Jusque dans nos bras
de Alice Zeniter

critiqué par Miss teigne, le 3 octobre 2010
( - 43 ans)


La note:  étoiles
La mariée est trop rebelle
Alice et Mad sont amis depuis le bac à sable. Aujourd’hui, ils ont décidé de se marier. Mais l’amour n’est pas leur motivation première pour se passer la bague au doigt. Il n’y a rien de sexuel ou de sentimental entre eux sinon une profonde amitié. Mais Mad – ou plus précisément Amadou – est malien et sera bientôt reconduit au pays qui l’a vu naître. Ses demandes de nationalisation ont toutes été rejetées et une seule possibilité s’offre encore à lui pour rester dans le pays qui l’a vu grandir : le mariage blanc. Et quoi de plus naturel (vraiment ?) que de proposer à sa meilleure amie de l’épouser… Que choisir entre l’acceptation et un refus net et définitif ? Alice est confrontée à un choix lourd de conséquences…

Alice et Mad sont tous deux de la génération qui a grandi avec Internet, celle du terrorisme international, des « geeks » , des otakus, de Secret Story, etc. Une génération désenchantée et virtuelle qui ne peut pas non plus « accueillir toute la misère du monde ». Derrière un style alerte et jeune (qui verra les puristes de la langue française tourner de l’oeil), c’est un grand cri d’alarme que lance Alice Zeniter. Elle fait se rencontrer le temps d’un roman la Grande Histoire du Racisme avec la Petite, celle que tous le monde subit ou applique inconsciemment : la petite histoire du racisme ordinaire. Encore un livre sur le racisme, me direz-vous. Nous pourrions dire : « Oui, encore un et ils ne seront jamais de trop ». Mais cet ouvrage ne porte pas seulement sur le racisme, il porte surtout sur l’identité. Ne vous méprenez pas, il ne vous parlera pas d’identité nationale mais bien d’enracinement, à un moment où la France connaît une vague déferlante de reconduite aux frontières.

Il trouve son originalité dans un regard neuf, encore pur, posé sur le monde, même si les protagonistes sont jeunes et cons. Tous déterminés à changer un monde qu’ils ne comprennent pas, d’autant qu’ils sont anesthésiés par leur environnement, lequel leur offre un sentiment de sécurité trompeur. C’est que, rien de plus normal, les parents veulent éviter le pire à leurs enfants en leur masquant la laideur mais lorsque celle-ci les rattrapera, ils seront frappés de stupeur. Quelques-uns réagiront bien ou mal, d’autres seront entièrement désarmés ou se feront dévorer. Alice Zeniter donne une image plutôt honnête et juste de la jeunesse d'aujourd'hui.

Jusque dans nos bras, c’est aussi un des couplets de la Marseillaise : Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras Égorger vos fils et vos compagnes ! Sus à l’envahisseur, fermons donc les frontières !
Sans plus 6 étoiles

"Jusque dans nos bras" d'Alice Zeniter (192p)
Ed. Le Livre de Poche

Bonjour les fous de lectures....
Second roman que je lis de cette auteure.
Alice, la narratrice, se prépare à faire un mariage blanc avec son ami de toujours, le malien Mad menacé d’expulsion.
L'occasion pour elle de se plonger dans ses souvenirs de jeunesse, ses expériences d'adolescente, ses engagements, ses révoltes et son entrée dans la vie adulte.
Alice se souvient du racisme qui la poursuit depuis sa petite enfance, de ses amitiés.
Parsemé de nombreux éléments autobiographiques, ce récit est parsemé d'humour, d'autodérision et est écrit dans un style vif, rageur, incisif.
Style "rap"?
Style " Djeune"?
Il débute par 5 pages qui sont une longue énumération des évènements marquant la fin du XX° siècle et le début du XXI°, résumé de la génération de l'auteure, véritable cri du coeur de ces jeunes adultes qui ont bien du mal à trouver leur place dans ce monde bien plus complexe que celui de leurs parents.
Des énumérations.. on en aura un paquet tout le long de ce court roman -qualifié d'autofiction par l'auteure elle-même... au point que cela en devient légèrement lassant.
Ce qui devait être le thème principal du livre - le mariage blanc et le racisme- se retrouve un peu plongé dans les oubliettes et est peu développé face à cette logorrhée épuisante.
Même si la lecture est fluide, comme lors de ma première expérience, je reste un peu sur ma fin avec ce livre
Un peu trop facile ?
Un peu trop cliché ?
Un peu trop "je n'accroche pas"
Livre que je classerai plus comme une jolie bluette à faire découvrir à nos adolescents.
Alice Zeniter est également l'auteure de " Sombre dimanche" prix du livre Inter 2013 et de "L'art de perdre" ( toujours dans ma Pal) qui a reçu le prix Goncourt des lycéens 2017
Ma note: 3/5

Faby de Caparica - - 62 ans - 29 décembre 2020