En songeant à mon père
de Yan Lianke

critiqué par CC.RIDER, le 13 octobre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Réalités de la vie dans la campagne chinoise
Yan Lianke, ancien militaire devenu écrivain se rappelle quelques épisodes de son enfance passée dans la Chine profonde, tout au nord, dans une province aussi pauvre que reculée. Il évoque le souvenir de sa mère qu'il ne visite plus qu'une fois l'an et qui lui a même demandé de ne plus revenir. En effet, il traine le complexe de n'être pas un bon fils et se reproche d'avoir hâté la fin de son père, misérable paysan qui s'épuisa à débarrasser un lopin de terre de ses énormes cailloux pour se voir obligé de le rendre ensuite au collectif. Fatigué et déçu que son fils parte à l'armée, il meurt très prématurément d'oedème pulmonaire et d'asthme. Vingt cinq années après, l'auteur y repense tous les jours et semble n'avoir toujours pas fait son deuil.
Ce petit livre (117 pages) est assez inclassable. Ce n'est pas un roman, mais plutôt un témoignage mais pas vraiment au sens qu'on lui donne habituellement. Ce ne sont pas des nouvelles, mais plutôt des anecdotes, des historiettes assez banales de la vie de tous les jours dans la campagne chinoise surtout dans la première partie, la plus intéressante des deux. Le lecteur mesurera l'immensité de la misère, la somme invraisemblable de souffrances qu'apporta le communisme du Grand Timonier à un pays déjà peu prospère. Lianke n'ose prononcer la moindre parole contre le système, il expose simplement la réalité des faits. Elle est accablante, elle condamne irrémédiablement. La seconde partie est plus triste, plus personnelle aussi car elle relate la mort du père et s'attarde longuement sur la culpabilité ressentie, à tort ou à raison, par le fils. L'ensemble est bien écrit et peut intéresser ceux qui souhaitent avoir une vision non idéalisée de l'Empire du Milieu.