Les chroniques d'Alvin le Faiseur, tome 2 : Le Prophète rouge
de Orson Scott Card

critiqué par CC.RIDER, le 10 octobre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Les réalités subtiles de la fantaisie
Nous sommes en 1810, toujours sur la Frontière des pionniers américains. Le gouverneur Harrison a trouvé un bon moyen pour pacifier la région : il fait distribuer généreusement du whisky aux Rouges, les transformant en alcooliques et les tuant à petit feu. Mais un jour Lolla-Wossiky, le pire alcoolique du coin, se convertit, abandonne l'alcool et devient le Prophète Rouge. Il prêche l'abstinence et la non violence. Il rencontre un tel succès que des milliers de ses frères s'installent pacifiquement à Prophetville ce qui ne fait pas l'affaire du gouverneur qui voit sa propre ville péricliter. Il imagine de créer un incident qui devrait lui permettre de se débarrasser une bonne fois pour toutes des Rouges. Il s'agit d'enlever de jeunes blancs, de les torturer et de les tuer en imputant le forfait aux hommes du Prophète Rouge... Sur le chemin qui doit le mener en apprentissage chez un forgeron, Alvin et son frère Mesure tombent dans ce traquenard. S'en sortiront-ils ? Le Faiseur pourra-t-il empêcher ce massacre programmé ?
Ce deuxième tome de la saga d'Alvin le Faiseur tient toutes les promesses du premier. Le lecteur nage en pleine fantaisie. La magie, les pouvoirs supranormaux, (la capacité qu'a Alvin de réparer les corps blessés même à distance laisse pantois) et même l'uchronie (présence de Napoléon et La Fayette) le disputent au pur fantastique. Card nous propose une vision à la fois poétique, philosophique et ésotérique des réalités indiennes et européennes, de ce choc des civilisations que représenta la Conquête de l'Ouest et de ce génocide que furent les guerres indiennes. Les Blancs n'ont pas le beau rôle dans cette histoire, le coeur de Card bat plutôt pour les indiens (la figure hiératique de Ta-Kumsah, le grand guerrier est magnifique). Sans doute cela vient-il du fait que son grand-père, Orson Rega Card fut sauvé par des Indiens Blood comme il le précise dans sa dédicace. La préface indique également le véritable Harrison ne fut pas le monstre décrit dans le livre. Dans un tel contexte, personne ne s'attendra bien sûr à la moindre réalité historique. Le lecteur se régalera d'une (ou plusieurs) autre(s), plus subtiles.