Les Corrompus
de Gilles Martin-Chauffier

critiqué par Monito, le 14 septembre 2010
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Celui qui signe compte-t-il vraiment ?
Dans un milieu que je connais bien ce roman est une galerie caricaturée (mais pas toujours) de ce qui constitue le microcosme médiatico-politique de la capitale.

Yan Kervern est journaliste à Scoop où il dirige la rubrique culturelle, écrivain à ses heures, il a publié deux romans qui n’ont pas marché.

Bourgeois et dandy dans l’âme, il est approché par M. Morel, Secrétaire d’Etat du gouvernement Balladur pour écrire en son nom une biographie de Barbey d’Aurevilly, dans le secret espoir de donner un peu de lustre et d’épaisseur à un politique cynique et qui s’assume comme tel, mais qui voudrait prendre de l’envergure.

Au même moment, Bayrou publie son Henri IV, Sarkozy son Mandel et Mazarine devient la fille découverte de Mitterrand juste après les grèves contre le CIP.

L’auteur nous démonte les mécanismes d’un cynisme pas si excessif, d’un entregent nauséabond où tout semble être du chiqué, sauf peut-être le dandy libertaire qu’est le Barbey écrit par Kervern/Morel.

Assez jubilatoire tout du long, ce roman a résonné chez moi d’une façon particulière tant certains personnages m’ont paru familiers.

Mais notre héros me touche aussi car, dans une densité nettement moindre, il est un peu l’Ulrich de l’Homme sans qualités qui oscille sans cesse à refuser le réel, à le réfuter parfois tout en ne changeant rien de peur que ce soit pire.

Tous corrompus, tous corrupteurs, chacun compose avec ce qu’il a, avec ce qu’il est.