Maigret se fâche
de Georges Simenon

critiqué par Millepages, le 3 août 2010
(Bruxelles - 65 ans)


La note:  étoiles
Maigret tiré de sa retraite
Le célèbre commissaire est pensionné depuis 2 ans et coule des jours paisibles aux côtés de son épouse toujours aussi dévouée lorsqu'une vieille dame, dont on ne jurerait pas qu'elle a encore toute sa raison, surgit pour littéralement arracher Maigret de sa chaise longue.

Elle lui demande de s'introduire dans un milieu familial très fortuné qui vient de déplorer le décès d'une adolescente, décès officiellement qualifié de naturel, ce à quoi la petite vieille refuse de croire.

Et si Maigret se fâche, c'est parce qu'il va découvrir un milieu où l'argent gouverne tout, où certains se sont construits un empire en utilisant des pratiques nauséabondes, balayant les obstacles sur leur passage, faisant plusieurs victimes collatérales....

Pour moi un très bon Maigret, où l'humanité du commissaire affleure à chaque page.
Et si ce titre -ci est moins connu que d'autres, ce n'est pas qu'il soit moins bon, mais tout simplement qu'il a subi la concurrence des autres ouvrages de Simenon.
Aucun doute que s'il avait été écrit par un auteur moins prolixe, il eût figuré depuis longtemps sur le site de Critiques Libres !
Maigret chez les c.ns 8 étoiles

Je ne vais pas critiquer tous les "Maigret" que j'ai lu, car je ne veux pas polluer, ou flooder, le site, mais j'en aborde quand même quelques uns. Ceui-ci, paru deux ans après la fin de la seconde guerre mondiale (mais peu importe quand ça se passe), est une très belle réussite de plus, au titre amusant : ah oui, le fameux commissaire peut se fâcher, lui qui est toujours d'une humeur à peu près égale et, plutôt, avenante ?
Il faut dire ici qu'il y à de quoi : retraité depuis deux ans, il vit en Sologne tranquillou-pépouze, faisant pousser ses légumes au jardin, quand une vieille c.nne autoritaire et riche vient le voir, et lui somme de le suivre chez elle, en Seine-et-Marne (enfin, Seine-et-Oise à l'époque...) car elle soupçonne fortement le frère de son gendre, qu'elle déteste et trouve c.n, d'avoir tué sa petite-fille, retrouvée morte dans un cours d'eau et officiellement morte par accident. Maigret accepte (pas le choix) et se retrouve dans une vraie famille de c.ns. Et comme il se trouve que le "'suspect" en question n'est autre qu'un ancien camarade d'école de Maigret, et en plus, réellement un vrai c.n, et qu'en plus, l'aubergiste qui héberge Maigret voudrait bien qu'il dégage, il y à vraiment de quoi se fâcher !

Un roman court (les "Maigret" font généralement 190 pages, certains en font 160, celui-ci en fait partie) mais terriblement réussi.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 3 octobre 2024


Maigret reprend du service 9 étoiles

Alors qu’il est calmement dans sa maison de retraite à Meung –sur-Loire en compagnie de son épouse, Maigret reçoit la visite d’une femme de plus de 80 ans, madame Bernadette Amorelle qui accuse son beau-fils, Ernest Malik, d’avoir assassiné une jeune nièce. Ce Malik n’est pas inconnu de Maigret puisqu’ils furent, jadis, compagnons d’étude, cependant il n’en a pas conservé un souvenir agréable. Et voilà comment notre bon commissaire reprend du service (c’est plus fort que lui).

Une sordide affaire de famille. Se lit agréablement.

Extrait :

- Pour entretenir sa mauvaise humeur, il fit arrêter le taxi devant un bistro, mal éclairé, dans Corbeil, et il commanda deux verres de marc, un pour le chauffeur, l’autre pour lui. L’âpre goût de l’alcool lui serra le fond de la gorge et il pensa que cette enquête s’était faite « sous le signe » du marc. Pourquoi ? Pur hasard. C’était sans doute la boisson qu’il aimait le moins. D’ailleurs, il y avait aussi l’écœurant kummel de la vieille Jeanne et ce souvenir-là, ce tête-à-tête avec la vielle, alcoolique et bouffie, lui donnait encore le haut-le-cœur.

Catinus - Liège - 73 ans - 6 juin 2016


Toutes les familles ont un cadavre dans le placard. 8 étoiles

Meung sur Loire, Maigret retraité s'occupe des doryphores qui ravagent son potager.
Soudain débarque chez lui une dame de 82 ans, autoritaire et décidée.
Elle veut emmener Maigret avec lui pour s'occuper d'une affaire.
Dans ce livre où la Seine s'écoule lentement en longeant les demeures bourgeoises, où il fait chaud, où les apparences masquent la réalité, Maigret se déplace comme un poisson dans l'eau.
Lui seul a la manière pour faire apparaître ce qu'on cache au fond de soi, dans la cave bien noire de notre esprit.
Doucement, calmement, même s'il se fâche, c'est pour secouer ces hommes pourris par l'argent, la réussite, et les honneurs.
Prêts à tout, même au pire.
Un Simenon fidèle à lui même, un grand talent qui se révèle à chaque livre.
Simplicité de l'écriture au service de la plus complexe des psychologies humaine.
Datant de 1945 ce livre pourra choquer par son machisme, mais Maigret n'est pas macho au sens propre, il est à sa place, il l'a trouvée et s’attèle à sa tâche avec son style bourru qui me plaît tant.

Hexagone - - 53 ans - 7 avril 2014