Les sortilèges du Cap Cod
de Richard Russo

critiqué par CC.RIDER, le 31 octobre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Roman intimiste et psychologique
Professeur dans une université peu réputée du Connecticut après avoir été scénariste de sitcoms à Hollywood, Jack Griffin est à un tournant de sa vie. Rien ne va plus avec son épouse Joy. Les voilà sur le point de se séparer. Ils se retrouvent à l’occasion d’un mariage au cours duquel il semble impossible de recoller les morceaux. Tous deux sont prêts à refaire leur vie avec de nouveaux compagnons. Pour ne rien arranger, Jack vit très mal la mort de ses parents. Il se retrouve avec l’urne des cendres de son père dans le coffre de sa voiture et est incapable de les disperser. Joy regagne le Connecticut alors que Jack part à Los Angeles pour tenter de redémarrer sa carrière de scénariste. Un an plus tard, le mariage de leur fille permettra-t-il de changer la donne ?
Un roman intimiste et psychologique du grand auteur qu’est Richard Russo. Le style est magnifique, flamboyant. Les analyses pleines de finesse et d’intelligence amènent à se poser mille questions sur le temps qui passe, les amours qui se fanent, la famille qui se délite et les couples qui se défont après avoir rêver de l’amour toujours. Un livre mélancolique et tendre parfaitement réussi mais auquel il manque l’arrière-plan social qui fit le succès de ses deux chefs d’œuvres « La chute de l’Empire Whiting » (Prix Pulitzer) et « Quatre saisons à Mohawk ». Mais il est toujours difficile, voire impossible pour un auteur de se maintenir au sommet une fois qu’il l’a atteint.
L'été des Browning 7 étoiles

Septième roman de Richard Russo, Les sortilèges du Cap Cod est une oeuvre d’introspection.
Griffin était enfant unique d'un couple d'enseignants universitaires. Arrivé à l'âge adulte il traîne les boulets de ses souvenirs. Il y a cet été, ces curieuses vacances à la côte, cette famille... les Browning, des gens différents, simples, rieurs, partageurs. Cette famille sera le jour zéro, le jour où commence chez Griffin le chemin qui conduit à la compréhension de soi. Non, il n'est pas heureux, oui, ses parents le considèrent comme un objet encombrant.
Maintenant il est un homme, il aime son épouse Joy mais là encore les souvenirs de cette enfance polluent tout. Incapable de trouver un endroit approprié pour les cendres du père, il se promène avec l'urne funéraire dans sa voiture, comme si il ne parvenait pas vraiment à couper ce lien invisible.
Et puis la mère. Vivante elle était caustique, acerbe, égoïste. A son décès elle devient encore plus bavarde donnant ses opinions sur tout et surtout quand Griffin a du mal à s'endormir. Les nuits deviennent des arènes, privé de sommeil l'homme s'effondre.



En conclusion : pas plus facile à lire des romans de Russo, parfois un combat pour s'accrocher.

Monocle - tournai - 64 ans - 22 février 2017


Un roman agréable 7 étoiles

Les sortilèges du Cap Cod était le dernier roman qui me restait à lire de Richard Russo. Me suis-je donc garder le meilleur pour la fin ? Pas vraiment même si cet ouvrage n’en reste pas moins une bonne lecture.
A l’image des autres critiques il manque « l’arrière plan » que l’on retrouve dans l’ensemble de son œuvre, notamment le côté social, le reflet de l’autre Amérique bien loin de l’American dream. L’histoire se recentre sur son personnage central, un universitaire en pleine crise de la cinquantaine dont le couple va lentement se désagréger.
Réflexion sur les relations humaines, la vie de couple, la relation enfant/parents, l’amitié, les aléas de la vie. J’ai retrouvé avec plaisir cette vitesse de croisière propre à cet auteur, une certaine lenteur mais sans perdre l’intérêt du lecteur, du moins pour moi. Lire Richard Russo constitue toujours un moment agréable et paisible sans pour autant basculer dans la niaiserie ou le degré zéro de la réflexion.
Un Russo un ton au dessous des autres romans de ce grand romancier mais une lecture qui vaut tout de même le fait de se laisser tenter.

Sundernono - Nice - 41 ans - 17 octobre 2016


L'urne et l'autre 6 étoiles

Effectivement, Jack Griffin est à un tournant de sa vie, il rejoue le film de sa vie en tentant de baliser les sentiers qui l'ont conduit à être ce qu’il est devenu au fil du temps. Ses parents étaient des enseignants incapables de lui enseigner quoi que ce soit qui puisse lui permettre de trouver une quelconque stabilité durant son enfance. Son père, emboutisseur de voiture et sa mère fantasque, l’ont trimbalé sans répit de maison en maison sans jamais parvenir à construire quoi que ce soit malgré leurs promesses, sans cesse réitérées, d’un avenir radieux.

Jack s’est lancé à son tour dans l’enseignement, avant de bifurquer vers le métier de scénariste avec son ami Tommy. Sans relâche, ils vont trimer pour écrire des scénarios qui la plupart du temps finiront dans la poubelle des producteurs.

Malgré le serment du bonheur conjugal éternel passé entre lui et sa femme, l’érosion des sentiments a fini par avoir raison de leur passion. Désormais il navigue à vue au sein de sa propre existence, hanté par les échecs accumulés. L'urne funéraire de son père soigneusement installée dans le coffre de sa voiture (refuge ultime avant la séparation qu'il repousse sans cesse) et les appels téléphoniques acrimonieux de sa mère qui ne cesse de le harceler à propos de tout et surtout de rien, attisent les souvenirs d'une enfance langoureuse dont il conserve encore la marque indélébile.

Comme l’ont si justement dit CC.RIDER et Tannenguy, ce roman est profondément intimiste et psychologique. L’auteur dépeint avec beaucoup de minutie et de sensibilité un personnage pris au dépourvu par les événements de sa vie fracassée. L’écriture est subtile mais manque de souffle, l’ensemble devient poussif au fil des chapitres, trop vite s’installe une envie de laisser tomber la lecture de ce roman, mais malgré tout (tout comme Jules), je ne suis pas parvenu à le lâcher. Il y manque ce côté critique sur la société abordée, avec beaucoup de fraîcheur et d’humour, dans les premiers ouvrages de Richard Russo (je pense notamment à "la chute de l’empire whiting" et à "un homme presque parfait"). Reste tout de même un roman agréable à lire.

Heyrike - Eure - 57 ans - 6 novembre 2013


Une bonne surprise ! 8 étoiles

A la lecture des critiques précédentes, je n’étais pas tentée de lire « Les sortilèges du Cap Cod ». Et puis on me l’a prêté. Et heureusement ! Sinon je ne l’aurais probablement jamais lu et c’aurait été dommage.
Un livre en 2 parties : 2 mariages au cap Cod. Autant la première partie est « classique », un roman sur des universitaires américains, des couples qui se forment (ou non..), autant la seconde est un véritable plaisir de lecture. Certains passages m’ont fait pleurer de rire et c’est –beaucoup trop- rare …

Ludmilla - Chaville - 69 ans - 7 mars 2011


Terriblement lent et introverti 6 étoiles

Je trouve que Tanneguy a tout à fait raison dans sa critique. La sensation de tourner en rond est très fréquente dans ce livre totalement psychologique.

C'est un fait qu'il est bien écrit mais c'est un peu tout. Champion des actes ratés par des personnages qui ne savent pas où ils vont et, pire, où ils voudraient aller.

Des parents qui n'en sont pas, eux mêmes copie d'un gabarit identique. Connaissez-vous beaucoup de gens qui trimbalent les cendres de leurs parents dans leur coffre et n'arrivent pas à s'en séparer ?... Tout un programme pour un psy !

J'ai aimé "Le pont des soupirs" mais ici nous en sommes loin !

Un lire qui ne vous retient pas et pourtant je ne suis pas arrivé à l'abandonner. De là à dire que je le conseille !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 22 février 2011


Un intérêt très limité... 5 étoiles

Je n'ai pas réussi à "rentrer" dans ce récit décousu, narcissique ; les moeurs américaines, particulièrement dans le milieu enseignant, sont particulières mais ne passionnent pas forcément un européen étranger au monde universitaire. N'est pas Philip Roth qui veut.

Le livre est assez bien écrit, c'est vrai, mais cela ne suffit pas de mon point de vue...

Tanneguy - Paris - 85 ans - 15 janvier 2011