La maison Rajani
de Alon Hilu

critiqué par CC.RIDER, le 23 septembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
La colonisation de la Palestine
En 1895, à Jaffa en Palestine ottomane, débarquent Isaac Luminsky, juif de Varsovie et son épouse qui espèrent s'établir sur la Terre Promise. Comme tout nouveau colon, il cherche à acquérir une terre, mais tout ce qu'il trouve est aride ou inculte jusqu'au jour où il découvre le domaine Rajani qui appartient à un riche effendi si occupé par ses affaires à l'étranger qu'il néglige son domaine. Isaac y voit immédiatement une opportunité d'autant plus facilement que la belle maîtresse des lieux lui demande de s'occuper de son fils Salah, chétif et dépressif. Le juif se rend de plus en plus indispensable, s'occupe de l'enfant et arrive même à séduire la mère. Mais quand Salah découvre les manigances de son nouvel ami, son monde s'écroule et il échafaude mille projets de vengeance.
Un roman passionnant sur fond de colonisation de la Palestine. A cet endroit précis, sur cette terre riche et verdoyante, s'élèvera plus tard Tel-Aviv, une fois les premiers occupants spoliés, assassinés ou enfuis. Le livre est construit à partir des deux journaux intimes d'Isaac et de Salah qui semblent se répondre en présentant différemment tous les épisodes de ce drame. Alon Hilu a poussé la vraisemblance jusqu'à utiliser deux styles narratifs différents : l'un sec, clinique et minimaliste pour celui du juif et un autre fiévreux, un peu halluciné (l'enfant est un poète, un écrivain et un véritable prophète) et plutôt filandreux pour celui de l'arabe. Un très beau texte qui se vit attribuer un très justifié prix Sapir 2009 en Israël.