La Belle maison
de Franz Bartelt

critiqué par CC.RIDER, le 14 septembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un charmant petit roman
Cons-sur-Lombe est un petit village sans histoire où tout le monde se connaît, aime la bonne chère et vit dans la convivialité et la solidarité. M. Balbe, le dynamique maire de la commune est toujours plein d'idées pour améliorer la vie de ses administrés. Il a mis au point un projet généreux : offrir un logement décent à un jeune couple, Constance et Mortimer, surnommés les « Capouilles » car ils ne disposent que d'un taudis, sont vêtus de haillons et vont jusqu'à négliger leur aspect et même oublier de se laver. Mais ils rendent service à tout le monde et chacun veut contribuer à améliorer leur sort. Leur installation dans la belle maison doit être marquée par une fête grandiose. Mais peut-on faire le bonheur des gens contre leur gré ?
Un charmant petit roman (157 pages) qui se lit d'une traite et se déguste comme une sucrerie. Ce village de conte de fée, ces gens aimables mais si humains : le maire grandiloquent, ambitieux et généreux, sa femme souffreteuse et hypocondriaque, les grenouilles de bénitier, le curé intransigeant et borné, l'épicier roublard, tout est raconté avec humour, malice, détachement et avec un léger côté caricatural. Le jeune couple est un peu plus improbable mais le lecteur peut aisément se l'imaginer comme des amoureux de Peynet déchus. Ils cachent un secret assez poétique et se comportent plutôt bizarrement. Cette fable ou ce conte philosophique joliment raconté fait penser à certains textes de Marcel Aymé ou de Jules Romains. Rafraîchissant.
Comment dit-on déjà ? Ah oui ! L’enfer est pavé de bonnes intentions. 8 étoiles

Démonstration dans ce court roman vite consommé. Oui, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
De bonnes intentions, les Consois ( ?), les habitants de Cons-sur-Lombe, et leur maire surtout, M. Balbe, n’en manquent pas. C’est sûr. Mais d’abord, Cons :

« Avec près de deux mille habitants, une place équipée de sept bancs de couleur, d’un jet d’eau et d’un abribus pourvu d’un plan de la commune, avec également une salle des fêtes de dimensions respectables, une église remarquable pour des raisons mystérieuses, des barbecues municipaux ouverts à tous et des toilettes publiques à participation de l’usager, Cons-sur-Lombe était un village qui se donnait des airs de grande métropole sans renier ses origines céréalières que rappelaient, devant la mairie, quelques anciennes machines agricoles, désormais exposées sur des socles de béton … »

… des airs de grande métropole … Bon, il faut comprendre ceci dans la perspective Bartelt. Donc un bled, genre trou du cul du monde à peine amélioré mais doté d’un maire à fort ego qui ne doute de rien et surtout pas de lui. Et Cons a ses pauvres ; les « Capouilles » (tout juste si l’on retiendra qu’il s’agit de Constance et Mortimer Boulu tant les « Capouilles » leur colle à la peau). Qui vivent aux franges de … la métropole (sortie du village passé le pont) dans un taudis et un état de dénuement le plus total ; haillons, saleté, tout y est. Mais le village – et la maire davantage encore – s’organise pour « aider » les Capouilles. Leur procurer de petits boulots, leur donner des vêtements, un peu à manger. Ca ne suffit pas à M. Balbe, le maire. On l’a dit, il ne doute de rien et surtout pas de lui-même. Il va faire le bonheur des Capouilles en leur fournissant une maison tout équipée ; « la belle maison ». Une maison tout équipée remise sur pied et équipée par l’ensemble de ses concitoyens dans un collectif élan de générosité …
Franz Bartelt réussit ce tour de force de faire passer ces braves citoyens et leur maire pour des crétins finis et les Capouilles, ces déchets humains, pour de vrais êtres humains avec sensibilité, raisonnement, et tout et tout. Bande de crétins contre deux êtres humains ; à deux ils ne pouvaient gagner …

Tistou - - 68 ans - 21 novembre 2016


Ah, vouloir le bien de ses semblables ! 9 étoiles

La bonne conscience est sentiment noble, partagé par beaucoup. Les habitants de Cons-sur-Lombe en sont des remarquables exemples. Faire le bien, ah, aimer les gens et...

« La belle maison » c'est truculent, savoureux, décapant de faux-semblants qui volent en éclats.
Bartelt a une plume alerte, vivifiante. Bartelt, c'est un maitre en cabrioles, en inattendu. C'est un bon moment d'apparente détente derrière lequel se cache un regard incisif. Et ça c'est sacrément chouette.

Un indice, un seul que je rajoute à la bonne description de C.C. RIDER : les amoureux de littérature vont y trouver leur compte. Pas forcément là où on l'attendrait.
Bonne lecture !

Garance62 - - 62 ans - 27 juin 2011