Alégracia et le dernier assaut
de Dominic Bellavance

critiqué par Calepin, le 5 septembre 2010
(Québec - 42 ans)


La note:  étoiles
Choix audacieux
4e de couverture : L’équilibre du Continent-Coloré est bouleversé par la Fin de la Nuit. Dans tous les pays, les dirigeants se préparent à la destruction du monde. Alertée par Éwinga, Riuth se précipite vers l’Île des Rebelles avec une dangereuse offrande. Sur place, une pluie d’accusations l’accueille. La situation s’envenime, des bagarres éclatent. Lentement, le Palais de Bois s’enfonce dans le chaos. Perché dans sa tour, l’Arcaporal Conerco observe cette déchéance sans réagir. Pourquoi cet homme se trouve-t-il loin de sa Roc-du-Cap natale? Les rebelles doivent-ils lui faire confiance? Le temps passe et le malheur continue de s’abattre sur la modeste armée. Les renforts tardent à venir. Éwinga remet ses actions en doute. Le Dernier Assaut risque d’être annulé pour de bon. Au bord du désespoir, Riuth se tourne vers l’horizon et observe les eaux tourmentées. À son grand étonnement, il y distingue les formes d’une barque et y reconnaît, à son bord, une jeune fille aux cheveux roses… avec elle repose la clé du mystère, le dénouement ultime d’une longue aventure.

Mon avis : Un autre roman lu à toute vitesse qui boucle une trilogie surprenante. Cette fois-ci, l'auteur a décidé de scinder son livre en deux parties plutôt distinctes. Un choix audacieux qui a ses bons, mais surtout ses moins bons côtés. La première partie, on focalise sur l'Arcaporal Conerco, nouveau personnage digne d'intérêt dans cette série. Malheureusement pour l'auteur, j'avais anticipé le geste qui clôt la première partie. Dans la deuxième partie, on suit plutôt le destin de Riuth qui va lui aussi être bouleversé en peu de temps. Définitivement, j'aime le personnage, bien que je n'apprécie pas particulièrement les trous de mémoire/amnésie que je considère très clichés, justifiés ou non. Le hic est que je n'ai pas encore parlé d'Alégracia et c'est là ma principale critique : depuis le tout début, on focalise sur elle et sur son évolution. Tout d'un coup, elle passe du rôle principal au rôle secondaire. On la voie peu, on ne focalise sur elle qu'à la fin. Ça m'a donné l'impression de voir l'impact de son destin diminué d'importance, mais surtout, ça m'a beaucoup moins touché. Comme je l'ai dit plus haut, cette scission dans la focalisation était un choix audacieux (ça a permis de développer d'autres personnages), mais je ne suis pas certain que cela a vraiment rendu service à Alégracia. Et en plus de ne pas vraiment voir Alégracia dans la première partie, c'est trop long.

Autrement, j'ai de bons mots pour le reste. L'auteur ne succombe pas au théâtral à outrance, à la réussite à tout prix dans ce que les personnages entreprennent. C'est selon moi la plus grande force du roman. Cela donne parfois des moments brusques, mais tout à fait réalistes : pas de paroles d'éclats, pas de derniers mots à la « ah, dis à ma femme que je l'aime » ; le genre de clichés qu'on aime bien se moquer habituellement. La finale, quant à elle, est excellente ! Une fin ouverte qui nous laisse juste assez sur notre faim pour vouloir en savoir plus, mais assez rassasié pour imaginer le reste.