Chambres
de Amandine Marembert, Claire Laporte (Illustration)

critiqué par Sahkti, le 16 septembre 2010
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Atmosphère poétique
Ficelle, c'est une forme éditoriale originale née en 1995 sous la passion de Vincent Rougier. La parution est bimestrielle, varie entre 32 et 40 pages, brochée couture Singer N°EA249663 et présentée en enveloppe postale agrémentée d'un timbre d'artiste. Et la revue Ficelle ne publie que ce qui lui plaît. Excusez du peu !
Il faut dire que cela fait longtemps que Vincent Rougier a tourné le dos au formatage qui entoure le monde de l'édition afin de créer un univers qui lui est propre, artisanal, soigné et respectueux tant de l'oeuvre que de l'auteur.

A ce jour dans la collection, ce sont près d’une cinquantaine de poètes qui ont été accueillis, entre autres James Sacré, Louis Calaferte, Antoine Emaz, Pascal Commère, Louis Dubost, Luce Guilbaud, Joël Bastard... et Amandine Marembert, une plume stylée que j'aime vraiment beaucoup.

Avec "Chambres", illustré par Claire Laporte, Amandine Marembert mêle fiction et poésie, voyage et sensualité. Un couple prend possession d'une maison. De lui-même aussi. Les multiples détails créent une atmosphère particulière, entre torpeur et découverte, faite de petits riens, de verres à fleurettes bleues, de draps fleuris, de grandes fenêtres aux hauts arrondis et de savons jamais déballés.
D'une pièce à l'autre, les protagonistes se découvrent, partant à la rencontre de leurs corps et de leurs émotions.
Amandine Marembert restitue tout ceci en douceur, avec beaucoup de finesse mais aussi de réalisme. Les précisions qu'elle apporte sur tel ou tel endroit permettent au lecteur d'aisément se représenter la scène, d'y plonger avec délice, tout en conservant la part de pudeur nécessaire pour ne pas déranger ces gens qui s'aiment et se palpent.
Je retrouve une fois de plus l'élégance de la plume de l'auteur et l'atatchement qu'elle place dans ces textes faits de tendresse et de petits riens qui font tout. Conquise je suis.

"Les corps avalent la luminosité, se la communiquent, la recrachent en énergie furieuse. Ils resplendissent un instant qu'on voudrait retenir, toujours, puis retombent non loin. " (page 22)