For King and Country
de Brian MacArthur

critiqué par Oburoni, le 4 novembre 2010
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Pour le Roi et la Couronne !
Publié en 2008 pour marquer les 90 ans de l'Armistice, "For King and Country" est une anthologie qui nous permet de découvrir la Première Guerre mondiale à travers les témoignages de ceux qui en ont fait l'expérience directe, au front ou pas.

En effet si l'auteur, se concentrant délibérément sur le front ouest et Gallipoli, nous donne a voir la vie dans les tranchées (le cauchemar meurtrier, les atrocités indescriptibles d'une boucherie humaine pourtant entrecoupée de moments émouvants -des matchs de football joués entre les lignes aux funérailles du Baron Rouge, inhumé avec un profond respect par ses "ennemis" britanniques) le choix de certains textes nous montre, aussi, la vie à l'arrière. Les souvenirs de femmes ayant travaillé dans des usines de munitions, des articles de journaux décrivant la vie à Londres, appesantie par la guerre et bombardée, esquissent alors les bouleversements sociaux qui se profilent.

Chaque chapitre étant dédié à une année, que Brian MacArthur introduit brièvement, le livre, riche en sources diverses (lettres, poèmes, chansons, discours etc...), principalement britanniques mais pas seulement (américains, français et allemands ont aussi la parole) fait défiler toute une époque avec sa mentalité, son état d'esprit, devenu complètement incompréhensible pour des lecteurs d'aujourd'hui.
En effet le succès des propagandes nationalistes peut être difficile à saisir, et pourtant ! Il est celui qui envoie toute une génération, parfois des adolescents tout juste sortis de l'école, se faire faucher sans question au nom de leur pays et de leur roi. Il est aussi celui qui, à l'arrière, rend des jeunes filles toutes fières d'insulter des hommes, de les humilier publiquement parce qu'il ne portent pas l'uniforme, en leur offrant des plumes blanches, symbole de "lâcheté" (l'Ordre de la Plume Blanche -The Order of The White Feather- rassemblera plus de 20 000 membres). C'est que la société, tout comme la justice militaire, est sans pitié pour les objecteurs de conscience, déserteurs et mutins, comme le reflètent les témoignages de ces derniers, rassemblés ici aussi.

Un livre fort, tellement chargé en émotions qu'il met parfois au bord des larmes mais qui, en plus d'être une photographie de ces quelques années d'Histoire, est une leçon donnant à voir ce que sont bien trop souvent la plupart des guerres : d'une futilité affligeante.

Le choix d'un poème de Rudyard Kipling, qui avait perdu un fils dans ce conflit, conclut superbement le recueil :

"If any question why we died,
Tell them, because our fathers lied."