Paul Ier : Le Tsar mal aimé
de Henri Troyat

critiqué par Shelton, le 7 novembre 2010
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Bon voyage à Saint-Pétersbourg en compagnie du tsar de toutes les Russie !
Henri Troyat est né en Russie, ce qui ne fait pas de lui un expert en histoire russe. Mais force est de constater que tout au long de sa vie il s’est intéressé à l’histoire de son pays d’origine et qu’au fur et à mesure de ses écrits il est bien devenu un biographe reconnu de certains personnages de cette histoire si profondément slave. Elle est un mélange de violence et de sentiments exacerbés, ce que l’on retrouvera dans tous ces livres que Troyat nous a offerts au cours de sa vie.

J’ai décidé de reprendre la lecture des ces biographies pour replonger dans cet empire fascinant même quand les épisodes sanguinaires nous sautent au visage. Je me souvenait de son Raspoutine et de sa grande biographie de Catherine II, c’est pour cela que j’ai décidé de reprendre mes lectures à partir de la vie de Paul Ier, un fils de cette grande Catherine.

Vous remarquerez que lorsque l’on aborde la destinée de Paul on parle de sa mère, Catherine II, mais pas de son père, Pierre III. Il faut dire que si Paul est bien le fils de sa mère, le père est beaucoup moins sûr. En effet, la mère, elle-même, n’était pas certaine de la paternité et au moment de sa conception, elle fréquentait son mari Pierre mais aussi un amant, le beau Serge Saltykov… Qui donc était le père ? Peu importe car l’important était d’offrir à la grande Russie un héritier mâle !

Paul ne sera pas élevé par sa mère car très rapidement il est confié à des nourrices qui vont prendre soin de l’héritier avant qu’il soit confié à des éducateurs qui ne seront pas, reconnaissons-le, d’un talent fou. Par contre, Paul, lui, peut sembler assez rapidement un peu fou ce qui fera dire à certains que c’était finalement bien un Romanov !

Pour ce qui est de sa psychologie, il faut dire que tout n’est pas si facile à vivre à la cours de la grande Russie. Imaginez un peu : à chaque génération, un des membres de la famille impériale est assassiné par un autre de la même tribu et cela, juste, pour prendre sa place ! Ainsi, Paul, voit sa mère assassiner son père Pierre III pour devenir la tsarine Catherine II. Sa mère est en plus, même si certains traits ont été exagérés, une sorte d’obsédée sexuelle dont on dit qu’elle était gouvernée par son vagin…

Paul est instable, amoureux fou des Prussiens et de leur caporalisme. Rien ne le met plus en joie que de passer des troupes en revue ! Par ailleurs, il est inconscient des choses politiques et Catherine II fera tout pour l’évincer de la succession. Elle échouera dans cette lutte et Paul deviendra tsar.

Au bout de quelques années, il sera lui aussi assassiné, avec une conspiration qui aura la bénédiction de son fils Alexandre qui deviendra, à son tour tsar. La destinée des Romanov est marquée de ce sang qui coule et qui prendra fin avec la maladie du tsarévitch, une maladie du sang, aussi…

Livre très bien écrit, bien documenté qui permet de se transporter à Saint-Pétersbourg durant quelques heures et de mieux comprendre comment vivait la Russie avec ses tsars. L’écriture d’Henri Troyat est irréprochable, sa précision historique certainement moins, mais dans ce cas précis ce n’est pas très grave car l’objet est plus de redonner vie à un personnage trouble et troublé, que de porter un jugement sur des évènements historiques…