L'affaire Judas
de Régis Moreau

critiqué par Colt, le 26 août 2010
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Finalement très bien
Lorsque j'ai saisi ce livre entre mes mains, ma première pensée a été : encore un livre de plus sur le sujet ! Décidément, depuis la publication d'un "Evangile Selon Judas", les livres sur le disciple n'ont pas cessé de se succéder, avec des réussites très variables.

Ma deuxième pensée a été pour la couverture de l'ouvrage, montrant Jésus recevant le baiser de Judas. Le tout est travaillé avec un jeu d'ombres et de lumières, faisant penser à l'habituel antagonisme entre le bien et le mal. Allait-on encore nous resservir les discours connus sur l'ignominie du renégat ? Ou pire, nous embarquer dans des délires infondés, visant à l'innocenter ?

Que nenni... J'ai moi-même été surpris de me laisser prendre par le livre, que j'ai fini en à peine 6 heures de temps (pauses comprises). Si le démarrage est un peu lent à mon goût (puisque le premier chapitre est consacré à l'identité de Judas : son nom, son surnom, son statut de disciple faisant partie des douze...), la suite devient très vite captivante. On se surprend à discuter avec l'auteur des arguments et des preuves avancées, qui se déroulent au gré des chapitres, comme lors d'une enquête policière. Mais attention, il faut prévenir, les propos sont anti-conformistes. L'auteur n'adhère pas à l'histoire de la trahison. Au contraire, il soutient même l'idée que Judas était le disciple préféré de Jésus. Ce dernier l'aurait même désigné comme celui le mieux à même de perpétuer son message ! Rien que ça... A le dire comme ça, on n'y croit pas, et pourtant... L'auteur a le talent de réussir à nous faire douter et puis, petit à petit, à nous faire tomber de notre socle de certitudes. Et après tout, si Judas n'avait pas trahi ? La discussion, car s'en est une puisque rien n'est imposée, se fait agréablement. Elle est argumentée (je parle d'arguments littéraires et historiques) et plutôt sérieuse. Bref, on se laisse volontiers transporter jusqu'à la conclusion.

Passé le point final, il reste deux sentiments. Le premier est le regret de savoir que sans doute nous ne pourrons jamais savoir ce qui s'est réellement passé entre Judas et Jésus. Le second est le plaisir d'avoir lu un livre nous invitant à nous faire notre propre idée de l'affaire Judas. Un livre que j'ai trouvé...finalement très bien.
Bon livre 8 étoiles

Un livre très intéressant. Je n'en avais pas entendu parlé. Je présume donc qu'il n'a pas eu beaucoup de succès (ou de publicité ou les deux).
Dommage car il a des avantages : écriture fluide, arguments de poids. Judas en innocent et en initié est bien défendu.
Cela le classe dans les livres à la marge, un peu suspect. Pourtant, il est sérieux et amène à s'interroger.
Par contre, je l'ai trouvé trop court. Un chapitre en plus sur l'Evangile selon Thomas et l'Evangile de Judas aurait été bienvenu.
Au final une bonne surprise !

Nomad - - 54 ans - 28 mars 2013


contentement partagé 10 étoiles

J'ai moi aussi apprécié ce livre "l'affaire Judas" pour les mêmes raisons données par Colt. Sans être une spécialiste de ce personnage (je m'intéresse aux recherches sur Jésus), j'ai trouvé la lecture claire et précise. Tout est vérifiable. C'est un vrai travail de recherche, bravo !
Après, j'aurai sans doute aimé encore plus de détails sur cette incroyable révélation sur le nom de Judas Thomas. Cependant, je crois qu'il est difficile d'en savoir plus en l'état de la recherche sur le sujet.

Je tiens enfin à saluer l'auteur pour son engagement. Il y a beaucoup de livres sur Judas et 99% d'entre eux se bornent à reprendre la vision des canoniques, sans une once d'interrogation pour la quasi totalité d'entre eux. Malgré les incohérences et les illogismes de l'acte de Judas, tous reprennent sans recul critique cette fable. Je pense, que ce livre démonte une fois pour toutes cette fausse piste sur laquelle les canoniques nous ont mené depuis des siècles.
Je finirais en ajoutant que de mon côté, je fais de la pub à ce livre dont curieusement, malgré sa qualité, on ne parle pas. Son tort : intervenir quelques années trop tard, après que la fièvre causée par la publication de l'Evangile selon Judas soit retombée. C'est vraiment dommage, car il aurait mérité bien mieux. En même temps, cela fait le jeu de ceux qui veulent rester sur leurs certitudes séculaires, même si ces dernières sont battues en brèche. en fait, je rêve d'un débat, avec une discussion sérieuse les arguments avancés par régis Moreau.
Merci à lui !

Polette - - 71 ans - 3 novembre 2010