Résistances, tome 1 : L'appel
de Jean-Christophe Derrien (Scénario), Claude Plumail (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 13 octobre 2010
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Honneur à ceux qui résistent
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes entrent à Paris, et pour de très nombreux Français, c'est un peu comme la fin du monde, ou du moins celle d'une époque. Beaucoup pensent à résister, mais comment? La force aveugle, mécanique comme disait De Gaulle dans ses discours transmis par la BBC semble irrésistible, et pourtant des jeunes idéalistes diront non aux nazis, quel qu'en soit le prix. Parmi eux, Sonia une jeune juive communiste, son amoureux André, et Louis, qui est loin d'être insensible au charme de Sonia. Mais avant tout, c'est une amitié sans faille qui joint les trois personnages malgré quelques dissensions: André veut rejoindre le général De Gaulle à Londres, Louis s'éloigner de Paris, et Sonia ne peut imaginer d'abandonner le réseau communiste de résistance auquel elle appartient.

Au moyen de flashbacks et de retours au présent habilement amenés, les auteurs nous montrent comment quelques jeunes deviennent des héros. Bien sûr, dès la fin du premier album, on comprend, avec la déportation de Sonia vers Ravensbrück que le prix de leur conduite courageuse sera exorbitant.

Que dire de plus? Cet album est minutieusement documenté, extrêmement bien dessiné et l'intrigue est palpitante, ce qui en fait un must d'une nouvelle série de grande qualité, dont j'espère que les albums suivants viendront vite.
Je confirme... 9 étoiles

Imaginons Paris durant les premiers jours de l’occupation. Trois jeunes se rencontrent. Louis qui ressemble à un dandy. Il a les moyens, au moins les apparences et une belle voiture qui pourrait servir à fuir la capitale… Sonia, juive et inquiète, elle, n’a rien qu’un amoureux, André. Lui, André, semble plus classique et il a une capacité à raisonner, écouter, comprendre… peut-être serait-il le sage du trio…

Voilà nos trois jeunes sur la route de l’Ouest. De l’Ouest ? Oui, ils n’ont pas très bien compris où se situait l’espérance ou alors la route du Sud était trop encombrée. La jeunesse n’aime pas les embouteillages… Les pieds dans l’Océan, car ils finissent bien par y arriver, l’insouciance redescend sur Sonia et Louis qui en oublieraient la guerre… André, lui, se retrouve devant un poste radio et entend le mythique appel de De Gaulle et décide d’y répondre…

Arrive le moment où chacun doit prendre ses responsabilités, ses décisions. André trouve un bateau pour rejoindre la Grande-Bretagne. Que feront Louis et Sonia ? C’est une des premières clefs de cette histoire qui va mêler, on l’aura bien compris, destins personnels, engagements patriotiques ou pas et histoire nationale, mondiale même.

Les deux auteurs livrent là un très bon début de série avec les ingrédients majeurs du drame réussi. Les personnages principaux sont rapidement avec nous, ils ont un passé, un caractère, des envies et des doutes. Le dessin de Claude Plumail, réaliste et narratif, permet de plonger rapidement au cœur de cette époque tout en prenant bien en compte l’aspect fiction. En effet, ce n’est pas une série sur la guerre, c’est une aventure humaine en tout premier lieu !

On va retrouver nos trois personnages, on va comprendre que les relations vont se complexifier et qu’il ne faudra jamais se fier aux apparences. On aura, c’est clair, un trio amoureux car Louis est tombé sous le charme de Sonia la belle fiancée d’André. Mais quel sera le poids des sentiments quand résistance et collaboration vont partager les Français ?

Vous avez remarqué, cela ne vous aura pas échappé, que le titre de la série est « Résistances », avec un « s ». Oui, on va découvrir, doucement, que résister aux nazis pouvait se faire sur plusieurs chemins. Il y eut dans le camp de ceux qui refusaient l’occupation des gaullistes, des communistes, des nationalistes, des sans étiquettes politiques… Et nous retrouverons certains de ces camps à l’œuvre avec l’un ou l’autre de nos trois héros…

Une bonne série et, pour moi, le plaisir de trouver Clause Plumail dans une belle aventure qui, cette fois, je l’espère, ira à son terme. J’avais été un des lecteurs de la série « Das Reich » qui ne s’était jamais terminée après deux albums parus…

Un très bon travail, beaucoup de fond historique et humain, un outil de transmission sur une histoire lourde mais, aussi, une belle illustration de l’engagement humain…

A lire et faire lire !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 22 janvier 2012