Oeuvre poétique, 1925-1965
de Jorge Luis Borges, Ibarra (Traduction)

critiqué par Lisancius , le 18 septembre 2010
(Poissy - - ans)


La note:  étoiles
Una abierta ventana sobre una calle de Buenos Aires.
D'abord, soulignons le talent et la minutie de la mise en vers français d'Ibarra. Il doit sans doute être particulièrement difficile, comme le souligne Bonnefoy dans la préface des Sonnets de Shakespeare, de traduire de la poésie, parce que ses formes caractéristiques et sa musicalité, qui sont les fondements de son existence, se perdent dans les diverses langues. Mais il est si plaisant de lire de bons alexandrins plutôt que ces traductions qui donnent de la prose où il y avait des vers !
Quant à Borges, on l'a connu en excellent nouvelliste avec ses Fictions, on le trouve en limpide et agréable poète dans ce recueil, qui, quoiqu'il soit esthétique et plaisant à la lecture, et qu'il offre quelques poèmes - dont le sublime "Sablier" - qui soient vraiment détonants, n'est pas l'oeuvre majeure de la poésie du XXème siècle. L'approche de Borges est assez classique et peu innovante ; elle lève le voile sur Buenos Aires et ses symboles, et apporte un peu d'eau à la poésie Espagnole, sans pour autant être l'ouvrage de référence.
Ce recueil est très personnel, Borges y dresse un portrait assez intimiste de celui qu'il a été et qu'il sera. C'est à nous d'ouvrir ces interrogations à notre propre champ de vision : en bon philosophe, Borges nous fait prendre conscience de ce que jamais nous ne s[au/e]rons.
Serons comblés les insatiables admirateurs de Borges, les néophytes de littérature ibérique, les parnassiens, ou ceux qui, pour reprendre un de ces jolis vers, "Savent qu'il y a dans leur bibliothèque un livre qu'ils ne liront jamais", et ne veulent pas que ce soit celui-ci.
Une vision onirique de Buenos Aires 8 étoiles

Ces recueils de poèmes nous font découvrir la beauté et le charme des quartiers populaires de Buenos Aires au deuxième quart du XXe siècle, par des descriptions des échos entre architecture et luminosité du ciel, l'aspect gouailleur des rues, leur âpreté également. L'urbanité, par ses propres symboles est donc chargée d'éléments propices à séduire, à émouvoir, car elle détient un aspect vivant qui tient à sa conception et son art de vivre. Chaque ville, presque chaque rue, peut donc constituer un monde à part.
Laissons-nous guider !

Veneziano - Paris - 46 ans - 25 mars 2020