L'entravée: Requiem pour Linda B.
de Ismail Kadare

critiqué par Jules, le 22 octobre 2010
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une histoire étrange
Un nouveau Kadaré cela ne se rate pas. L’ensemble de l’œuvre de cet auteur s’oppose aux dictatures et il fait fréquemment appel à la mythologie grecque qu’ils estime tout autant faire partie de l’Albanie.

« L’Entravée » me semble cependant assez différente de ses autres livres, même si c’est à nouveau la dictature qui est en fond.

Nous sommes habitués à un Kadaré merveilleux conteur avec des textes très bien écrits et plutôt faciles à suivre. Ici, c’est assez différent.

Nous mettons du temps à comprendre où son histoire veut nous mener.

Il y a trois personnages principaux dont un qui n’interviendra presque pas, ou très tard et courtement. Rudian est un écrivain albanais encore jeune spécialisé dans les pièces de théâtre. Au tout début de l’histoire il se voit convoqué par un comité pour répondre de certains de ses actes. Sa dernière pièce n’a pas encore fait l’objet d’un accord du pouvoir et il suppose que là se trouve la raison de cette convocation. Néanmoins la chose est bizarre puisque normalement ce serait au Comité des écrivains à intervenir pour ce genre de chose.

Mais il sera tout à fait étonné d’apprendre où réside le problème ! Sa convocation vient du fait qu’il a dédicacé sa dernière œuvre à une jeune fille qu’il croit être Linda B. Or, il n’en est rien ! Il apprend que cette dédicace lui avait été demandée par une certaine superbe jeune fille au nom de Magina, meilleure amie de Linda b. Elle deviendra d’ailleurs bien vite sa maîtresse.

C’est là que tout commence à se compliquer. Celle-ci a un comportement pour le moins bizarre. Elle semble souvent affolée, pleure et disparaît souvent pour plusieurs jours. Mais qui est Linda B. et pourquoi une dédicace à une jeune fille qu’il ne connaît même pas peut elle lui valoir cette convocation ?

Il apparaît que cette Linda B,. et toute sa famille, est assignée, d’où le titre « L’entravée ». Il lui est totalement interdit de se rendre à Tirana. Or elle en rêve et se dit follement amoureuse de Rudian qu’elle a vu à la télévision. Aussi a-t-elle demandé à sa grande amie Magina d’y aller, de rencontrer Rudian pour elle et d’obtenir une dédicace de lui.

Vient aussi tout un mystère de mammographie fait par les deux filles, aussi jeunes soient-elles. Pourquoi ?...

L’histoire commence sous le régime dictatorial mais se terminera alors que celui-ci se sera effondré. Linda B. rencontrera-t-elle enfin Rudian à Tirana ? Découvrira-t-elle ce qui s’est passé entre Rudian et Magina ?

A vous de le découvrir…

L’écriture de Kadaré reste aussi belle que d’habitude mais il convient d’avouer qu’il nous a habitué à des histoires qui se déroulent plus simplement. Cela n’en reste pas moins un bon livre.