La mémoire d'Abraham
de Marek Halter

critiqué par Chene, le 11 septembre 2010
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
Le plus grand livre de Marek Halter
Je découvre que la mémoire d’Abraham, le best seller de Marek Halter, n’est pas référencé dans critiques libres ? ! ! ! Il faut réparer cette injustice !

C’est un livre que j’ai lu, il y a déjà plusieurs années et que je n’ai jamais oublié. Aujourd’hui, encore, c’est un de mes livres préférés.
Le livre commence en l’an 70 avec la destruction du temple de Jérusalem, et la dispersion du peuple juif et finit en 1943 avec la destruction du ghetto de Varsovie.
C’est une fresque éblouissante à travers une famille d’imprimeurs juifs qui se transmet un parchemin de génération en génération, de l’empire romain à la seconde guerre mondiale. Qu’y a-t-il dans ce parchemin ? La généalogie de la famille Halter. On voyage à travers les pays, on rencontre Gutenberg, Rembrandt, on échappe aux pogroms, à l’injustice, aux guerres et toujours le parchemin est transmis à la génération suivante. A chaque naissance un nom est ajouté. Le fil n’est jamais rompu. On apprend beaucoup de choses sur l’épopée tragique du peuple juif à travers des gens ordinaires qui luttent pour vivre et transmettre leur histoire.
L’histoire de gens ordinaires pris dans les tourments de la grande histoire universelle. Un livre inoubliable….

Les éditions Casterman vont sortir la mémoire d’Abraham en bande dessinée. Rien que 25 tomes sont prévus ! ! !
Fort et passionnant 10 étoiles

J'avais envie de faire une critique depuis pas mal de temps tellement j'ai trouvé moi aussi ce livre extraordinaire. Comme le dit Chene c'est une fresque éblouissante où la transmission de ce parchemin nous permet de traverser les siècles à travers l'histoire de ces générations de juifs errants. Errants, car s'ils ont connu des périodes de paix où ils ont pu s'installer, à chaque fois un évènement a fait que les populations ou les gouvernants se sont retournés contre eux: on les a accusés de sorcellerie en temps de peste, d'être responsables de fléaux etc... De plus, on comprend mieux pourquoi, afin de se soutenir les uns les autres et d'être solidaires, la tradition est restée si forte pour certains; mais ce qui est bien montré c'est que le plus souvent, lorsqu'ils se sont installés quelque part, les juifs ont voulu s'intégrer, ils ont appris la langue et même quelquefois portés les vêtements et adoptés les coutumes du nouveau pays, ceci contrairement à ce dont on les accuse très souvent. La seule chose qu'ils ont voulu garder c'est leur foi et le sentiment très fort d'appartenir à un peuple particulier, ce qui leur a coûté très cher. Jamais de découragement, toujours recommencer avec plus rien. Certains sont devenus riches, d'autres modestes et même très pauvres comme tout le monde. Mais les riches ont fait l'objet de jalousie (l'argent juif!), les pauvres de mépris, et jamais ils n'ont pu vraiment se noyer dans la masse. Marek Halter les décrit simplement sans les idéaliser, mais il est vrai qu'on sent chez lui une tendresse profonde pour ces hommes et femmes qui ont voulu conserver leur identité juive quelles que soient les épreuves, et ceci même en dehors de toute religion. La dernière partie concernant les années 40 est bouleversante mais sans pathos. Et quel travail de recherches (évoqué d'ailleurs au cours du livre)! Un livre très fort et passionnant d'un conteur né.

Pieronnelle - Dans le nord et le sud...Belgique/France - 76 ans - 11 septembre 2010