La tentation du christianisme
de Luc Ferry, Lucien Jerphagnon

critiqué par Béatrice, le 20 octobre 2010
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Limpide
En quoi consiste la rupture entre paganisme et christianisme ? Pourquoi le christianisme a fini par s’imposer ? Deux conférences à la Sorbonne tentent d’y répondre.

Le propos de Luc Ferry démarre sur une mise en perspective en trois temps : mythologie grecque – philo stoïcienne – rupture opérée par le christianisme. Les pages sur la mythologie grecque sont d’une remarquable clarté.
Principale rupture de la pensée chrétienne : le divin va s’incarner dans un humain. Cela était inconcevable pour les stoïciens, car pour eux « c’est l’ordre cosmique qui est divin, pas telle ou telle personne, si éminente soit-elle ».

Une autre rupture sur le plan éthique, évoquée via la parabole des talents : ce qui compte, ce n’est plus ce qu’on a reçu au départ, mais ce qu’on en fait.
Pour finir, Ferry revient sur un de ses thèmes préférés, le salut.

Du propos de Jerphagnon j’ai retenu notamment deux idées :
- la religion païenne à Rome : « entre les dieux et les hommes, c’était toujours le donnant-donnant »
- en revanche, pour le Dieu de chrétiens, un être humain comptait ; la vie de chacun recevait tout à coup une signification particulière, donc une revalorisation de toute personne

Un texte précieux pour ceux qui s’intéressent aux débuts du christianisme ; le tout sur une centaine de pages.
Pourquoi le christianisme 8 étoiles

Luc Ferry et Lucien Jerphagon nous expliquent comment le christianisme a réussi à remplacer le paganisme. Au-delà de l'aspect historique, ils analysent les raisons qui ont conduit la religion nouvelle à l'emporter sur ses rivales. On apprécie le retour sur les ressorts de la mythologie ancienne et de la philosophie grecque, qui, s'adressant à une élite cultivée, délaissait le champ des petites gens. C'est auprès d'eux que le christianisme a trouvé son premier terreau. Plus tard, au contraire, c'est auprès des campagnards que le paganisme a réussi à survivre durant presque un millénaire. Somme toute, le christianisme comblait un manque ontologique: la promesse d'une renaissance.
Que d'échos avec le retour en grâce des religions de salut au XXIe siècle!

Icynico2000 - - 53 ans - 6 août 2013