Loin de la foule déchaînée
de Thomas Hardy

critiqué par Biggy, le 4 novembre 2010
(Canterbury - 44 ans)


La note:  étoiles
Une belle histoire d'amour
Quelques années après avoir lu "The white Peacock", je me surprends à lire un nouveau roman d'amour anglais, un classique une fois de plus.
Et.. comme avec D.H.Lawrence, c'est une bonne surprise. Les personnages sont intéressants, il y a des scènes plutôt amusantes (Ex: Lorsque les moutons se meurent et Bathsheba se laisse convaincre que Oak est le seul homme qui peut la sortir de cette mauvaise passe) et d'autres extrêmement tragiques (Ex: le retour de Fanny). Les ingrédients pour un roman réussi sont sans aucun doute réunis et la description de la vie pastorale est excellente.
Mais ce que j'ai apprécié le plus se trouve être la réflexion autour du mariage que génère la lecture de l'oeuvre. Contrairement à certaines idées reçues, la philosophie derrière cette histoire reste d'actualité.
Je ne vais pas en dire plus mais je ne peux que recommander ce bouquin. Il est intelligent, bien écrit et se dévore rapidement. Au surplus, pour les gens peu familiers avec le mode de vie anglais, il est une bonne source d'information ;o)
Loin de la foule, pas de son déchaînement 8 étoiles

"Far from the madding crowd" est le roman qui permit à Thomas Hardy de connaître suffisamment le succès pour se détacher progressivement de l'architecture et se consacrer davantage à l'écriture. Initialement paru en 1874 sous forme d'une série mensuelle dans le "Cornhill Magazine", ce récit se déroule dans le comté mi-fictif, mi-réel du Wessex (inspiré par sa région natale du Dorset).

Une histoire à replacer dans son contexte social et culturel, bien évidemment. Hardy dépeint non seulement les mœurs de la vie rurale anglaise, mais également les caprices des relations sentimentales (sans compter ceux de la gent féminine) dans son époque encore très fortement imprégnée par les convenances, ce qui rend son héroïne particulièrement marginale. Entre la solide constance de Oak (qui porte si bien son nom), la passion anxieuse de Boldwood, l'inconséquence séductrice de Troy, la femme se forge, se découvre, souffre et se renforce, se construit. Bathsheba, qu'elle soit touchante ou exaspérante, a un caractère remarquable. C'est un personnage intriguant, orgueilleux, multiple, volontaire, à la fois fort et fragile, pouvant sortir le masque de la froideur comme exprimer une grande sensibilité. Réflexions sur l'amour, la communauté, le mariage, "Loin de la foule déchainée" a un charme discret et puissant en même temps. On sent l'affection profonde de Hardy pour sa région, la nature paisible ou imprévisible, la complexité humaine. Sa poésie transparait dans le regard qu'il porte à l'environnement et aux êtres qu'il anime.

Considéré comme le plus lumineux des romans de Hardy, il est pourtant jalonné de violence, de trahison, de symbolisme érotique, de tension, de folie. Moins sombre et controversé que "Tess d'Uberville" ou "Jude l'Obscure", on sent néanmoins déjà le fatalisme propre à l'auteur faire son apparition.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 8 avril 2016