Vol au-dessus d'un nid de coucou
de Ken Kesey

critiqué par Bookivore, le 17 octobre 2010
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
"One flew east, one flew west, and one flew over the cuckoo's nest"
Ken Kesey, mort en 2001, leader de la fameuse troupe de hippies (avant l'heure) azimutés des Merry Pranksters (voir le livre "Acid Test" de Tom Wolfe, qui en raconte l'odyssée vue de l'intérieur, pour plus d'informations), était un des pionniers (avec Jerry Rubin, Timothy Leary, Hunter S. Thompson et les écrivains de la Beat Generation) de la contre-culture. Mais c'était surtout un écrivain, qui, en 1962, a publié son premier roman, "Vol Au-Dessus D'Un Nid De Coucou", roman dont le titre fait allusion à une comptine (les trois derniers vers en titre de chronique), et qui est une parabole sur la folie. Le 'nid de coucou' du titre, c'est un pavillon psychiatrique dans lequel Kesey a bossé un temps, de nuit, et dans lequel il a pu constater la folie.
Randle Patrick McMurphy, immortalisé par Nicholson dans le mémorable film que Milos Forman a tiré du livre en 1975 (Kirk Douglas avait déjà joué le rôle sur scène en 1963, Bernard Tapie le reprendra en 2000, et avant lui, en 1974, Michel Creton), est un loubard, un homme qui, pour éviter de purger sa peine en ferme-prison, se fait passer pour fou. Interné dans un asile, il va découvrir la vraie folie, voir que les patients sont opprimés par l'autorité médicale (Chief Nurse), et il va tenter de les éveiller, de les faire se révolter.
L'ensemble du roman est vu des yeux, non pas de McMurphy, mais de Chief Broom, un Indien (Will Sampson dans le film) qui ne parle pas, et passe son temps à balayer les couloirs. Vu d'un point de vue extérieur, McMurphy devient une sorte d'icône christique, dont l'issue est par ailleurs, elle aussi, terriblement christique. Quiconque a lu le roman ou vu le film sait de quoi je veux parler, et de ce qui se passe à la fin.
Un roman passionnant, acclamé en son temps, une oeuvre majeure de la littérature américaine de son époque. Inoubliable. Dommage qu'on le trouve difficilement, actuellement, en magasins...
Révolté 9 étoiles

Ce que j'ai aimé de ce roman c'est le côté ''révolté'' des personnages. Car, oui, ils étaient révoltés d'être opprimés par le système hospitalier. Ils ont trouvé leur voix à travers McMurphy qui, lui, les défendait à sa façon contre Ratched, l'infirmière-chef dictateur. Seul petit bémol : l'auteur emploi le mot nègre pour désigner un infirmier noir. Mais, dans l'ensemble, le roman est quand même excellent. Il me reste à voir le film.

Windigo - Amos - 42 ans - 31 janvier 2020


toujours aussi bien 9 étoiles

J'ai relu le livre et je l'ai encore plus aimé que la première fois (mais ça fait 30 ans, ça doit y faire aussi......) On peut remplacer, comme le fait tellement bien l'indien, l'hôpital par la société: si vous ne marchez pas droit comme tout le monde, si vous êtes une menace: on s'occupe de vous!!

Joanna80 - Amiens - 68 ans - 28 septembre 2015


Mon hymne à LA LIBERTE. 10 étoiles

Un des 2 livres que je relis régulièrement.

Outre ces "Lettres de Sacco et Vanzetti" qui, malgré mes termes qui choqueront les libertaires accrochés à leurs... principes, est donc ma "Bible" de combat pour la justice, la liberté de pensée, ce "Vol..." en est l'indispensable complément depuis de très nombreuses années et, ce, bien que Kesey en ait renié ce qu'il y défend.

Contre la bien-pensance,
Contre tout enfermement,
Contre tous ces autocrates du politiquement correct,

Libérez vos esprits,
Redonnez libre vie à vos idées,

Volez "au-dessus de (leurs)" nids de coucous!

Provisette1 - - 12 ans - 25 octobre 2014


La loi de McMurphy 7 étoiles

Tous les jours à la même heure, Bromden passe le lave-pont dans les couloirs en évitant soigneusement les "moricauds" qui ne manquent jamais une occasion de se moquer de lui en l'appelant "Le Chef du Balai". Son père était le chef d'une tribu Indienne qui vivait non loin de la ville de Dalles, la rivière bordant le village procurait l'essentiel de la nourriture. Au fil du temps le jeune Browden a vu les conditions de vie de son peuple se dégrader. L'alcool, les lumières de la ville et les assauts des spéculateurs immobiliers ont eu raison de la cohésion de la tribu désormais absorbé par la mémoire de la rivière.

Bromden fait partie des anciens de l'hôpital psychiatrique, il a été classé dans la catégorie des Chroniques (les irrécupérables), chaque jour il observe attentivement ceux qui occupent l'autre partie de la salle commune, ceux qui ont été classés dans la catégorie des Aigus (les récupérables). S'étant fait passer pour sourd et muet, il peut à loisir collecter toutes les informations qui circulent dans le service de Miss Ratched, la Chef, qui a instauré une discipline militaire et mène une campagne d'inquisition lors de séances où sont réunis les Aigus afin qu'ils confessent leur tares et dénoncent celles des autres.

Bromden entend les vrombissements permanents de la machine à brouillard dissimulée derrière les murs. Quand certains patients partent à la dérive, la Chef leur prescrit une petite décoction d'électrochoc, histoire qu'ils ne fassent pas d'histoires. Bromden y a un abonnement gratuit, et semble-t-il à vie, régulièrement il reçoit sa dose qui le laisse durant plusieurs jours à quai. Bromden, 1.90m et baraqué comme un catcheur, a peur de tout, la moindre chose le plonge dans des frayeurs interminables. Souvent il repense à son enfance et à tout ce qui, déjà à l'époque, l'angoissait.

Lorsque Mc Murphy débarque dans le service de la Chef, le monde de Bromden, et celui des Aigus, s'en trouvent bouleversés. Un véritable Big-Bang, qui provoque des secousses telluriques dans les souterrains de la théorie psychiatrique mise en place de longue date par les médecins et à laquelle la Chef voue un véritable culte tout en y apportant sa touche très personnelle. Car ici on traite les malades comme des objets à recycler. Triage, nettoyage et remise en circulation dans le système normalisé d'individus dûment estampillés aptes à s'insérer dans le grand mouvement de la mécanique sociétale où ils pourront fonctionner à merveille.
Mc Murphy en avait plus qu'assez de la ferme prison où il croupissait dans l'ennui des journées consacrées aux corvées qui le rendaient dingue, aussi préféra t-il le devenir pour de bon en se faisant passer pour fou. Personnage charismatique, Mc Murphy sème un vent de folie en poussant les Aigus prostrés à se révolter contre l'autorité de Miss Ratched. L'affrontement entre la Chef et Mc Murphy est inévitable. La sortie en mer est un moment de grâce et de liberté, qui brise le cadre de l'anormalité dans lequel tous sont prisonniers, mais qui en même temps sera l'écume des jours de Mc Murphy.

Un roman très fort qui lève le voile sur les méthodes de la psychiatrie expéditive qui permet aux experts en tout et en rien de s'offrir un terrain d'expérimentation. La matière première de leurs travaux est les enfants bénis de l'anormalité définie par les critères d'une société bien pensante qui se nourrit du sort de ces individus marqué au fer rouge de l'indignité d'y appartenir pour mieux masquer ses propres tares.

Heyrike - Eure - 57 ans - 22 octobre 2014


Dedans la barbarie de la psychiatrie 10 étoiles

Vol au-dessus d'un nid de coucou. Même si la population d'analphabêtes/illetrés croît actuellement de façon drastique, qui n'a pas vu au moins une fois le film mythe de Milos Forman ?

Sans révéler l'histoire principale dans laquelle un chef indien soit-disant sourd et muet - alors à l'asile, parmi les malades mentaux - raconte ce qui se passe à travers quelques métaphores dont bien sûr celles de ces doux dingues et pauvres bougres internés, on voit de suite qu'une importante critique de la psychiatrie (personnalisée par l'inflexible et pisse-froid infirmière en chef Miss Ratched) est révélée par A + B sans omettre son caractère inhumain...
Enfin le livre devient une allégorie de la société entière avec ces patients-citoyens et le personnel médical représentant l'autorité et le pouvoir: Plie, obéie, ou subit. Car ici l'on ne s'occupe pas du caractère évolutif (et à priori progressif pour l'âme) de la science du célèbre docteur cocainomane, mais surtout de celui qui sert à punir et à sévir les éléments qui dépassent à coups de pilules calmantes, ou autre !

Puisque au fond des choses la discipline de Freud sert en ce cas à ce que le négatif soit la plupart du temps soigneusement mis en valeur, avec les problèmes des différents internés, qui sont eux-mêmes bien forcés, par conséquent, de se comporter comme de justes robots afin de se conformer au moule... En effet en ces lieux la lutte de classe ainsi que l'inégalité des chances dans ce monde n'est que très rarement évoqué ! De toute façon, les membres de l'établissement dont on note parfois parmi les pages les quelques gimmicks et habitudes de vie - par exemple dans la thérapie de groupe - de Cheswick à Mr Martini en passant par Billy l'écorché vif, tous ne peuvent qu'obéir au final à une logique inflexible à moins de subir de fortes punitions. L'évidence de tout cela étant que pour l'ensemble des blouses blanches et des roquets employés; une guérison totale à terme de XY ou untel n'est même pas envisagée.

Puis, par l'intermédiaire d'un électron libre tel que Mc Murphy (qui voyait là bien à tort une occasion d'être plus libre et de s'échapper d'autres travaux plus pénibles), le récit s'éclaircit passé la seconde partie pour aboutir à un drame, et l'on découvre que le but ultime de tout cela est bien, une fois de plus, de tout niveler sinon de réduire les personnes à eux-mêmes en un trouble cercle vicieux, au lieu de les élever d'une manière ou d'une autre. Déja en 1962, cette critique littéraire a tout d'abord fait grand bruit, et ainsi quelques pratiques d'antan dont les électrochocs et la lobotomie ont quasiment disparu depuis: Gageons donc sans doute que dans le futur, il en sera sûrement de même et que d'autres méthodes d'aujourd'hui seront à leur tour remises en question !



Citations

"Il est notoire que vous ne savez vous adapter à la société..."

"Peut-être que le système n'est pas si puissant que ça, après tout ?"

Antihuman - Paris - 41 ans - 27 juin 2013


A couteaux tirés 8 étoiles

Portland, Oregon, début des années 60.
A l’hôpital psychiatrique, le service des chroniques (malades ayant perdu la tête et réduits à l’état de quasi-légumes) et des aigus (patients atteints de maladies diverses susceptibles de provoquer des crises) est tenu d’une main de fer par Miss Ratched. Ex infirmière militaire, cette vieille fille psychorigide tyrannise les malades comme les employés et ne laisse aucun des médecins empiéter sur ses prérogatives.
Jusqu’au jour ou arrive Randle Mac Murphy, un nouveau patient transféré d’une ferme pénitentiaire. Ce grand gaillard irlandais, joueur de poker et noceur invétéré, va troubler la vie monotone et réglée du service. Son charisme provocateur et sa prise d’ascendant sur les « aigus » se révèle vite incompatible avec l’autoritarisme de Miss Ratched.
Le géant indien Bromden (le narrateur), Billy Bibbit, le fils à maman bègue, Harding le gentleman fou, Georges l’autiste obsédé de propreté, Sefelt l’épileptique, sont autant d’acteurs de ce duel à couteaux tirés…

Paru en 1962, « Vol au-dessus d’un nid de coucou » est le premier et plus célèbre roman de Ken Kesey (1935-2001).
Membre éminent du groupe communautaire les Merry Pranksters, icône du psychédélisme et de l’épanouissement par le LSD, Kesey s’est lui-même défini comme le lien entre les Beatniks et les Hippies.
« Vol au-dessus d’un nid de coucou » est donc bien plus qu’un roman. C’est le manifeste libertaire de toute une époque en révolte contre une société rigide et hypocrite, qui aliène les individus.

L’adaptation au cinéma de Milos Forman (1975), portée par un exceptionnel Jack Nicholson, lui assurera une notoriété mondiale. Mais elle éclipsera aussi le livre, qui n’est pas sans défaut : le début est poussif, l’histoire tarde à se mettre en place, avec une écriture qui manque de clarté et de puissance. La première partie m’a vraiment déçu. Mais le dernier tiers est tout simplement époustouflant, écrit dans un style limpide et magistral qui récompensera votre patience.

Ce roman plutôt oublié reste pourtant le symbole littéraire d’une période de notre histoire.
A lire si vous êtes un fan de la culture des années 60, ou du film...

Poignant - Poitiers - 58 ans - 14 avril 2013


décevant 1 étoiles

Si on n'a pas vu le film comme moi ce livre est souvent incompréhensible, le narrateur livre très souvent des propos incohérents par exemple "la machine à brouillard " c'est le genre de livre que l'on arrête vite, du grand n'importe quoi , tout se mélange et s'entremêle. Bref à conseiller aux personnes qui aiment se prendre la tête.

Stephy - - 36 ans - 23 avril 2011


Terrifiant 8 étoiles

Dans un hôpital psychiatrique, à travers les yeux d’un pensionnaire métis blanc-indien, on est témoin des pratiques inhumaines de l’établissement et du duel entre la chef de service au caractère autoritaire et d’un nouveau arrivant, un ancien prisonnier se faisant passer pour fou pour fuir le pénitencier.

Tous ceux qui ont vu l’adaptation cinématographique de Milos Forman se rappellent de la grande performance de Jack Nicholson et Louise Fletcher, tous deux gagnants d’un Oscar pour ce film en 1976. Pour le livre, on ne m’en dit juste du bien et je fais maintenant partie de ceux-là, c’est un très grand livre, très critique et actuel, qui donne froid dans le dos. Ça m’a fait penser à ces centres pour personnes âgés, dont le traitement ne me semble pas mieux et qui défraie souvent la chronique ici. Enfin, un livre sur ces marginaux rejetés par la société, le système, ces improductifs qu’on a de la difficulté à « gérer ». Sur beaucoup de points, ce livre m’a fait plus d’effets que Le dernier jour d’un condamné de Victor Hugo, plaidoyer contre la peine de mort et des abus dans le milieu carcéral, peut-être parce qu’on nous sort moins les violons.

Nance - - - ans - 17 mars 2011