Je ne boirai plus jamais d'ouzo... aussi jeune
de Éric Dejaeger

critiqué par Kinbote, le 4 septembre 2010
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Les vacances de Monsieur Dejaeger
Le narrateur-auteur promène un regard amusé sur la Grèce. Qu’il observe la démarche alentie des autochtones (sauf quand ils sont animés par le besoin pressant de se désaltérer), les mœurs des plagistes et des vendeurs à la sauvette du bord de mer, les conducteurs - aux mains multiples -, les serveuses en short ou la capacité à la lessive locale à sécher presque instantanément, il le fait sans quitter des yeux l’heure de l’ouzo salvateur ou du vin blanc « méphistophélique » qui le sauvera d’un soleil vite épuisant. Sans parler des tracasseries aéroportuaires...

Il s’interroge à la faveur d’une lecture bienvenue sur le "il bel far niente" et conclut que cette relaxante activité pourrait se pratiquer aussi l’hiver au coin d’un feu, une fois revenu dans ses contrées tempérées (on comprend que le narrateur est belge). C’est l’occasion d’une comparaison entre les climats de ces deux pays et leurs systèmes frigorifiques respectifs.

Il va jusqu’à mener quelques expériences de physique alimentaire en calculant le temps que mettent certains alcools pour prendre la consistance et la couleur de l’urine ou pour tester la surprenante propension de l’ouzo à s’évaporer d’une bouteille hermétiquement close. Le vacancier subtil nous prodigue aussi quelques bons conseils comme celui de ne pas avoir les ongles rongés pour manger des pistaches.

On l’aura compris, l’auteur, qui aura mis à profit son séjour insulaire de la meilleure façon possible, nous revient avec un « recueil instantané », complet comme un guide tourist...hic, qui a toutes les vertus tonique d’un café du même nom : il faudra bien ça pour supporter les désagréments de la rentrée et les rigueurs de l’hiver.

Chaque texte est complété d’un aphorisme sur les plus grandes conquêtes des Grecs. Deux exemples : « la plus fatigante conquête des Grecs : la marche à pied » ou « la plus bruyante conquête des Grecs : le téléphone portable ».

En trente-cinq textes frais, tordants, mordants ou tendres, et dans une langue efficace, il nous fait voyager en terre hellène sans l’ombre d’un ennui. On a, par mimétisme, un peu chaud à la fin de la lecture mais certainement pas autant que l’auteur au travail qui avoue avec écrit ces textes à la sueur du front, et on le croit sur paroles. Nul doute que Richard Brautigan, de là où il est et s’il a eu le bonheur de lire cet ouvrage, se sera servi illico un verre d’ouzo à la belle santé des vacances de Monsieur Dejaeger.



MIEUX QUE SON MAÎTRE

En revenant de l’épicerie
- sise à deux kilomètres –
chargé de deux sacs
de délicieuses liquidités
- ouzo,
krassi blanc
et bière ( ?) –
j’ai pratiquement été
laissé sur place
par un autochtone !


Il devait avoir
encore plus soif
que moi.




La plus arrosée conquête des Grecs :
le gazon.