La vierge de pierre
de Barry Unsworth

critiqué par Pendragon, le 16 février 2002
(Liernu - 54 ans)


La note:  étoiles
Mysticisme amoureux !?
Ce roman est une histoire étrange, qui sort un peu des sentiers battus, le début semble un peu ennuyeux, mais une fois plongé dans cette intrigue mi fantastique, mi amoureuse, on ne peut plus la lâcher.
Etrange est réellement le premier mot qui vient à l'esprit à l'évocation de ce roman, avec sa toile de fond vénitienne, avec ses différentes époques, avec cette intrique de plus de cinq cents ans, avec ses personnages qui se croisent, s'entrecroisent et se provoquent. Le héros est un romantique, la statue est un prétexte et l'histoire, la vraie (celle qui se termine à la fin) ne commence réellement qu'au trois quart du livre : il s'agit de l'amour de Raikes pour Chiara. C'est pourquoi je persiste et j'insiste à parler d'étrangeté, la statue est le fil conducteur, elle permet d'expliquer le comportement somme toute peu naturel des gens, elle permet l'arrimage de l'histoire.
C'est plus que particulier ! C'est la première fois qu'un roman pareil tombe entre mes mains et… il n'est pas facile d'exprimer l'inexprimable, cette histoire est écrite en sensations, au travers de "feeling" successifs et cela la rend... mystique !?
Je ne résisterai évidemment pas à vous donner quelques exemples de phrases…
« Comme souvent les êtres solitaires et passionnés, Raikes avait un fort penchant pour la mélancolie, et voici qu'il pensait à la tristesse, à l'infinie tristesse de cette célébration sans fin de sa propre beauté à laquelle s'adonnait la ville [Venise], si longtemps après que sa force et sa gloire l'eurent abandonnée. C'était là quelque chose que l'on ne pouvait sans douloureux déchirement traduire en termes humains. »
« J'ai bien souvent observé que lorsque les dames nous accordent leurs ultimes faveurs et livrent la place, ce n'est pas parce que nous avons éveillé leurs appétits ou assujetti leur volonté, moins encore parce que nous avons convaincu leur esprit, mais parce que, généreuses créatures, elles souhaitent nous faire un présent. C'est par l'agencement des circonstances favorables que l'homme d'expérience donne sa mesure. »
« Il la regardait aller et venir, tout son être était concentré sur ses mouvements. Le second baiser qu'elle lui avait donné, furtif, amical, plein de promesses, était encore présent à son esprit. Il aurait voulu lui dire qu'il n'avait cessé de penser à elle, qu'il l'aimait, qu'il était prêt à remercier l'univers du fait qu'elle existait. [...], il n'en fit rien; pareils aveux étaient difficiles, impossibles, à ce stade, alors que l'attirance était partagée mais non encore l'intimité. »
Sacré désir, désir sacré... 7 étoiles

Si je ne suis pas aussi dithyrambique que Pendragon, je reconnais qu’on ne peut parler de ce livre qu'en termes d'ambiance, de mystère et de séduction.
Le héros, restaurateur de son état, est chargé de dépoussiérer une statue de l'empreinte des ans.
Ce faisant, il est l’objet d’hallucinations, le reportant plusieurs siècles en arrière.
Quand et des mains de qui cette sculpture est-elle née ?
A quoi rime cette fascination qu'elle semble exercer sur tout qui l’approche ?
Comme fil rouge : le désir.
C'est lui qui a présidé à la création de l’oeuvre, c'est encore lui qui guide Raikes, le conservateur, vers Chiara.
En toile de fond : le meurtre.
Mais là, je me dois d'être muette.

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 4 novembre 2002