Camino
de Françoise Houdart

critiqué par Lucien, le 6 mars 2002
( - 69 ans)


La note:  étoiles
"Vers quel bonheur suis-je en train de marcher?"
Françoise Houdart est née et vit à Boussu. Elle écrit comme elle respire. Après avoir publié plusieurs recueils de poèmes, elle a donné le jour à sept romans. «Camino» est le troisième. Camino, le chemin. Le chemin des Pèlerins qui, depuis des siècles, marchent vers Santiago. Camino, le chemin de Compostelle.
«Camino», c'est d'abord l'histoire de ce voyage accompli après beaucoup d'autres par François. Ce voyage accompli pour la première fois de «sa» vie par François de Colfontaine. «Camino», c’est l’histoire des noces d'un homme et de la terre ; c'est l'histoire d’un dialogue entre un homme et son Amie, sa Loulou restée au pays ; c'est l'histoire d’une naissance. Car François naîtra, renaîtra au monde, à lui-même, au chemin, aux autres, à cette «étrange présence» qui l'accompagne. Naissance. Un thème omniprésent dans l’oeuvre de Françoise Houdart qui explore depuis une douzaine d'années les étapes de la vie d'une femme «qui n’est chaque fois ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre», de la petite fille de «La part du feu» à la femme mûre de «Femme entre quatre yeux». Naissance. La vie reçue, la vie donnée. Naissance et renaissance, «rebirthing», comme cette renaissance dans les ruines d’un château Renaissance (dans «Belle-Montre», son dernier roman), comme dans ce «Camino» où c’est un homme, pour une fois, qui renaît : «Faire l'amour, François, avec ton Chemin, c'est une promesse de naissance. La tienne!» «La seconde naissance, c'est là-bas qu'elle se produira, au terme de cent jours de grossesse.» Cent jours… les cent jours de ce voyage sur un chemin de deux mille kilomètres : «temps et espace sans limites».
De Vézelay au Puy ; de Conques à Moissac ; de Cahors à Saint-Jean-Pied-de-Port ; de Roncesvalles à Burgos ; de León à Santiago. Cent jours de marche sac à dos, sur les chemins de grande randonnée, pour jeter à son tour son caillou au pied de la Cruz de Ferro.
Cent jours, et mille ans. «Tout à coup, sans expliquer le prodige, remontent à la surface et se superposent toutes les époques du Chemin. Et ce sont des milliers de pèlerins en marche, pénitents ou prêcheurs qui se pressent au pont…» Le pont… ce passage vers l'ailleurs qu'il faut franchir comme ces milliers d'autres hommes. «Et du premier parti au tout dernier qui partira, le temps, finalement, n’aura été qu’un passage de flambeau d'une main qui s’éteint à une autre qui s'ouvre.»
«Camino». faute de prendre notre sac à dos, nous aussi pouvons parcourir le chemin, notre chemin, grâce aux mots de Françoise Houdart.