La comédie de Charleroi
de Pierre Drieu La Rochelle

critiqué par Jules, le 4 mars 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
La guerre et ses horreurs
Drieu la Rochelle nous donne ici six nouvelles sur la guerre 14-18. Je ne peux pas parler de ce livre sans dire un mot de son auteur. Drieu la Rochelle sera un véritable « écrivain collaborateur » pendant la guerre de quarante. Compte tenu de sa notoriété et de l'estime qu'il avait pour lui, Malraux tentera d’arriver à compromis avec Drieu après le débarquement allié.
Il semblerait qu’ils auraient discuté une nuit entière sur l’idée que Drieu aurait pu faire amende honorable de ses opinions, et actes, en échange d’une peine relativement légère dès la libération. Mais cette rencontre sera un échec pour Malraux, Drieu trouvant plus conforme à son honneur de se suicider. Ce qu'il fit.
Dans « La comédie de Charleroi », nous sommes en 1919 et le héros, un soldat de 14,
accompagne une mère là où il a vu son fils se faire tuer. Il reconnaît les lieux, mais tout lui semble plus petit, anodin. Il se retrouve incapable de raconter ce qu'il a vécu à cette femme qui exige de lui le moindre détail. Par contre, il est parfaitement capable de le penser et de nous le transmettre. La guerre n'a rien à voir avec ce qu’il avait rêvé petit et il nous montre que dans celle qu’il a vécue on passait bien plus de temps couché dans la boue que debout en position digne et de combat. En outre, l’habillement des troupes françaises, coloré, était complètement dépassé, alors que les Allemands disparaissaient totalement dans la nature.
« L’immense foire en ce moment, au soleil d’août 1914, sur une aire immense et circulaire autour de l’Europe, achevait de rassembler le bétail le plus héroïquement passif qu’ait jamais eu à prendre en compte l’Histoire qui brasse les troupeaux. » Et il ajoute encore : « Songez à la tête qu'auraient fait Socrate ou Montaigne à Douaumont. »
Cette guerre est plus qu'inhumaine : elle tue toute idée de l’homme ! Il nous le prouvera encore dans « Le chien de l’écriture » et dans « Le Lieutenant de tirailleurs » qui nous raconte ses guerres de Mauritanie, où il n’avait pas peur, alors qu'il en crevait à Verdun. Drieu fait dire à son Lieutenant : « Ce ne sont pas des hommes, ceux qui peuvent supporter cette morne boucherie. Hein ? «
Et il conclut que seule la lâcheté de ces mêmes hommes peut expliquer cette acceptation.
Dans « Le déserteur » Drieu
nous donne un long dialogue sur la patrie, la nation, le pays, opposés à l'homme individu. Il dit aimer les hommes pris individuellement, mais ne se trouve pas d’obligations vis à vis de tout un peuple. Cette dernière notion lui semble par trop abstraite et il écrit : « …les patriotes mourront au fond d'une cave. »
Un livre qui vaut vraiment la peine d’être lu par un auteur très peu connu de nos générations actuelles. Bien plus que Céline encore, ses écrits ont été délaissés suite à son comportement.
faire la part des choses 9 étoiles

Drieu est un des plus grand ecrivain français du XXeme siecle, et ce livre en est la preuve, s'il en fallait une.

la lecture de gilles, ou de la comedie de charlerois sont indispensables pour tout lecteur qui aime la litterature francaise.

d'autre part, qu'on laisse Drieu tranquille, avec sa conscience, par delà notre monde, qu'on arrete de le juger. La collaboration etait quelque chose de regretable, mais il ne nous appartient pas de juger autrui pour se dédouaner de notre lacheté quotidienne.


je trouve insupportable les commentaires de Jules ou d'autres qui se sentent obligé de justifier leur gout pour Drieu.

malheureusement, le monde est ainsi fait, que ce sont rarement les gentils instituteurs droit de l'homiste , altermondialiste et politiquement correct, qui font les grands artistes.

Rétablisson dans les programmes scolaire, les plus grands ecrivains français : Drieu et Bossuet (l'un accusé d etre fasciste, l'autre d'etre chretien) .


Prince jean - PARIS - 50 ans - 26 juin 2006


"La guerre moderne est une révolte maléfique de la matière asservie par l'homme". 8 étoiles

Ce titre est une citation de l'auteur, et il résume bien un des thèmes principaux de la Comédie de Charleroi. Drieu a participé à la première guerre mondiale; comme d'autres sans doute, il a rêvé d'héroïsme, se croyant encore à une époque où l'homme était le principal acteur d'une guerre. Il a vite réalisé que la moindre velléité d'héroïsme était punie d'une rafale de mitrailleuse...
La première guerre mondiale a vu le triomphe de la machine sur l'homme, réduit à un sac de viscères tremblant dans un trou d'obus.
La Comédie de Charleroi est édifiante sur ce point. Ces nouvelles ne permettent pas de comprendre l'aveuglement et les errements de Drieu à partir des années trente, mais de prendre conscience du traumatisme qu'ont du ressentir tous ces jeunes gens de toutes nationalités, plongés à l'âge des nobles idéaux dans une véritable boucherie.

Guigomas - Valenciennes - 55 ans - 3 janvier 2006