Suguro est un écrivain de 65 ans, plutôt calme, vertueux. Il se singularise tout de même des japonais par sa religion puisqu'il est catholique. Il pense que le vice contient en lui-même son salut.
Sa vie est bouleversée par l'arrivée bruyante d'une femme qui l'interrompt durant une cérémonie qui couronne son talent d'auteur : elle est saoûle et affirme que l'écrivain fréquente des lieux peu catholiques : des peep-shows. Scandale !
Ce roman suit précisément les réflexions de cet auteur qui prend conscience progressivement de son moi. Son reflet dans le miroir ne l'éclaire plus sur ce qu'il est, ne renvoyant qu'une image fausse. Par une longue introspection, il découvre que chaque homme enferme en lui un monstre qu'il refoule, malmène, tente d'oublier, mais qui tend à ressurgir de manière incontrôlée sous une stimulation. Suguro est-il réellement descendu dans les bas-fonds des pulsions ? Est-il véritablement capable de tels désirs ? Le roman éclairera le lecteur sur ce monsieur respectable.
Kobari est un journaliste qui souhaite faire tomber le masque de l'écrivain afin de faire un scoop.
Shusaku Endo plonge dans les abysses du désir et de la sexualité, c'est sans doute ce qui est le plus troublant, étant donné que la mort ne cesse de côtoyer le plaisir ( sadomasochisme, amours adolescentes, strangulation ... ). Certains passages sont clairement embarrassants, voire malsains, mais ont le mérite de mettre l'homme face à lui-même. En même temps, ce type d'allusions sexuelles est souvent abordé dans la littérature japonaise, je pense par exemple à kawabata qui peut être aussi déstabilisant par son regard posé sur les jeunes filles. Heureusement que la poésie de ce dernier compense certaines références. Endo laisse son lecteur dans la gêne, mais permet une véritable réflexion à condition de ne pas mettre de barrière entre ce qu'il raconte et notre pudeur ...
J'ai apprécié dans ce roman les réflexions sur l'existence plus que la dissection du désir. Certains passages sont très beaux lorsque l'écrivain associe notre intérieur corporel à l'intérieur d'une maison, lorsqu'il évoque le mal être de l'homme nostalgique du ventre maternel ...
Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 19 octobre 2011 |