Il faut reconnaître que Jarry casse tous les codes littéraires avec sa pièce. Cela m'a beaucoup rappelé le théâtre de l'absurde dont je ne suis pas friande mais c'est un bon moment de lecture qui fait sourire. L'intrigue n'est pas palpitante mais certaines situations restent drôles. Une vraie caricature du théâtre à prendre au second degré.

Junos2005 - - 34 ans - 13 juillet 2013

Drôle, caricaturale au possible, bouffonne et abracadabrantesque, cette pièce fut un énorme scandale en son temps. Le premier mot de la pièce est en effet : "Merdre !", bouleversement pour le public conservateur parisien de cette année 1896 qui acclamera le Cyrano de Rostand l'année suivante.

C'est néanmoins une oeuvre intéressante car elle crée un univers étrange où le langage archaïque s'allie avec l'argot pour former ainsi des répliques délicieuses.

L'intrigue en est toute simple, Père Ubu veut assassiner son roi pour prendre sa place. On suit alors les pérégrinations de ces personnages, Père Ubu et Mère Ubu sa femme, grotesque jusqu'aux ongles.

Un bon gros coup de pied dans le conformisme de mode à la fin du XIXème siècle, qui reste d'actualité car d'une modernité déconcertante pour son temps.

Hurluberlu - - 28 ans - 24 décembre 2012

Le Père Ubu est mou et lâche de nature. Son épouse, elle, est très ambitieuse et va tout faire pour faire naître en son mari le goût du luxe et du pouvoir. Vraiment, qui résisterait d’assassiner son roi pour pouvoir manger à sa panse, avoir de la phynance, une capeline, un beau parapluie et un grand caban ?

C’est grotesque, anti-subtil... ça avait tout pour ne pas me plaire, et pourtant!... Certes, il y a du plus intelligent, du plus propre, mais c’était juste drôle. Plus c’était gros, mieux c’était. Jouissif par moment et assez spécial. Je recommande à ceux qui aiment le théâtre de l’absurde et qui s’attendent à de l’humour gras.

C’est la première pièce du cycle Ubu, je compte bien lire les autres, mais cette pièce se suffit à elle-même aussi.

Nance - - - ans - 7 novembre 2011

Je ne supporterai aucun commentaire désobligeant. Ceci est un chef d'oeuvre point. Vive Ubu, vive Jarry, vive la folie.

Livre que j'ai découvert en première pour le bac, lu à plusieurs voix on s'est bien marré.
Ce jour là j'ai découvert qu'il y avait une autre écriture que celle de Maupassant et de Flaubert.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 19 décembre 2010

Cette pièce, pour moi ne présente pas un grand intérêt, il n’y a pas d’intrigue, peu d’action ou du moins pas assez fascinante, pas assez décrite pour nous plonger à l’intérieur de ces batailles, et peu de réflexion, les personnages sont simples à cerner, le père Ubu est un anti-héros froussard et vulgaire !

Je pourrais qualifier cette pièce de bon marché !

Lili kora - - 32 ans - 1 novembre 2009

C'est une des pièces de théâtre que je préfère.
Ubu roi est plein d'humour, de nouveauté et de rebondissements!
Bien sûr, il faut apprécier le théâtre un peu spécial des pataphysiciens, mais ce texte court donne un bel aperçu du style de ce courant. Après, c'est sûr qu'il en faut pour tous les goûts, mais c'est à lire pour se faire une idée!

"Ah! messieurs! si beau qu'il soit il ne vaut pas la Pologne. S'il n'y avait pas de Pologne, il n'y aurait pas de polonais!"

Smokey - Zone 51, Lille - 38 ans - 5 septembre 2008

Tout le monde connait le terme ubuesque alors l'envie de connaitre l'origine d'un mot est toujours intéressante.

Le père Ubu est évidemment caractérisé par tout ce qui se rapproche de ce terme : grotesque, ridicule, caricatural. Ce charmant personnage possède entre autres qualités la lâcheté, la cruauté, la grossièreté, la fourberie, l'égoïsme , l'avarice et une bêtise sans limites. Autant dire que j'ai certainement du oublier quelques autres de ses caractéristiques.

L'histoire est donc celle de ce père Ubu qui veux devenir roi et pour cela il usera de machiavélisme ( trahison entre autres ) et d'une bêtise impressionnante pour parvenir à son but.


Bon le style est surprenant (précurseur du surréalisme ) et outrancier mais il faut reconnaitre que c'est fait avec talent. Et s'il m'a fallu prendre le parti que certains points resteraient obscurs, il faut avouer que j'ai passé un bon moment dans un livre où les règles de la littérature classique sont ébranlées .

Soili - - 51 ans - 17 septembre 2006

A première vue, je pensais que j'avais affaire à du grand n'importe quoi en lisant les pages d'Ubu. Mais c'est oublier qu'Ubu n'est qu'une énorme, ggigantesque caricature. La caricature d'un dictateur insuportable, vulgaire comme ceux que l'on retrouve parfois hélas dans la réalité.

Je suis avant tout un amateur de classiques. Ubu met un peu tout par terre. Quelque part, ça fait du bien, j'aime que mes certitudes soient ébranlées.

Pris en tant que pièce de théâtre, je n'apprécie pas tellement cet ouvrage. Par contre, en tant que caricature, c'est tout simplement superbe.

Fa - La Louvière - 49 ans - 29 août 2005

Jarry
Invoquer le "jeune âge" de Jarry en tant qu'auteur est oublier qu'il s'agit au départ de folklore étudiant, et tout particulièrement de farce de khagneux. On pratique de propos délibéré la caricature, l'outrance, le mauvais goût, par provocation, pour lutter contre "l'esprit de sérieux" et les valeurs établies (littéraires ou sociales). C'est un jeu de massacre qui trouve son terrain d'exercice sur une scène de théâtre ou dans un spectacle de marionnettes. Une mise en scène élaborée doit amener le public à voir le second degré constant, dans ces oeuvres où, notamment, l'égoïsme des dirigeants et les pratiques politiques cyniques (hic, hic) s'expriment à l'état brut. Y voir des rapports avec la "cantatrice chauve" ou "le rhinocéros" est parfaitement logique. Autant dire qu'on trouve avec Jarry les prémices d'un renouvellement fécond des formes littéraires et théâtrales. petite remarque : on aperçoit Jarry dans "les faux-monnayeurs" de Gide, bien dans son rôle de trublion. Le narrateur (Edouard), ou Gide lui-même, ne l'apprécient pas, mais rien d'étonnant ! Ils n'ont pas les "mêmes valeurs" (rire)

Rotko - Avrillé - 50 ans - 24 octobre 2003

Je ne l'avais jamais lu, je l'ai fait et cela ne m'a pas plu du tout. J'ai même dû faire un effort pour le terminer. La caricature est aussi grosse que l'Empire State building et Jarry a bien sûr l'excuse de sa jeunesse quand il l'a écrit. Père et Mère Ubu ne sont pas que des dictateurs, ils sont aussi terriblement cons et pas l'ombre d'un soupçon d'intelligence ne sort de leurs cerveaux. Pour être dictateur il faut plus que cela, mais c'est une parodie bien sûr... La pataphysique a choisi aussi Rimbaud comme maître, mais qui ne l'aurait pas choisi !... Révolutionnaire dans "Une saison en enfer" et dans les "Illuminations" mais aussi génial quant au style et intelligent quant aux idées !... Prévert oui, Vian oui, Queneau oui, mais Ubu, non ! Ce n'est jamais qu'une opinion et j'ai refermé ce livre avec plaisir en sachant qu'il ne risque pas de ressortir bien vite de ma bibliothèque !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 18 octobre 2003

Je pense que comme toute pièce de théâtre elle est mieux à voir jouer qu'à lire. Cependant elle n'est pas désagréable à lire non plus mais c'est vrai que c'est un style assez spécial. Moi je ne la trouve pas exceptionnelle mais je pense qu'Alfred Jarry a fait avancer le théâtre en écrivant tous ces Ubus.

Brunette - Crosne - 44 ans - 5 avril 2002

Je ne l'oublie certes pas, cher Lucien, un de mes auteurs préférés ! Les Pataphysiciens se réclament également de Rimbaud qu'ils considèrent comme un précurseur. Une grande exposition sur la pataphysique aura lieu à Bruxelles en octobre 2002. Ceux que ça intéresse, n'hésitez pas à m'en demander plus.

Patman - Paris - 62 ans - 8 mars 2002

D'accord avec toi, Patman. C'est vrai que certains livres sont perçus incomplètement s'ils sont lu très tôt, trop tôt. Ce qui est paradoxal, c'est que cette pièce, difficilement appréciée par de nombreux jeunes, a pourtant été rédigée par Jarry, au départ, comme une farce de potache, une énorme caricature dirigée par le petit Alfred, aux alentours de quatorze ans, contre l'un de ses professeurs... Ce qui est fascinant, c'est que cet auteur absurde jusque dans sa mort (une chute à bicyclette...) a donné naissance à un mouvement, la 'Pataphysique, dont l'un des représentants oubliés par Patman n'est autre que Boris Vian. La 'Pataphysique, "science des faits exceptionnels" : Boris Vian disait : "J'ai toujours dans mes classements un tiroir intitulé 'Choses inclassables ailleurs'". Ou encore : "Il n'y a pas que la logique aristotélicienne, celle du blanc et du noir... si une chose n'est ni noire ni blanche, elle peut être aussi d'un tas d'autres couleurs. Enfin, ce n'est pas seulement 'oui', 'non' ou 'peut-être', même ces trois valeurs-là sont bien insuffisantes." Tout cela, ce refus de la pensée conforme, ce refus du politiquement correct est chez Jarry, dont on a aussi tiré un adjectif qui a fait fortune, notamment dans le domaine politique : "Ubuesque..."
Ubu, c'est donc la bêtise triomphante, et parler de racisme relève d'une lecture un peu rapide ; quand Ubu s'écrie : "Tas d'Arabes", il étale une bêtise aussi lourde que son énorme cul. Cette bêtise, c'est celle d'Ubu, c'est celle de tous les dictateurs d'opérette depuis Macbeth qu'Ubu plagie; pas celle de Jarry, dont toute l'entreprise aura été de lutter précisément contre la "machine à décerveler". Lutter contre "les applaudissements imbéciles et les huées fanatiques" avec ce courage que Jaurès définissait : "ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe". Il est, aujourd'hui, d'autres cibles à notre indignation... Et MERDRE!

Lucien - - 69 ans - 8 mars 2002

Aïe Aïe Aïe ! T'as pas aimé! Merdre de Merdre ! Certes, cent ans ont passé et il est peut-être un peu difficile aujourd'hui de comprendre et d'apprécier à sa juste valeur l'immense auteur qu'était Jarry. Imaginez un peu l'impact et le scandale qu'ont soulevé cette pièce à sa création. 100 ans plus tard, le mouvement Pataphysicien existe toujours, sans Jarry aurions nous eu Queneau, Prévert, Blavier et tant d'autres qui ont rués dans les brancards de la littérature bourgeoise et empoussiérée ! Fais moi plaisir Lolita, relis ça dans quelques années, tu comprendras sûrement bien des choses qui t'échappent aujourd'hui (et c'est bien normal !) Des auteurs comme Ionesco, Obaldia, Arrabal, Queneau (encore lui !) me semblaient vulgaires et, n'ayons pas peur des mots, un peu cons quand j'avais ton âge. 5 ans plus tard, je ne jurai plus que par eux! Vive Ubu, Vive Jarry, Vive la Pataphysique !

Patman - Paris - 62 ans - 8 mars 2002