Galadio
de Didier Daeninckx

critiqué par Alma, le 12 septembre 2010
( - - ans)


La note:  étoiles
Allemand ou Africain ?
Quand on pense aux persécutions des Nazis , viennent d’abord à l'esprit les persécutions des Juifs, puis des Tziganes, des homosexuels, des handicapés . Il en est une qui est mal connue, c’est celle qui s’est exercée contre les métis allemands-africains, nés des amours entre une Allemande et un soldat africain membre de l’armée coloniale française qui a occupé l’Allemagne après la 1e guerre mondiale . Même avant l’arrivée de Hitler au pouvoir, l’Allemand moyen ne supportait pas de devoir obéir à des soldats africains de l’armée française d’occupation, considérés comme des sous-hommes à qui auparavant ils avaient apporté la civilisation .

C’est au sort d’un de ces métis prénommé à la fois Ulrich et Galadio que nous intéresse Didier Daeninck . Dans ce récit à la première personne, Galadio raconte ce qu’il vécut pendant douze ans, depuis son adolescence où il assista aux premières persécutions des Juifs, puis fut victime de celle qui s’exercèrent sur les métis . Ce roman dont je ne dévoilerai pas les péripéties auxquelles le personnage principal est confronté nous mène de Duisbourg en Afrique où Galadio part à la recherche de la famille de son père, en passant par les studios de cinéma de Babelsberg où sont tournés des films pour le cinéma allemand colonial dans des décors qui reconstituent une Afrique folklorique et stéréotypée.

Un roman solidement documenté, le plus souvent narratif, basé sur des faits, des rencontres, des rebondissements, à l’écriture efficace mais qui sait ménager des moments de véritable et discrète émotion . Celle des scènes entre Ulrich et sa mère , entre sa mère et sa famille qui lui reproche de ne pas s’être « débarrassée » de cet enfant qui salit le sang aryen , entre Ulrich et la jeune juive , celle aussi de l’élimination des animaux domestiques des Juifs, prélude à l’extermination des personnes .

Un personnage en quête d’identité, attachant, victime d’un ostracisme qui n’est pas sans rappeler celui dont furent victimes plus tard ceux qu’on appelait les fils de Boches

Quand le romanesque s’appuie sur la réalité des faits, quand la fiction se mêle à l’Histoire , l’aventure à l’émotion ………..
Un livre inégal 7 étoiles

Le sujet promis était alléchant : la destinée d'un métis né Allemand sous le régime nazi, et ses pérégrinations. La promesse est effectivement tenue... en grande partie. En grande partie seulement, car le premier chapitre est de loin le plus mauvais, avec de nombreuses erreurs dans la coordination des temps. Le malaise est heureusement rapidement effacé par la suite, et la lecture des aventures de Ulrich/Galadio assez plaisante à lire (mais très "politiquement correct"). Daeninckx, qui s'est une fois encore très bien documenté, nous fait découvrir quelques éléments méconnus de l'Histoire, comme le destin des métis sous le Reich, ou l'étonnante République du Goulot. Un petit bouquin somme toute assez sympathique.

Armelle - - 53 ans - 27 juillet 2017


métissage 10 étoiles

Didier Daeninckx, dans ce beau roman écrit à la première personne, nous conte le périple de Galadio, alias Ulrich. Parti d’Allemagne vers la lointaine Afrique, à la rencontre de ses origines paternelles, ce jeune métis va vivre plusieurs vies en un peu moins d’une dizaine d’années. Un voyage initiatique, de l’Allemagne nazie à l’Afrique Occidentale Française, le ramenant dans une Allemagne en ruines d’où tout souvenir a disparu. Un monde s’est écroulé, mais Galadio a survécu, lui qui aurait dû finir sa vie dans un camp, ou au mieux être transformé en mâle stérile sous le bistouri d’un chirurgien nazi. Dans ce raccourci de l’histoire, le message humaniste de Didier Daeninckx porte loin, mais qui l’entendra ?

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 25 décembre 2014


Allemand mais noir ! 5 étoiles

J’ai cru que j’allais me réconcilier avec Didier Daeninckx en commençant ce livre dans lequel il soulève le problème, rarement évoqué dans la littérature, des enfants métis nés en Allemagne dans les années vingt et trente. Hitler était déjà chancelier quand Ulrich, Galadio, ce matin-là, allait acheter du pain pour sa mère qui rentrait tôt, après une nuit de travail épuisant, dans une aciérie de la Ruhr où elle avait été affectée après avoir été privée de son emploi précédent, car, jeune veuve de guerre, elle avait eu cet enfant avec un tirailleur africain des troupes d’occupation françaises.

« C’est un crime envers la civilisation que de faire venir du centre de l’Afrique des Nègres arriérés pour surveiller un peuple d’une culture supérieure », proclame le journal « Münchner Zeitung ». Alors, au retour de sa course, le jeune garçon est agressé par des SA qui confisquent les animaux domestiques des Juifs, né au début des années vingt, il comprend vite la politique raciste des nazis qui le raflent pour un examen ethnique suivie d’une déportation originale. Il est sélectionné pour jouer le rôle d’un Nègre dans un film tourné dans les fameux studios de Babelsberg où il commence une carrière cinématographique qui le conduira sur les traces de celui qu’il pense être son vrai père.

Un sujet original, intéressant, pour une histoire pourtant bien banale, convenue, écrite banalement dans un livre hélas tout aussi banal qui ne fait qu’effleurer le sujet qu’il prétend traiter. Manifestement l’auteur n’a pas étudié suffisamment sérieusement cette question pour retenir l’attention du lecteur et apporter une contribution, même minime, à l’examen du sort des métis dans l’Allemagne nazie. Un livre qui, hélas encore, ne me réconciliera pas avec Didier Daeninckx dont j’avais déjà lu un autre livre qui survolait de la même manière le sujet qu’il prétendant lui aussi traiter. C’est même presque gênant de lire cet ouvrage qui donne un côté un peu guilleret à cette question d’une gravité cependant extrême et d’une douleur aiguë pour tous ceux qui ont eu à en pâtir.

Débézed - Besançon - 77 ans - 30 juin 2013


Un mélodrame multiculturel de Daeninckx à jouer en MJC de banlieue 2 étoiles

« J'ai peu à peu dégagé la figure d'un de ces enfants, en essayant de comprendre comment une société en mutation violente, lui impose des identités successives dans lesquelles il ne peut se reconnaître », avoue Daeninckx à propos de sa dernière livraison (1).

Daeninckx est un héros du petit peuple laborieux. Issu d'un milieu dit simple, et après avoir abandonné les études, il devient ouvrier dans une imprimerie où il découvre l'amour des mots. Il occupe successivement les fonctions d’animateur culturel, pigiste dans différentes publications… ça c'est pour la galerie, les belles images qui vont plaire à Margot dans sa chaumière. Daeninckx, en un mot, c’est le type qui se revendique de la vraie vie, de la France d'en bas, on le sait. Mais on est en droit d'avoir du mal à le laisser bavasser. C'est quoi d'abord la vraie vie, bordel ? La misère, forcément ? Parfois on a envie de gueuler que les pauvres sont des salauds de première, des gagne-petit qui se contentent de survivre en votant pour celui qui a la plus belle gueule, qui s'en foutent de la culture. Est-ce que la vie n’aurait pas plutôt à voir avec la sensibilité ? Attention ici, terrain glissant : certains diront qu’on est là devant un concept de garçon sensible, de pédale, la sensibilité… des pleurnicheries de bonne femme, des mignardises de pédoque.

Du Zola de Prisu’.

Ce que Daeninckx appelle la vraie vie, c'est du Zola de Prisunic, du social en bouteilles et par paquets de douze, du misérabilisme, du vrai, oubliant que les petites gens c'est d'abord des personnes. Daeninckx reste un animateur social, un éducateur soc'cul faisant la leçon au peuple pour qu'il avance toujours plus loin ; un type qui reste complexé par ses origines de prolo au bout du compte, et qui n'a pas compris que c'est là est justement sa richesse. C'est un peu comme les photos de Robert Doisneau, c'est parfait pour orner les murs des cuisines bobos, le petit gars qui porte les boutanches de pinard deux étoiles, les amoureux qui se roulent une galoche devant l'Hôtel de Ville, le type qui fume une clope au zinc d'un bistrot des Halles. A part ça c'est du frelaté, du posé popu et à la mode chez ceux qui envahissent les anciens quartiers prolos pour faire du sociétal à outrance, de l'artistique de fonds de cuvette, de l'art brut. Pour Daeninckx, on se dit que la conscience de la vraie vie est dans la coupe de cheveux, puisqu'il a les cheveux longs et une barbe de prêcheur pouilleux itinérant, les nécessaires lunettes d'intellectuel qui vont avec...

Les promesses non tenues.

Pourtant, sans tous les a-priori qui y pullulent, Galadio serait pas mal car le thème, pour une fois, est original : les soldats africains de l'armée française qui constituent le gros des troupes d'occupation en Allemagne après la Première Guerre. De 1857 à 1905, ce corps était constitué d'esclaves affranchis rachetés à leurs anciens maîtres par les Français. Ils venaient non seulement du Sénégal mais de l'ensemble des colonies françaises d'Afrique. (Les maréchaux Joffre, Gallieni et Mangin y ont commencé leur carrière ; ce dernier commettant à sa retraite un livre qui, s'il faisait l'apologie de ses troupes, ne pouvait s'empêcher d'affirmer qu’elles étaient physiologiquement inférieures aux européennes. Les membres des classes dirigeantes traditionnelles africaines intègrent ce corps comme sous-officiers à la fin du XIXème siècle. Les ethnies Bambara et Toucouleur y étaient les plus représentés. Après 1905, les tirailleurs exercèrent des actions de police lors de révoltes sporadiques en Mauritanie ou au Maroc. En 1914, on comptait 14000 tirailleurs en Afrique de l'Ouest et 15000 à l'extérieur, principalement au Maroc. En octobre 1915, 30000 conscrits vinrent renforcer les troupes déployées en France, 51000 jusqu'en 1916. En 1917, ce sont dix-sept bataillons qui furent engagés lors de la bataille de la Somme, à la fin de la Guerre, ils étaient 120000 à servir les couleurs de la France, encouragés par Blaise Daigne, un député d'origine sénégalaise siégeant à l'Assemblée Nationale, qui voyait là une possibilité d'émancipation. Un travail était garanti pour les vétérans, ainsi que des réductions d'impôts et la citoyenneté française pleine et entière. D'un corps de mercenaires, ils étaient devenus en 1919 un corps d'engagés. La plupart furent alors démobilisés ce qui amena la démission du gouverneur central d'Afrique de l'Ouest, dégoûté car aucune des promesses faites aux tirailleurs ne furent tenue.

Le problème, c’est que Daeninckx reste dans le Goodwin, le propre, le gentillet ; au niveau superficiel d'Indigènes, le pensum très politiquement correct de Rachid Bouchareb. Il n'approfondit pas cette histoire et s'en tient aux clichés les plus éculés. L'auteur se borne à constater que les nazis se sont comportés méchamment, que l'armée française était un ramassis de racistes, idem pour le peuple allemand. Quand on a dit ça on a tout dit. Et rien dit. Il faut dire aussi que nuancer son propos et non s'en tenir à un discours bien-pensant mille fois entendu aurait conduit l’auteur à reconnaître que le sujet qu'il cherchait à aborder dans ce livre est largement plus complexe et que l'on ne peut se contenter de le traiter avec manichéisme. Plusieurs choses contredisent son point de vue.

Personne ne comprend que le cauchemar totalitaire peut être tentant pour les esprits faibles. Ils ne veulent plus penser par eux-mêmes par peur de la solitude, de se retrouver coupés du groupe. Avoir un chef qui le fait à la place, se trouver un ennemi qui explique tout permet de retrouver un certain confort intellectuel. Par-ci par-là, au-delà de l'esprit Goodwin, Didier dit des choses très justes : la rationalité délirante du régime nazi, sa modernité, dans le sens du vent du progrès. Hannah Arendt dans les Origines du totalitarisme (2) ne dit pas autre chose. Le système totalitaire utilise les médias modernes pour sa propagande employant les mêmes stratagèmes que la publicité, ciblant le marché à atteindre, pour ensuite, une fois la sujétion des masses obtenue, remplacer la propagande par l'endoctrinement et le culte du chef. Celui-ci est vénéré par le peuple car « il incarne la double fonction qui caractérise toutes les couches du mouvement : agir comme défenseur magique du mouvement contre le monde extérieur et en même temps, d'être le pont qui relie le mouvement à celui-ci ». Les « masses », comme l’affirme Arendt dès les premières pages, sont la pierre angulaire du totalitarisme. Nées avec la Révolution Industrielle, elles sont engendrées par l'automatisation de la société et le déclin des systèmes de partis et des classes. L'homme de masse peut être n'importe qui, c'est un individu isolé qui fait l'expérience de la « désolation », c'est-à-dire du déracinement social et culturel. Il me semble d'ailleurs que Galadio soit un de ces individus et non le « bon sauvage » tant désiré par Daeninckx. L'ennui est que ce personnage, et les autres (sa mère, le gardien de but du club de foot de Duisbourg), sont des archétypes caricaturaux lui permettant de justifier son opinion.

Un héros en quête d’identité...

Le personnage central du livre découvre qu'il ne s'appelle pas Ulrich Ruden, né à Duisbourg, une ville industrielle bien grise de la Ruhr de1920, mais Galadio Diallo, l'enfant d'un tirailleur de l'armée française originaire du Mali, un de ces tirailleurs sénégalais méprisés très longtemps par la France, qui touchaient encore il y a peu leurs pensions au lance-pierre. Ils sont comme la mémoire d'un passé que l'on veut absolument oublier. Là aussi Daeninckx se borne à affirmer que le colonialisme incarne le mal. On dit ça en inspirant, et expirant on a vraiment l'impression d'être du côté des bonnes âmes, des bons apôtres, des Raminagrobis hypocrites.

Et il est surtout très mauvais de dire que des hommes qui n'avaient presque rien à voir avec la France de prime abord se sont fait trouer la peau parce qu'il avaient une « certaine idée » du vieux pays.

Selon l'auteur, ce roman est une quête d'identité (qui est forcément multiculturelle comme on nous le serine depuis longtemps chez nos penseurs à lunettes roses) qui amène son héros à errer dans les salles des hôpitaux nazis. Il devient ensuite figurant puis acteur dans les studios de cinéma de Babelsberg qui veulent exalter la grandeur du colonialisme allemand. Il finit par se retrouver sur les rives des fleuves Sénégal et Niger, où l'on hésite très fortement entre Pétain car tout le monde croit que le vieux cul joue un double jeu, et De Gaulle, que les types de droite de l'époque n'aiment pas beaucoup. Son aventure s'achève dans les villes ruinées du Reich vaincu, il revient en vainqueur en Allemagne dans l'armée de de Lattre. Les vilains sont punis à la fin.

Les tirailleurs qui faisaient des enfants aux femmes allemandes étaient une chose impossible à comprendre à l'époque. On ne pouvait accepter des relations interraciales ou les mariages mixtes, la propagande de l’époque les présentait comme des viols ou pire, affirmait que leurs conquêtes étaient des femmes faciles. Les africains étaient dépeints comme le nègre Banania, mais le sourire en moins, le couteau entre les dents, avec le Fez rouge sur le crâne, les dents blanches, quasiment phosphorescentes, les yeux écarquillés par leur animalité supposée. L'inconscient collectif les percevait tels des bêtes. On remarque d’ailleurs que le nègre Banania et le nègre vu par les nazis sont un seul et même archétype raciste, et une perche tendue aux abrutis qui vont pouvoir bientôt se dire qu'ils sont la race supérieure. Ils ne furent pas les seuls. Les anglais présentaient les tirailleurs comme une troupe indisciplinée et manquant de courage.

Daeninckx dans la position du missionnaire anti-fasciste

Il joue donc le sauvage, Galadio, l'homme africain qui n'est pas rentré dans l'histoire fabuleuse du progrès. Au départ, pourtant, il veut être sur la photo comme les autres, il aime bien Hitler, il voudrait bien être des Hitlerjugend. Il ne voit pas ce qui gêne, plus tard. Effectivement, des comiques qui ont la même origine lui diraient qu'il n'y a pas d'os (dans le nez ?). Galadio échappe à la stérilisation ordonnée sur tous les enfants métis en 1935 par les lois de Nuremberg. Il est enrôlé de force au cinéma, tournant dans des oeuvres justifiant les visées expansionnistes des nazis en Afrique. Le tournage d'un deuxième film en Afrique lui permet de s'échapper et de partir à la recherche de son père. Il est censé tourner en particulier dans Kongo Express, allusion lourdement appuyée, cinéphile et littéraire, de Daeninckx aux écrivains compromis selon lui avec le totalitarisme nazi. Le scénariste en est Ernst Von Salomon, écrivain admiré en France par Pierre Drieu La Rochelle, auteur encore mal vu du fait de ses prises de position douteuses pendant la Seconde Guerre Mondiale. Alain de Benoist perçoit Von Salomon quant à lui comme une référence de la « Révolution conservatrice ». Là on sent très bien venir la leçon d'éducation civique, le pensum citoyen, car l'écrivain, selon Didier Daeninckx et la plupart des littérateurs actuels, se doit d’expliquer aux lecteurs ce qu'ils doivent penser et dans quelle direction ils se doivent de penser. Il n'est pas là pour s'amuser. Il reste un animateur socio-culturel. Il ne fait pas de la littérature. Un auteur ne doit pas se fourvoyer là où il n'est pas correct d'aller. C'est une conception totalement stupide (car beaucoup se privent pour cette raison de la lecture du Feu follet de Drieu ou du Hussard bleu de Roger Nimier, qui lui s'engagea pour l'Algérie Française. Une position rédhibitoire aux yeux du milieu littéraire actuel .

Pour l'allégorique, ce livre s’apparente un peu à une bière mexicaine. On se dit que c'est exotique, que ça du goût, que c'est du brutal en provenance du coeur, des entrailles et des couilles, et puis on s'aperçoit dès la première gorgée que ça n’a pas de goût, que c'est en somme de la pisse d'âne. Petit à petit l'auteur semble suggérer que l'identité de Galadio est multiple, qu'elle rassemble toutes ses identités, qu'il est un peu français, un peu allemand, un peu sénégalais, un métis entre l'Afrique et l'Europe. Didier Daeninckx se contente d'énumérer des lieux communs bien-pensants rebattus et sombre dans la guimauve. C'est dommage, ce livre pose pourtant de bonnes questions, mais ce sont les réponses qui, comme toujours chez Daeninckx, posent problème.

Il se pose depuis longtemps en chevalier blanc de l’anti-racisme et de l’antifascisme. Il n’hésite jamais à lancer des croisades personnelles et ourdir de véritables procès de Moscou, à la manière stalinienne. En 1996, il accuse Gilles Dauvé, Hervé Delouche, dont il est un ami intime, et Serge Quadruppani de complot négationniste en se basant sur des extraits d’articles parus en 1980 dans une revue créée par Delouche quand il était jeune. Il prétend que ces articles font la promotion des idées d’Ernst Von Salomon et de celles d’Alain de Benoist, théoricien de la nouvelle droite française. Sa démonstration se base sur des phrases tirées de leur contexte, Daeninckx coupe les propos de ses confrères là où ça l’arrange. La lecture des textes incriminés montre pourtant qu’ils étaient au contraire une dénonciation sans complaisance des idées de la droite radicale. Il ne s’en tient pourtant pas là et accuse par la suite Delouche d’avoir joué un rôle trouble dans l’assassinat de Dulcie September en 1988. Comme il confie à Gérard Delteil, il ne fait aucun doute pour lui que Delouche est un indicateur. Contre Quadruppani, il mélange des petits faits vrais et des énormités mensongères. Lorsque celui-ci et Dauvé tentent l’apaisement en publiant une brochure préfacée par Gilles Perrault contre le négationnisme, pour Daeninckx c’est la preuve flagrante du complot. Quand Thierry Jonquet cherche à le raisonner. Il se retrouve accusé de complicité. La moindre amitié un peu douteuse est passée au crible et l’intimité des pseudo-comploteurs étalée au grand jour. Il n’hésite pas, par exemple, à suspecter Gilles Perrault d’être un homosexuel honteux.

Daeninckx est un missionnaire de la nouvelle religion politique qui est l’anti-racisme à outrance, jusqu’au délire paranoïaque. Il est incapable de nuances. Très vite il criera au retour des heures les plus sombres de notre histoire, selon la formule consacrée, et verra dans l’événement le plus anodin la renaissance des idées nazies. C’est un idiot utile, selon le terme de Lénine, parfait pour les hommes politiques qui s’en serviront pour se faire élire tout en agitant le spectre de la Bête immonde. Il devrait relire plus attentivement Hannah Arendt. Il comprendrait qu’il existe des totalitarismes bien plus insidieux, et autrement plus dangereux.

Amaury Watremez

(1) Daeninckx, Interview du 2 mai 2010 pour le site Bel Balawou

(2) Hannah Arendt, Le système totalitaire : Les origines du totalitarisme, Points Essais, 2005 (réédition)

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 3 novembre 2011


Coupable d'ADN différent 8 étoiles

Ulrich est un adolescent allemand de couleur noire en 1939. Il n’a jamais connu son père, venu en Allemagne après la grande guerre sous les drapeaux français, et il se met à la recherche de ses origines. Son autre prénom est Galadio. Arrive ce qui doit arriver à celui qui est tout l'opposé d'un aryen : les SA veulent l’arrêter pour l’envoyer dans un hôpital…
On a beaucoup parlé du sort des juifs pendant la guerre, éventuellement des handicapés, mais fort peu des ‘gens de couleur’ ou des métis. Ce livre nous éclaire sur une autre page de l’histoire de la seconde guerre mondiale. Je trouve seulement qu’elle aurait pu être plus approfondie. Le voyage de Galadio est survolé de manière un peu trop rapide. On dirait presque que l’auteur bâcle la fin de l’histoire qui a l’air de se dérouler de plus en plus vite.

Pascale Ew. - - 57 ans - 21 octobre 2010