Tu honoreras ton père
de Lesley Glaister

critiqué par Thémis, le 20 février 2002
(Ligny - 54 ans)


La note:  étoiles
Effroyable et déroutant !
Ce n’est pas facile de vous parler de ce livre tant il est étrange et sinistre. Au moment où l’histoire débute, nos quatre sœurs sont âgées de plus de septante ans chacune. C’est Milly, la deuxième qui nous conte l’histoire de sa famille. Grâce à de nombreux retours en arrière, le lecteur comprendra bien mieux ce qui se passe dans le présent pour elles et surtout comment elles en sont arrivées là !
Vous en apprendrez plus sur Agatha l'aînée, ainsi que sur les jumelles devenues indissociables au point de les appeler Ellenesther. A la mort de leur mère, elles sont obligées de se débrouiller par elles-mêmes. Leur père ne leur permet pas de quitter leur maison afin de les
protéger. Mais de qui, de quoi ?
L’impensable devient réalité quand, à la suite d'événements plus étranges et épouvantables les uns que les autres; elles vont rester
là pendant toutes ces années. Leur seul lien avec l’extérieur sera l'épicier chargé de les ravitailler régulièrement durant toute leur vie du moment qu’elles ne quittent pas la maison...en voilà un père prévoyant, prêt à tout pour les garder recluses tout ce temps ! Il n’y a guère d’échappatoire possible.
Seule consolation dans cette voie sans issue qu’est très vite devenue leur vie, madame Howgego, la voisine qui fera de son mieux pendant un temps. Rien que l’idée de vivre une vie pareille me fait frissonner d’effroi tant elle me parait vaine, sans l'ombre d'une compensation.
Des personnages saisissants de sang-froid. Une écriture que l’on sent révoltée et violente, mais toujours juste; jamais de dérapages incontrôlés. Et ce père, véritable geôlier qui vous écoeure.
Terrible récit que celui-ci !
Un extrait ?
Vous l’aurez voulu.
"... et que nous serons enterrées dessous. Voilà une fin sans bavure. Je me demande combien de temps passerait avant que quelqu’un s'en aperçoive; Les ronces et les épines se mettraient à pousser par-dessus les ruines, par-dessus les poutres, par-dessus les os; par-dessus nos quatre crânes. Les chats se mettraient à rôder en quête de proies, ils mangeraient notre chair, ils mangeraient les rats qui viendraient ronger nos os..."