La femme promise
de Jean Rouaud

critiqué par Marvic, le 21 août 2010
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Les chemins de traverse
C'est dans une bien jolie balade que nous emmène Jean Rouaud. Loin du bruit, de la vitesse, il nous fait voyager doucement, en prenant le temps d'admirer le paysage, en changeant quelquefois de direction pour y revenir plus loin.

Mariana est une artiste qui se cherche. Elle a quitté les Etats-Unis où vit sa mère pour s'installer dans une vieille demeure familiale en Basse-Normandie. Mais la maison a été cambriolée, plus que cambriolée, vidée.

Daniel est chercheur en physique nucléaire. A la suite de problèmes conjugaux (sa femme est partie en vidant l'appartement), il décide de retourner dans le village où il a passé son enfance. S'arrêtant pour faire une plongée, il se fait voler sa voiture et toutes ses affaires. C'est donc en combinaison de plongée qu'il va rencontrer Mariana à la gendarmerie.
Début de l'histoire...
Nous croiserons aussi quelques personnages très attachants, le couple Moineau, famille adoptive de Daniel et le père de Mariana, ancien professeur de faculté qui passe son temps dans une grotte connue de lui seul à admirer de magnifiques peintures rupestres.

Pas de violence, mais beaucoup d'humour, énormément de tendresse et bien sûr d'amour.
Si le thème est relativement banal, c'est l'écriture de l'auteur qui l'est moins; il se cite souvent (l'auteur..) et nous associe en permanence à l'histoire, faisant de nous des observateurs, nous demandant d'envisager plusieurs versions pouvant correspondre à la vision d'une même scène par exemple. S'ensuivent de nombreuses digressions savoureuses.
La poésie de ce livre, la façon de "raconter" de Jean Rouaud, font de ce roman une parenthèse de lecture très agréable.
Coups de pouce pour bifurquer 6 étoiles

Ce récit est lent et possède un style particulier au niveau des dialogues qui sont rapportés. Il indique ce qui se passe avec des supposés et des digressions sur des situations alternatives. L’auteur se met en scène et fait référence à des passages de ses autres livres et nous associe parfois. Si la longueur des 5 parties s’amenuise au fil du livre, ce n’est pas l’action qui se précipite. Juste le fait que nous en savons maintenant suffisamment assez des personnages pour que l’essentiel soit relaté et le discours se perd moins en circonvolutions pour aller plus à l’essentiel.

Lorsqu’un chercheur en physique, la cinquantaine, rentre d’un soi-disant week-end de plongée alors qu’il l’a passé avec son amante et collègue, il trouve son appartement totalement vide et le bail résilié, sa femme l’ayant quitté. Après une brève discussion avec un clochard qui lui demandait une cigarette, il décide de partir en Normandie où il a toujours la maison de ses grands-parents où il n’est pas revenu depuis 30 ans. En chemin, il décide de plonger dans la mer et se fait voler sa voiture. C’est en scaphandre qu’il vient déposer plainte au commissariat au moment où une femme de 37 ans fait enregistrer le cambriolage de sa maison écartée du village, pendant qu’elle rendait visite à son père, ancien professeur d'université qui a découvert une grotte rupestre qu'il ne souhaite pas dévoiler. Elle l’attend pour le raccompagner sur son scooter, en voisine serviable. S'ensuit une attirance réciproque avec légers rebondissements.

L’ensemble compose une sorte d’ode au fait de savoir déceler le moment, qui survient souvent de manière impromptue, où il faut décider d’un choix de vie en accord avec ses aspirations. Il faut oser (re)prendre le chemin de ses rêves et suivre son cœur. Et non pas suivre une carrière pleine de contraintes ou un mariage de façade quand le poids des convenances devient trop lourd à porter.

IF-0714-4259

Isad - - - ans - 30 juillet 2014


Pas le bonheur promis 6 étoiles

Ce livre ne m'a en effet pas apporté le même bonheur de lecture que j'avais retiré des livres précédents de Jean Rouaud.
Poursuivant le changement déjà amorcé dans "L'imitation du bonheur", celui-ci abandonne en effet la veine autobiographique qui faisait tout le charme de "Les champs d'honneur", "Des hommes illustres", "Le monde à peu près" etc.
Certes, comme le souligne Marvic, Rouaud apparaît-il dans ce livre à travers ce procédé original qui consiste à faire intervenir "l'auteur" du roman comme un montreur de marionnettes qui se dévoilerait et se mettrait à interpeler son public sur la pièce qu'il est en train de jouer mais le procédé a ses limites. Je ne suis pas sûr, par exemple, que les multiples allusions que fait Rouaud à ses livres précédents contribuent à maintenir l'intérêt du lecteur.
Et puis, plus ennuyeux sans doute, l'intrigue me paraît bien légère et les personnages manquer d'épaisseur, ce qui à mes yeux n'était pas du tout le cas lorsque Rouaud lui-même et son entourage familial étaient le centre de ses romans.
Cela reste néanmoins un livre agréable à lire mais j'attendais plus de celui-ci.

Guermantes - Bruxelles - 76 ans - 7 septembre 2010