Sept Cavaliers, tome 3 : Le pont de Sépharée
de Jean Raspail, Jacques Terpant (Scénario et dessin)

critiqué par Ibère, le 3 septembre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une magnifique trilogie
Voici le dernier tome de l'adaptation en Bande dessinée de Sept Cavaliers de Jean Raspail. L'auteur qui n'a pas du tout participé à ce travail a déclaré publiquement son émerveillement à voir vivre son oeuvre en images. Jacques Terpant réussit en trois albums un passage de la littérature à la Bd qui n'est en rien un appauvrissement, ce que l'on aurait pu craindre , mais au contraire , il magnifie le roman , en mettant avant sa structure et ses thèmes profonds. Il faut noter que la BD est presque aussi longue que le roman. je viens de vérifier que la fin du livre fait le double de pages en BD, que dans le livre d'origine, où elle est un peu énigmatique, voire confuse , alors que Jacques Terpant l'éclaire et la construit davantage en partant de plus loin dans le récit. Mais tout ceci en restant très fidèle à l'esprit du romancier.
On ne peut pas ne pas parler du dessin, du goût évident des paysages et de la lumière, qui rajoute au plaisir du lecteur, comme de la beauté des trois couvertures si identifiables , des trois moments forts du livre; Terpant réussit le tour de force de mettre en avant le texte , sous forme d'une voix off et de dialogues, qui renvoie loin les scénaristes de base de la BD lambda.

Une des meilleures BD parues ces dernières années.
Un ton en dessous 6 étoiles

Si la lecture des deux premiers tomes de cette série avait soulevé mon enthousiasme, je referme le dernier album sur une pointe de regret bien qu'objectivement il n'y a pas grand'chose à reprocher à Jacques Terpant... Peut-être un relâchement dans le dessin qui semble avoir été plus rapidement exécuté.

La fin de l'histoire des Sept cavaliers arrive donc avec la conclusion de cette série: pas de suite prévue et c'est aussi bien comme ça... Et le lecteur, sans doute, sera étonné par le dénouement choisi par les auteurs (rappelons que toute la série repose sur le roman de Jean Raspail publié en 1993 chez Robert Laffont). Si elle est très bien tournée et parfaitement cohérente finalement avec le reste du scénario, elle laisse néanmoins un arrière-goût âcre ou amer et j'aurais personnellement préféré un autre dénouement, moins abrupt, moins "réaliste".
Car c'est cela que raconte cette histoire... les hommes peuvent essayer de s'échapper dans les méandres de leur imaginaire ou de leurs rêves, la réalité est toujours la plus forte. Cette série raconte aussi la fin d'un monde, la fin d'une civilisation telle qu'elle a été durant des siècles et qui change sous la pression implacable du progrès.
Enfin, qui connaît Jean Raspail et son oeuvre, fera sans aucun doute une lecture très politique de la série. L'auteur du Camp des saints est parvenu à instiller ses préoccupations dans une série de bande dessinée lue par des milliers de lecteurs sans que cela crée une quelconque polémique pour une fois: belle performance!

Formellement, ce troisième tome pèche à mon avis par des longueurs: le passage avec l'évêque et le nouvel abbé, ou le retour d'Abaï dans ses forêts sont trop développés et n'apportent pas beaucoup à l'économie du récit.
Il n'en demeure pas moins que cet album, et plus généralement, toute la série, doivent être lus par les amateurs de bande dessinée trop souvent abonnés au médiocre, voire au mauvais ces derniers temps.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 12 mars 2016