Boire la mer à Gaza
de Amira Hass

critiqué par Millepages, le 6 septembre 2010
(Bruxelles - 65 ans)


La note:  étoiles
"Va au diable"
Boire la mer à Gaza est une variante de l'expression populaire " va donc boire la mer" qui signifie "va au diable".

Dans ce remarquable essai pour lequel elle a obtenu le prestigieux prix de la liberté de la presse, Amira Hass dresse la chronique de la vie quotidienne des Gaziotes durant les années 1993 - 1996, chronique qui est tout à fait transposable à nos jours puisque le conflit israélo-palestinien n'est toujours pas règlé.

Ne faisant aucun mystère de sa nationalité israélienne, la journaliste multipliera les contacts et les amitiés dans toutes les couches de la population palestinienne.
Elle pose un regard sans concession, ni pour son pays, ni pour ceux - Hamas, Fatah, FPLP - qui sont chargés de défendre la cause de leur peuple.

Elle part en tout cas de la conviction que pour faire cesser le terrorisme, "il faut en analyser les raisons sociales, économiques et historiques, et soulager la souffrance des gens". Et dans la même ligne: "la détresse de un million de personnes est comme un océan de nitroglycérine"

Un livre utile et nécessaire pour comprendre les enjeux et les réalités dans cette petite portion de territoire.....
Colons et colonisés 9 étoiles

Colons et colonisés
Amira Hass est juive, israélienne (ce n'est pas forcément pareil), journaliste, et elle habite dans les territoires occupés. Elle livre ici le témoignage le plus lucide qui soit, sans parti pris, sur le conflit endémique entre Israël et Palestine, comment l'Occident, pour se délivrer de sa culpabilité et pleurer enfin des larmes de crocodile sur l'antisémitisme millénaire de nos contrées, antisémitisme pas mort du tout ni moribond, comme pourrait le dire de nombreux juifs en France.

Pourquoi la haine ? Pourquoi la violence ? Les israéliens ne comprennent pas qu'en obligeant un autre peuple au désespoir, en écrasant l'autre, ils grèvent leurs chances de cohabitation pacifique entre deux peuples. De plus, Hass est une des rares à oser parler d'apartheid, à critiquer le confort moral des "colombes" qui veulent une paix chacun chez soi. La seule chance d’israéliens et palestiniens pour cohabiter, ce n'est pas les pourparlers, ce n'est pas un partage de boutiquiers, c'est que tous aient les mêmes droits. Voilà ce qui est important, la justice sociale, l'équité.

Des salauds font sauter une bombe dans la rue des poètes et des écrivains, la rue des musiciens et des peintres, est-ce que cela rend l'urgence pour les deux peuples de remédier aux injustices moindre qu'avant ? Pas une paix chacun chez soi, mais ensemble en oubliant pour une fois la bêtise religieuse. On peut être légitimement ému par le terrorisme, mais qui est ému de la maternité de Bethléem détruite, des travailleurs bloqués à la frontière ? De l'eau et l'électricité coupées les trois-quarts du temps dans les territoires encore occupés ?

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 4 novembre 2013