieurs qui rendent étrangement présents les personnages d'Ahmed et de ses deux fils Yasine et Kamal. D'une portée universelle, le roman de Naguib Mahfouz, qui fait partie d'une trilogie brossant un siècle d'histoire de l'Egypte moderne, se lit avec un réel bonheur. Un message d'humanisme et une analyse sans faux-semblants de la religion et des méandres de l'amour...