Sans parler du chien
de Connie Willis

critiqué par Patman, le 23 novembre 2010
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
La potiche de l'Evêque
Un petit voyage dans le temps, ça vous dirait ? Un classique de la SF que ces télétransporteurs qui vous envoient en un flash dans le passé. Connie Willis s’empare donc de ce concept pour nous offrir un roman jubilatoire. « Sans parler du chien »…ça ne vous rappelle rien ? Sûr ? Certain ? Allons, un petit effort… Mais oui bien sûr ! Jerôme K. Jérôme ! Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien), roman écrit en 1889 et qui est un incontournable de la littérature anglo-saxonne. Véritable hommage de l’auteur à ce grand classique, l’auteur a repris la même construction pour son roman et une bonne partie de l’action se situe dans les mêmes lieux.

Nous sommes à Oxford en 2057. Le voyage spatio-temporel, découvert en 2018, n’est déjà plus en vogue. Seuls quelques historiens se passionnent encore pour ces bonds dans le passé, le monde de cette mi-XXIème siècle est plus tourné vers l’avenir. Les crédits sont presque coupés mais voilà qu’une richissime américaine, Mme Schrapnell, se met en tête de reconstruire à l’identique la Cathédrale de Coventry (transformée en centre commercial vers 2020) sur le campus d’Oxford. Pour cela elle débauche tous les historiens disponibles afin de recueillir dans le passé toutes les indications sur ce magnifique édifice, et plus particulièrement sur la « Potiche de l’Evêque », un vase particulièrement hideux qui a disparu après le bombardement de novembre 1940. En parallèle à ces recherches, une historienne placée dans l’entourage de l’arrière-arrière-arrière grand-mère de Mrs Schrapnell à Muchings Ends, revient d’un saut en 1888 avec…un chat ! Il faut donc absolument réparer cet anachronisme temporel au risque de créer une catastrophe. Ned Henry, autre historien, est envoyé en urgence pour réparer les dégâts…mais c’est une succession de malentendus qui en découle et la situation ne fait que s’aggraver…Pour notre plus grand bonheur, vous vous en doutez !

Petit chef-d’œuvre d’humour, bourré de références aux classiques anglais (on y croise Jerôme K Jérôme en personne sur la Tamise, le célèbre majordome Jeeves de P.G. Wodehouse est là lui aussi) ce roman, paru en 1997, a obtenu plusieurs prix : Le prix HUGO en 1999, le Locus du meilleur roman SF la même année mais aussi le Prix Ozone 2000 (en France) et le Prix Bob Morane 2000 du meilleur roman étranger (Belgique).
Inutile d’être un fan absolu de SF ou de Fantastique pour apprécier ce roman, il suffit d’aimer rire et d’apprécier le ridicule un peu pincé de l’Angleterre victorienne. Un « sweetie » à savourer au coin du feu à l’heure du thé.
PS : Pour certains d’entre vous (Micharlemagne, Saule, etc.) il y est beaucoup question de la bataille de Waterloo !