Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances
de Pierre Péan

critiqué par Jules, le 11 mars 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un homme mystérieux aux facettes multiples
Pierre Péan revient sur des passages de la vie de François Mitterrand qui ont marqué ce dernier. Cet homme a fasciné bon nombre de ses contemporains tant il était peu aisé de le cerner. Il en a crispé certains et a été haï par d’autres, mais n'est ce pas le propre de beaucoup d’hommes d'état et de grands décideurs ?.
Le livre débute par le testament de Mitterrand qui connaît les risques qu'il va courir lors de son opération de la prostate le onze septembre 1992. Il se sent l’âme tranquille car il estime avoir fait le nécessaire pour gagner la bataille du référendum sur le traité de Maastricht. Il y tenait d'autant plus qu’il voulait laisser à l'Histoire l’image de l'homme qui a fait l’Europe.
Dans ce testament, Mitterrand n'oublie pas de rappeler ce qu’il doit à ses relieurs. Il était en effet le client de plusieurs d'entre eux pour les très nombreuses éditions originales qu'il possédait (plus de 1.376 ouvrages !). Malgré toutes ses occupations, Péan nous rapporte que Mitterrand se gardait un minimum de une à deux heures par jour pour lire !.Je ne peux résister au plaisir de noter au passage que Mazarine et lui partagent la même passion pour Dostoïevski, avec une préférence pour « Les Frères Karamazov »
Mitterrand disait de cette oeuvre: « le livre qu’il préférait le plus au monde. »
Vers la fin de sa vie il rencontrera l'écrivain Marcel Béalu , un ancien ami de Breton. Les pages qui racontent les rapports entre les deux hommes sont pleines d’humanités.

Le passé de Vichy remontera de nombreuses fois à la surface et, bien souvent, de façon très malhonnête. Il sera exploité de façon éhontée par Serge Klarsfeld et par le journal Le Monde dont le patron, Plenel, pour des raisons bien personnelles, ouvrira toujours largement ses colonnes à tous les détracteurs de Mitterrand, ainsi qu’aux « affaires »
C'est le trois novembre 1994 que Match va révéler l'existence de Mazarine en publiant un grand nombre de photos d'elle et du président. Mitterrand aura tout juste le temps d'avertir sa fille qui, depuis ce jour, a vu sa vie basculer. Elle sera sans cesse poursuivie par une meute de paparazzi dénués de tous scrupules.
Mitterrand a-t-il vraiment donné l'ordre à Elf de verser des sommes importantes pour le rachat d'une raffinerie en Allemagne, permettant par ce biais d’aider Helmut Khol en difficulté sur le plan électoral ? Si oui, il avait de bonnes raisons politiques pour le faire, mais ce n'est pas prouvé ! Quels étaient ses rapports avec des hommes comme Pelat, Tapie, Attali, François de Grossouvre ? François Mitterrand était-il aussi cynique et froid qu'on a bien voulu le dire ?.
Pourquoi Serge Klarsfeld, par ailleurs grand historien, a-t-il été aussi malhonnête avec Mitterrand ? Alors que le président s'entendait bien avec Balladur, pourquoi et comment a-t-il fait comprendre aux Français qu’il soutenait davantage Chirac ? Et cette terrible maladie qui ne le lâchait pas…
Ce livre vous apportera un certain éclairage sur toutes ces questions. Mais Péan est-il tout à fait objectif, bien que très bien renseigné ? Je n’y mettrais pas ma main au feu. On sent qu’il est très attaché à l’homme dont il nous dresse un portrait particulièrement humain auquel nous voudrions vraiment adhérer.
J’aime l'image qu’il nous donne de cet homme ! Grand humaniste, imprégné des belles lettres, plus que cultivé, marqué au-delà du possible par l’Histoire de son pays, passionné par tout ce qui touche à notre planète, préoccupé du divin et des religions, les pieds profondément ancrés dans son sol natal,
dans ses diverses régions et hauts lieux historiques.
Un type d’homme politique d’un autre siècle et que nous ne retrouverons pas de si tôt !…
J'ai lu ce livre avec un très grand plaisir !