La fille au pagne vert
de Marilyn Heward Mills

critiqué par Miss teigne, le 25 novembre 2010
( - 42 ans)


La note:  étoiles
Deux vies en Côte-de-l'Or
A quatorze ans, Matilda est poussée par sa famille à épouser un avocat renommé, dont elle deviendrait alors la deuxième épouse. Non, Robert Bannerman n’est pas veuf, il est seulement polygame. Bien qu’il ait suivi des études de droit en Angleterre, une union polygame lui semble être la meilleure solution pour assouvir à la fois son désir pour la jeune fille et conserver la respectabilité qu’il a si difficilement acquise et qui a, selon lui, facilité son intégration parmi les Blancs. Culbuter la nièce de son secrétaire et la délaisser par la suite, comme il le fait habituellement, ne lui paraît pas être très honorable en l’espèce. Mais personne ne demande son avis à Matilda qui quitte brutalement les sentiers de l’enfance en épousant ce monsieur plus âgé qu'elle en contrepartie d'une dot alléchante. Alors qu’elle aurait voulu aller à l’école et apprendre l’anglais, le mariage met fin à ses ambitions. Matilda devra gérer l’égoïsme de son mari mais aussi la rivalité et la haine implacable que Julie, la première épouse, lui voue.

Parallèlement, un couple d’Anglais s’installe dans la colonie britannique. Alan Turton travaille pour le gouvernement et a été rejoint par son épouse, Audrey. Cette dernière déchante rapidement et ne se fait pas à la vie que son mari lui propose. Pour oublier son ennui et son mal-être, elle sombre peu à peu dans l’alcool. Deux histoires parallèles certes, mais les deux femmes seront un jour amenées à se rencontrer…

La fille au Pagne vert a pour cadre le Ghana, quand il se nommait encore Côte-de-l’Or et qu’il était alors un bastion britannique. La colonie supporte alors de moins en moins l’ingérence et le paternalisme des Anglais qui ne laissent pas la possibilité aux autochtones de se prendre en main. Tout réussit néanmoins à Robert Bannermann qui, ayant reçu une éducation européenne, se croit bien intégré parmi les Blancs. Mais le choix d’une seconde épouse, dans la plus pure tradition de son pays, va effacer à leurs yeux son vernis « civilisé ».

Le lecteur suivra Audrey et Matilda durant une quinzaine d’années. Cette dernière ne comprend guère ce qui se trame autour d’elle. D’abord réticente à contracter ce mariage, elle ne se préoccupera bientôt plus que de plaire à son mari de toute les manières possibles. L’occasion est ainsi donnée au lecteur de se familiariser avec sa cuisine. Quelques enfants ponctueront cette union avant que son mari ne la délaisse pour d’autres bras plus neufs et accueillants. Le lecteur suit aussi le futur Ghana dans sa marche vers l’indépendance…