Meurtre au comité central
de Manuel Vázquez Montalbán

critiqué par Guigomas, le 18 octobre 2010
(Valenciennes - 54 ans)


La note:  étoiles
Carvalho chez les camarades
Manuel Vasquez Montalban est un écrivain catalan né en 1939 et mort en 2003. Il a beaucoup écrit, notamment une série de romans noirs mettant en scène Pepe Carvalho, détective privé de Barcelone, revenu de tout sauf de la gastronomie (en particulier catalane), qui n’hésite pas à se cuisiner un cocido pour lui tout seul en allumant invariablement son feu avec un livre puisé dans sa bibliothèque.

Carvalho, ce Galicien installé à Barcelone, amoureux de cette ville et de ses Ramblas, est engagé par le comité central du PCE pour enquêter sur l’assassinat du secrétaire général d’icelui, à Madrid. Un véritable exil pour un catalan, une enquête difficile, au milieu de barbouzes en tout genre, au cœur d’un parti passé depuis peu de l’ombre à la lumière dans une Espagne à la démocratie vacillante.

Car nous sommes en 1980, l’Espagne telle que nous la connaissons a 5 ans. A cet âge on n’est pas encore bien assuré sur ses guiboles, on trébuche facilement (d’ailleurs les plus chenus se souviennent sans doute du coup d’état du 23 février 1981 qui avait vu un colonel en chapeau d’apparat débouler l’arme au poing dans l’assemblée des Cortès dans une tentative assez vite avortée de prendre le pouvoir – pour les autres : http://www.journaldutemps.com/24-fevrier-1981)

Carvalho mène donc l’enquête au sein de ce parti communiste longtemps clandestin, dont tous les membres ont connu les prisons franquistes. Ayant été lui-même communiste et emprisonné, il retrouve d’anciens camarades mais également le commissaire Fonseca, tortionnaire en chef du régime franquiste resté en fonction sous la démocratie. Drôle d’ambiance dans l’Espagne de ces années-là, il n’y a que trente ans… Rien que pour ce témoignage historique, ce roman vaut la peine.

Les camarades que va rencontrer Carvalho sont des hommes attachants, courageux, qui ont sacrifié leur vie à un idéal. Ils ont du mal à passer de la clandestinité au statut de parti de gouvernement potentiel, du mal aussi à sortir de la dialectique. Lu avec 30 ans de recul, certains passages sur l’avenir du communisme font très mal et donnent une idée du crèvecoeur qu’ont du être les années 90 pour les vieux militants arrivés au terme d’une vie de lutte.

On peut regretter parfois une certaine confusion dans les dialogues qui fait qu’on ne sait plus très bien qui dit quoi, quelques discours très ardus sur la stratégie du PCE dans les années 80, mais dans l’ensemble un bon roman, très surprenant dans le sens où l’action nous est proche dans le temps et l’espace mais elle apparait tellement lointaine !