Maison d'été, plus tard
de Judith Hermann

critiqué par Dirlandaise, le 1 novembre 2010
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
La nostalgie de ce qui aurait pu être
Recueil de neuf nouvelles d’une jeune auteure berlinoise dont c’est le premier livre. Il a d’ailleurs connu un vif succès en Allemagne car plus de deux cent mille exemplaires se sont vendus. Il s'agit de rencontres, d'attirances irrésistibles qui n’aboutissent pas, d'amitiés naissantes qui meurent avant même d’avoir eu le temps de s’épanouir, de questionnements qui demeurent sans réponse, d'êtres qui se cherchent, se frôlent, se haïssent, s’aiment sans oser se l’avouer, se déchirent, se rapprochent pour mieux se quitter, de jeux de séduction qui ne débouchent souvent que sur le vide, de rêves inavoués, de désirs inassouvis, de vies brisées, le tout porté par une écriture fine, élégante, d’une sensibilité extrême, une écriture douce et mélancolique. Car le livre respire la mélancolie, l’attente, la nostalgie de ce qui n’est plus ou aurait pu être mais n’a jamais vu le jour.

Les nouvelles que j’ai préférées sont « La fin de quelque chose », « Sonia » et « La musique de Hunter Tompson » parce qu’elles évoquent la vieillesse, la solitude, le rapprochement souvent très laborieux et presque impossible entre deux générations que tout sépare, l’amour que l’on croît solide et durable et qu’une rencontre impromptue vient tout bouleverser, la mort, le vide affreux de certaines vies, la folie.

Je tiens cependant à souligner « Maison d’été, plus tard » qui, plus que toutes les autres, expose avec justesse l’incommunicabilité qui domine souvent les relations amoureuses des jeunes adultes et la difficulté d’intégration qu’éprouvent les êtres différents non seulement en raison de leur origine sociale mais aussi leurs désirs et aspirations. C’est un très beau texte, décrivant avec justesse la souffrance secrète et inavouée habitant le personnage principal qui sous des dehors d’original et de tombeur, dissimule sa défaite et son échec amoureux. Une nouvelle tragique comme toutes les autres car le bonheur est soit absent, soit bien éphémère dans la vie de ceux qui peuplent ces récits empreints de tristesse et de regret.

Une seule nouvelle ne se situe pas en Allemagne mais se passe à New York. Il s’agit de « La musique de Hunter Tompson ». J’ai aussi beaucoup apprécié les références au chanteur Tom Waits que j’idolâtre. Une de ses citations se retrouve d’ailleurs comme épigraphe de ce recueil.

Judith Hermann a écrit depuis un autre recueil de nouvelles intitulé « Rien que des fantômes », titre très évocateur je trouve.
"Le bonheur, c'est toujours l'instant qui précède, la seconde qui précède le moment où je devrais vraiment être heureux." 6 étoiles

Ce recueil de nouvelles laisse un petit goût amer. Judith Hermann a mis en scène divers personnages qui ont tout de même des points communs. Malgré la promiscuité avec d'autres individus, ils semblent seuls, parfois incompris, en quête de quelque chose sans pouvoir l'atteindre. L'amour semble éphémère ou fragile parfois. Les discussions sont empreintes d'une certains banalité qui donnent un côté naturel à ces nouvelles. Les personnages semblent incapables de changer l'état dans lequel ils sont. Ils ne vivent pas des péripéties exceptionnelles, mais liées au quotidien. Le lecteur pourra se reconnaître parfois dans certaines situations ou transposer certaines scènes dans son vécu.
Je suis d'accord avec la description de la critique précédente, même si j'ai été moins séduit par le recueil.

J'ai beaucoup aimé "Corail rouge", le nouvelle qui ouvre ce recueil, mais aussi "La musique de Hunter Tompson" et "Maisons d'été, plus tard". Certains personnages veulent renouer avec le passé, sans parvenir à le changer. Les personnages semblent parfois en inadéquation avec les événements. J'avoue que certaines nouvelles m'ont aussi ennuyé. Il est vrai que dans ces textes, ce sont souvent les non-dits qui sont plus importants, mais je n'ai pas été emporté par cette narration. Cette écrivaine rencontre pourtant un certain succès en Allemagne et ce recueil a été fort apprécié. Je n'ai pas eu la chance de tomber sous le charme de ces textes, ni séduit par l'écriture. Les goûts et les couleurs ...

Je reconnais des qualités à ces nouvelles, mais elles ne resteront pas gravées dans ma mémoire.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 23 décembre 2023